Depuis de nombreuses années, la Fédération Française de Lutte peut compter sur des arbitres internationaux de haut niveau. Un groupe sans cesse soutenu par la FFL&DA, dont nous vous présentons ici cinq membres.
Arbitrer. Un métier, mais une passion avant tout pour des hommes et des femmes qui ont souvent commencé en tant que lutteurs. « Comme beaucoup d’arbitres, j’ai en effet d’abord commencé en tant que lutteur. J’ai fait une carrière nationale puis j’ai commencé en tant qu’arbitre en 1999 », explique Eric Vanwaescappel. « En 2004, je suis passé de Lille à Nice pour des raisons professionnelles. J’ai continué ma carrière d’arbitre sur ce nouveau territoire, en arbitrant notamment onze ans au niveau national. En 2016, j’ai répondu à l’appel à candidatures afin de passer l’arbitrage international. Je l’ai passé et j’ai été retenu. J’ai ensuite enchaîné les compétitions internationales avant de devenir arbitre international de catégorie 1 en 2020. Désormais, je suis dans un parcours Paris 2024. Dans les années à venir, l’objectif va être de continuer à progresser et d’arbitrer lors de plusieurs compétitions internationales. Pour moi, arbitrer à un tel niveau, ce n’est que du bonus. Je n’aurais jamais cru arriver à ce niveau-là lorsque j’ai commencé ma carrière d’arbitre. » Tout au long de son parcours, Eric Vanwaescappel a d’ailleurs pu compter sur un soutien précieux. « J’ai un emploi à temps plein à côté, être arbitre de lutte ce n’est que du bénévolat et du volontarisme. La Fédération Française de Lutte m’a accompagné au fil des années et continue de le faire en vue de ce parcours vers Paris 2024. En 2019, j’ai pu bénéficier d’une Convention d’insertion professionnelle, tel un sportif de haut niveau. Cela permet d’avoir des congés supplémentaires pour se rendre sur les compétitions internationales. C’est ce type d’élément qui nous permet de prendre plus de temps pour l’arbitrage et donc de progresser vers le haut niveau. »
« Une continuité de ma passion pour la lutte »
Le haut niveau, c’est également l’objectif de Sophie Cauvin. « J’ai commencé la lutte à l’âge de 3 ans. Pendant les compétitions, il y a des moments où ça peut être très long. Au fil des années, j’ai aidé pour de nombreuses tâches puis on est venu me voir pour me demander si je voulais passer mon examen pour devenir arbitre. J’ai tout de suite dit oui. En tant qu’arbitre, ce qui me plaît est d’être toujours active au niveau du tapis. C’est aussi une continuité de ma passion pour la lutte. J’ai donc commencé par le niveau régional, avant de progressivement monter les échelons. Je me suis toujours donné des objectifs à atteindre », confie celle qui est désormais arbitre internationale. « Quand on est sportif, on rêve d’aller aux Jeux olympiques. C’est la même chose pour un arbitre. Paris 2024 est un l’objectif numéro un pour moi. En termes de préparation, c’est comme les sportifs de haut niveau. Mentalement et physiquement, on se prépare pour un tel rendez-vous, pour gérer au mieux la pression et pouvoir ainsi être la meilleure sur le tapis. Quand je suis dans une compétition, je regarde tous les matches. Je regarde des vidéos avant, je me regarde moi, j’analyse mes performances avec mes collègues pour savoir ce qu’ils ont pensé de telle ou telle décision que j’ai prise. Même les entraîneurs nationaux peuvent me donner leur avis. Cela me permet de m’améliorer chaque jour. » Une amélioration qui doit aussi beaucoup au soutien apporté par la FFL&DA. « La Commission nationale d’arbitrage nous apporte une aide précieuse, cela donne le sentiment que la Fédération mise beaucoup sur ses arbitres. C’est essentiel à nos yeux de bénéficier d’un tel soutien. »
« Paris 2024 est un grand objectif »
Parmi ce groupe d’arbitres internationaux ayant Paris 2024 dans un coin de la tête figure également David Rey. « J’étais sportif de haut niveau en lutte. J’ai fait quatre ans à Font-Romeu en Pôle Espoir, puis deux ans à l’INSEP au Pôle France. Je me suis blessé aux ligaments croisés en 2000 et je n’ai jamais retrouvé mon niveau par la suite. J’ai donc pris la décision de basculer pleinement sur l’arbitrage », confie l’arbitre international de niveau 1S. « Ce qui m’a attiré, c’est d’être au milieu du tapis, comme c’était le cas en tant qu’athlète. Cela m’a permis de continuer à apprécier la lutte en continuant à en être acteur. Comme lorsque j’étais lutteur, je suis compétitif avec l’envie d’atteindre le plus haut niveau possible. Pour cela, je regarde les combats des lutteurs, mais aussi les miens. L’autocritique est un élément très important afin de pouvoir continuer à progresser et à évoluer. » C’est justement cette manière de faire qui permet aujourd’hui à David Rey de prétendre à officier à l’occasion des plus grandes compétitions. « Paris 2024 est un grand objectif. Je vais bientôt arbitrer les TQO Europe et les TQO Monde, ainsi que les championnats d’Europe et du monde. Ce sont des échéances qui vont être charnières dans ma carrière d’arbitre et dans mon chemin vers ces Jeux de Paris 2024. »
