Lutteuse, entraîneur puis arbitre de haut niveau : Régine Le Gleut a tout connu dans le monde de la lutte. Portrait d’une pionnière.
Parfois, le destin de toute une vie s’écrit dès le plus jeune âge. Régine Le Gleut peut en témoigner. « Quand j’étais jeune, je faisais de l’athlétisme, mais je ne me sentais pas super bien, on faisait sans arrêt la même chose », se souvient la native du Pas-de-Calais. « J’avais ma sœur qui fréquentait un petit club de lutte de quartier. J’avais des copines qui y étaient aussi. C’est comme ça que je suis arrivée dans la lutte, j’ai voulu faire comme les copines et je me suis pris au jeu. » Très vite, l’engouement naît chez la jeune fille qu’est alors Régine Le Gleut. « Il y avait une belle ambiance, je m’amusais avec mes copines, je me sentais bien. »
Très vite aussi, l’envie de se challenger est au rendez-vous. « Je voulais essayer de faire des petits résultats. Je me suis accrochée, je me suis entraînée et j’ai progressé avec le temps. Cela m’a conduit à participer aux championnats de France, où j’ai été titrée quatre fois chez les seniors et les espoirs. Mais à un moment donné, j’ai vu que je ne pouvais pas progresser plus. Je me suis alors dirigée vers le rôle d’entraîneur. C’est une fonction que j’ai appréciée, mais je voulais faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire, tout en restant dans le monde de la lutte. Je me suis alors tournée vers l’arbitrage. »
Cinq Jeux Olympiques au compteur
Là aussi, comme à son plus jeune âge avec ses copines, Régine Le Gleut se prend au jeu. « J’avais un rêve : participer aux Jeux Olympiques. J’ai donc gravi progressivement les échelons, au niveau local, régional, national pour international, même si tout n’a pas toujours été simple. » La principale intéressée a en effet été victime d’une période où le sport féminin n’était pas au centre des attentions. Résultat : « au niveau régional, je ne pouvais pas passer l’examen régional, car ce n’était pas prévu pour les femmes », révèle Régine Le Gleut. « Un cadre technique a réussi à me faire passer l’examen, mais je ne pouvais pas arbitrer, car les femmes n’étaient pas acceptées. Progressivement, la Fédération Française de Lutte a vu qu’il y avait des femmes qui luttaient et qui s’engageaient. Un examen national a finalement été créé. J’ai pu le passer et ensuite, tout s’est enchaîné assez rapidement. »
En 2000, Régine Le Gleut réalise son rêve : elle arbitre à l’occasion des Jeux Olympiques de Sydney. « C’était incroyable », se souvient-elle. « Il y avait beaucoup de fierté, car je m’étais fait une place parmi les meilleurs arbitres du monde. C’était une récompense du travail accompli durant pas mal d’années. Sydney, c’étaient mes premiers Jeux et forcément les plus beaux. Ça se passe à l’autre bout du monde, c’est super impressionnant, c’est comme découvrir qu’on nous offre un super cadeau ! » Après Sydney, Régine Le Gleut enchaîne : Athènes 2004, Pékin 2008, Londres 2012 et enfin Rio 2016. « Tous ces Jeux ont été de très bons moments, avec d’excellents souvenirs et de super rencontres. »
Transmettre une expérience hors du commun
Désormais, Régine Le Gleut est vice-présidente de la Fédération Française de Lutte, en charge de la Commission nationale d’arbitrage. « Pour moi, c’est une suite logique », souligne-t-elle. « Je travaille pour accompagner au mieux les arbitres français et les aider à arriver au plus haut niveau. La Fédération international a mis en place un programme dédié aux femmes arbitres, donc ça me fait chaud au cœur, je me dis que d’autres femmes après moi pourront vivre les expériences formidables que j’ai vécues. Ça montre aussi que beaucoup de chemin a été parcouru de ce point de vue là. » Un chemin sur lequel Régine Le Gleut jette un regard empli de fierté. « Mon parcours m’a permis de me dépasser, d’évoluer, y compris dans ma vie de femme. J’étais très timide au départ, la lutte et notamment l’arbitrage m’ont permis de combattre cette timidité. Quand on se retrouver au milieu d’un tapis à faire la loi, mine de rien, on arrive à se faire respecter ! »