Championne d’Europe junior en eau libre, Madelon Catteau a décroché le bronze au mois d’août, lors du relais des Championnats d’Europe seniors. Une première breloque internationale « chez les grands », et sans doute pas la dernière.
Madelon, vous venez de vivre une saison 2022 exceptionnelle du point de vue des résultats. Comment l’analysez-vous ?
C’est clair que cette année, c’est peut-être ma plus belle saison ! Il y a ce titre chez les juniors, après lequel je courrais depuis plusieurs années. Ma première dans un championnat international chez les seniors, avec une médaille au bout… c’est fou ! Un changement de club, de cadre aussi… 2022 je m’en souviendrai, c’est sûr !
Cette première médaille internationale chez les seniors, comment l’avez-vous vécue ?
J’ai terminé deux fois 8e en individuel, j’étais donc en confiance avant le relais. Et j’adore nager les relais ! Je suis partie première, il était nécessaire que je fasse le boulot et que je ne prenne pas de retard. Ça s’est joué au mental. Quand je suis sortie de l’eau, j’ai pu suivre le reste de la course, et au moment où Logan Fontaine touche la plaque d’arrivée, j’ai été prise par l’émotion. Les larmes sont montées. Ce sont des émotions fortes, que l’on ne peut vivre que dans ce type de moment. Sur le podium, j’ai juste apprécié le moment présent. J’étais vraiment fière de pouvoir vivre ce type de moment en relais, avec toute une équipe.
Le déclic remonte-t-il à ce titre de championne d’Europe junior ?
Totalement ! Ça faisait trois ans que je savais que j’avais les capacités d’aller chercher un titre. Je n’ai jamais réussi à le faire jusqu’à cette année. J’attendais cette médaille d’or depuis trois ans, et je pense que le fait de l’avoir autour du cou, ça a été un gros déclic. Je savais que j’avais fait ce qu’il faut à l’entraînement, que je progressais… et cette victoire, elle est venue récompenser tout ce travail.
Je suis très contente de passer ce cap et d’avoir fait mes premiers pas chez les seniors. Mes années juniors m’ont vraiment permis de prendre de l’expérience et de faire mes premiers pas à l’internationale. Je me revois en 2018 lors de mes premiers Championnats d’Europe juniors… il y a donc un peu de nostalgie au moment de tourner la page des juniors, mais je suis prête à passer cette étape. C’est avec des résultats chez les seniors que l’on construit une carrière.
« J’ai toujours aimé nager ! »
Vous parliez de travail, vous êtes justement une bourreau de travail, qui n’a pas peur d’enchaîner les kilomètres…
J’ai toujours aimé nager ! Me donner à l’entraînement et me dépasser sans arrêt, c’est quelque chose que j’adore. Forcément, ce n’est pas facile au quotidien, il y a des périodes où on ne se sent pas bien, où c’est dur… mais vraiment, je ne le vois pas comme un sacrifice. Ce sont des choix que j’ai décidé de faire. Je n’ai pas la même vie que quelqu’un qui n’est pas sportif et qui profite de sa vie étudiante. Mais j’arrive à vivre tellement d’autres choses à côté : je voyage, je fais des rencontres incroyables… je m’épanouis vraiment dans ce sport. Quand j’ai commencé la natation, je n’aurais jamais imaginé en arriver là. Quand j’ai fait mes premiers résultats au niveau régional, j’étais en admiration devant cette équipe de France. De me retrouver parmi eux aujourd’hui, c’est juste dingue !
Depuis quelques mois, vous collaborez avec un nouveau coach : Philippe Lucas. Pourquoi ce choix ?
Ça fait très peu de temps que je m’entraîne avec Philippe et j’ai déjà eu de très bons résultats derrière. Je suis partie pour deux ans avec lui jusqu’aux Jeux. On ne va pas brûler les étapes, tout ne va pas se faire tout de suite, mais je pense qu’on est sur la bonne voie.
Philippe a un schéma en tête. Il y a tout le circuit de Coupe du Monde, où je vais pouvoir prendre de l’expérience. La prochaine année et demie va être très intense et exigeante. Philippe est très présent, j’ai pu rester avec lui les deux jours qui ont précédé les Championnats d’Europe à Rome. Il a pu trouver les mots qu’il fallait pour pouvoir me motiver correctement et me donner toute son expérience pour que je fasse de bonnes courses. Je l’ai eu au téléphone avant et après chaque course. C’est essentiel de mettre ça en place pour continuer à progresser.
« Philippe Lucas, le choix qu’il fallait que je fasse »
Est-ce un coach qui a déjà su trouver les bons mots pour vous ?
Tout à fait, et Philippe sait très bien faire ça. C’est quelqu’un qui sera toujours derrière toi, qui sera toujours là pour t’encourager en trouvant les mots justes. Je pense que c’est le choix qu’il fallait que je fasse, que je prenne ma vie en main en partant m’entraîner avec lui. De son côté, il est aussi très content de m’avoir donc tout le monde y trouve son compte !
En rejoignant Philippe Lucas, vous avez quitté les Dauphins du TOEC, votre club de toujours. Était-ce une séparation difficile à vivre ?
Pour être honnête, j’avais envie de changement. Cela faisait 14 ans que j’étais aux Dauphins du TOEC. C’est un club qui m’a fait grandir, en tant que nageuse mais aussi en tant que personne. Je lui dois beaucoup. Mais j’avais envie de connaître autre chose, de nouvelles techniques d’entraînement surtout. J’ai effectué plusieurs stages avec Philippe Lucas qui s’étaient très bien passés. Je vais pouvoir nager avec un groupe entièrement consacré à l’eau libre en plus, donc c’est vraiment quelque chose qui me correspond. J’avais envie de ça.
Désormais, c’est objectif Paris 2024 ?
Forcément, si je veux continuer à me faire ma place en vue des Jeux olympiques, il va falloir que je continue à grappiller des positions. Ça me donne encore plus envie de m’exprimer à l’internationale et de bosser à l’entraînement pour m’en donner les moyens. Après ces Championnats d’Europe, il y a du positif, mais aussi des choses à analyser pour pouvoir continuer à m’améliorer.
En eau libre, la première qualification pour les Jeux olympiques, ce sera en 2023. Les trois premières nageuses des Championnats du monde se qualifieront pour les JO. Ensuite, il faudra attendre janvier 2024 pour la prochaine phase de qualifications. C’est là que pourront se qualifier 13 nageuses. Tout va arriver très vite, il ne faut pas perdre de temps. J’ai poursuivi mon année jusqu’aux Championnats du monde juniors, pendant que beaucoup étaient déjà en vacances, donc je prends un peu d’avance (rires).
Et comment arrivez-vous à tout concilier, notamment vos études et cette carrière sportive ?
À partir de maintenant, j’ai fait le choix de faire toute ma formation à distance. Je suis inscrite à l’université de Montpellier, qui a un partenariat avec le CNED, pour une licence en marketing. Je vais suivre mes études à mon rythme avec des cours en visio. Ça va être quelque chose de concret, je ne serai pas toute seule derrière mon écran. Je pense que c’est le moyen de pouvoir avancer comme je le souhaite, de garder du temps pour mes entraînements et ma récupération. Je vais tout faire pour allier les deux, comme j’ai pu le faire jusque-là, tout en étant prête pour les Jeux.
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