« Une participation aux JO ça reste un souvenir gravé à vie »
Avant Paris 2024, Tokyo 2021 sera bien évidemment une échéance majeure. Un rendez-vous que Serge Damiens pourrait vivre en tant qu’arbitre, lui qui est présélectionné pour les prochains Jeux olympiques. « Je fais partie des plus anciens au niveau de l’arbitrage international. J’ai débuté en tant que lutteur dans les années 1970 au niveau régional. J’ai obtenu quelques résultats, mais j’avoue bien volontiers que je n’avais pas ce qu’il fallait pour atteindre le très haut niveau. J’ai passé mes diplômes d’entraîneur, mais ma passion de la lutte m’a finalement mené vers l’arbitrage durant les années 1980. Comme tous les arbitres internationaux, j’ai commencé au niveau régional, avant de progressivement prendre du galon. » Une évolution qui a permis à Serge Damiens d’officier à l’occasion des Jeux olympiques de Rio en 2016. « À titre personnel, cela a été vraiment l’aboutissement de ma carrière. Dans la carrière d’un athlète ou d’un arbitre, une participation aux JO ça reste un souvenir gravé à vie. » Vivre une deuxième édition des JO est donc un objectif. « Pour nous, comme pour les athlètes, on est en manque cruel de compétitions. Le tapis me manque cruellement. Il sera donc nécessaire de rapidement retrouver les automatismes lors des prochains événements. Je pense aux différents TQO qui vont être décisifs en vue des désignations pour les JO de Tokyo. Pour moi, Tokyo sera peut-être une sélection finale. Les règles au niveau international sont claires : à 60 ans, il faut s’arrêter. Pour moi, Paris 2024, ce sera donc dans la tribune (rires). » Concernant l’après-carrière, « je pourrais pourquoi pas être un soutien pour les arbitres plus jeunes », révèle Serge Damiens. « Au fil de ma carrière, le soutien apporté par la Fédération Française de Lutte a été total. La fédération a toujours été à l’écoute, lorsque j’avais besoin d’aller sur une compétition internationale supplémentaire, ma demande n’a jamais été refusée. Tout a été mis en place pour la progression des arbitres vers le plus haut niveau. »
« Leur permettre de gravir les échelons »
Aujourd’hui, ce soutien apporté par la Fédération Française de Lutte aux arbitres est incarné par Régine Le Gleut, depuis peu vice-présidente de la Fédération, en charge de la Commission nationale d’arbitrage. Mais avant d’occuper ce poste, Régine Le Gleut a été arbitre de haut niveau, présente à l’occasion de cinq éditions des Jeux olympiques, de Sydney 2000 jusqu’à Rio 2016. « C’est l’envie de me dépasser qui m’a mené vers l’arbitrage. J’étais une personne très timide et je me disais qu’en tant qu’athlète, j’avais là une opportunité de faire autre chose. J’étais déjà athlète et entraîneur, je me suis donc lancée ce défi de faire une carrière d’arbitre. Là suite est venue au fur et à mesure. Au départ, j’avais été un peu bloquée parce que je suis une femme. Dans ma région, à l’époque, on n’acceptait pas les femmes comme arbitres. Avec de la persévérance, j’ai pu passer au niveau national. » La suite : une ascension fulgurante qui lui permet d’arbitrer lors des plus grandes compétitions internationales. « L’essor de la lutte féminine a beaucoup aidé. Après plusieurs années, j’ai pu passer un Examen international d’arbitre. Je l’ai eu et j’ai pu continuer mon chemin. Au cours de ce parcours, la Fédération Française de Lutte m’a toujours accompagné », confie la vice-présidente de la FFL&DA, désormais pleinement focalisée sur son nouveau rôle à la tête de la Commission nationale d’arbitrage. « Pour moi, la communication est la clé. Je voudrais que des collègues arbitres puissent vivre ce que j’ai vécu au plus haut niveau et puissent avoir une superbe carrière. C’est à moi de faire de mon mieux, dans ce rôle, pour leur permettre de gravir les échelons. » Histoire de perpétuer cette longue tradition d’arbitres français de haut niveau.