Madelon Catteau : « Pour mon bien-être, il fallait que j’arrête »

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C’est officiel : Madelon Catteau a décidé d’arrêter sa carrière de nageuse de haut niveau. L’athlète de la Team SPORTMAG se projette désormais sur ses études et évoque avec émotion une décision mûrement réfléchie.

Madelon, vous avez pris la décision d’arrêter votre carrière de nageuse. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?

C’est une décision mûrement réfléchie. Je l’ai prise en raison de mon état général, tant physique que psychologique. Pour mon bien-être, il fallait que j’arrête. Je pense que j’étais un peu à bout et ma non-qualification pour les Jeux, c’était juste l’expression par ma performance de mon état à ce moment-là. Du coup, juste après cette étape de qualification, j’ai décidé de faire une pause. Ce n’était pas du tout définitif, mais ça m’a aidé à prendre un peu de recul. J’ai pu me rendre compte que j’étais clairement surentraînée. J’ai été victime de plusieurs fractures de fatigue qui durent encore aujourd’hui. Dans le même temps, j’ai découvert une autre vie, je me suis inscrite en Master à Montpellier. En étant à 100% à l’université, je me suis vite rendu compte que les exigences d’un Master ne sont pas compatibles avec la pratique du sport de haut niveau.

« Philippe Lucas voyait bien que c’était compliqué pour moi »

Quand vous en avez parlé à Philippe Lucas, quels mots a-t-il eu pour vous ? A-t-il essayé de vous convaincre de continuer ?

À l’entraînement, il voyait bien que c’était compliqué pour moi. C’est quelqu’un qui est ouvert au dialogue, qui échange beaucoup avec ses nageurs, je me suis donc sentie en confiance au moment de lui en parler. Il savait déjà que si je ne me qualifiais pas pour les Jeux, il y aurait une pause. Forcément, il a essayé de m’en dissuader, mais je lui ai dit que c’était le mieux pour moi à ce moment-là et il l’a compris.

Qu’avez-vous ressenti au moment d’officialiser cette décision ?

Poster l’information sur Instagram, c’était un peu une étape de plus pour moi. Comme je l’ai dit dans la vidéo que j’ai postée, ça m’a remué, mais c’est une page qui se tourne, il fallait bien que ça arrive un jour de toute façon.

Vous vous êtes donc replongé dans vos souvenirs de nageuse. Quel est le plus beau pour vous ?

C’est compliqué de choisir… mais je dirais 2022, l’année où tout allait bien pour moi. C’est cette année-là où j’ai décidé de partir m’entraîner avec Philippe. Tout de suite, ça a vite marché et les résultats ont été au rendez-vous. Il y a eu ma première sélection en équipe de France, le championnat de France… donc forcément, ça a été un moment magique pour moi. On me promettait beaucoup de choses. Peut-être trop finalement, car je ne me suis même pas qualifiée aux Jeux.

Après cette annonce, vous avez reçu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux…

Honnêtement, c’était très émouvant. Il y a beaucoup de gens que je ne connaissais pas qui m’ont écrit, des gens qui me suivent depuis un bon moment sur les réseaux. On ne se rend pas forcément compte de l’ampleur de nos résultats et de notre façon d’être quand on est sportif. J’ai vu que ça avait impacté beaucoup de monde, donc ça fait vraiment plaisir.

« J’ai fait des rencontres incroyables »

Désormais, êtes-vous beaucoup plus apaisée ?

Totalement, ça va beaucoup mieux. Après, c’est un conseil que je peux donner aux athlètes qui cessent leur carrière, c’est de continuer l’accompagnement psychologique. C’est dans ce moment-là, celui de la reconversion, qu’on en a aussi énormément besoin. On a tellement été enfermés dans notre milieu. dans notre sport, c’était toute notre vie, qu’il faut se réadapter à ce qui se passe autour et se rendre compte que ce qu’on a vécu, ce n’est pas une normalité pour le commun des mortels. Il faut prendre du recul et arriver à valoriser ces expériences qu’on a vécues. Je ne m’en rendais pas du tout compte quand j’étais en plein dedans, le sportif de haut niveau est toujours un éternel insatisfait. On ne se rend pas compte de tout le chemin qu’on a parcouru et de tous les gens qu’on a pu rencontrer tout au long de ce chemin-là. J’ai fait des rencontres incroyables, j’ai des très bons amis que je garderai toute ma vie.

Aujourd’hui, place donc à 100% à vos études. Justement, où en êtes-vous de votre cursus ?

Je suis à Montpellier, en Master Management et Communication des Produits et des Marques. C’est un Master très exigeant, car il y a beaucoup de périodes de stages, tous les cours sont condensés sur une période très courte. Je fais souvent du 8h-20h, c’est là que je me rends compte que ce cursus était incompatible avec la pratique de la natation à haut niveau.

Au-delà des études, continuez-vous la pratique sportive ? Y compris la natation, pour le plaisir ?

J’avoue qu’aller nager pour le plaisir, c’est très compliqué. Forcément, j’ai des habitudes qui sont ancrées en moi, comme par exemple regarder le chrono à chaque fois que je pars du mur. Ce sont des choses comme ça dont il faut que j’arrive à me détacher pour vraiment réussir à prendre du plaisir. Je n’ai pas du tout de repères dans les autres sports, donc je m’amuse un peu plus. En 2025, l’objectif est de tester plein d’autres pratiques sportives. Je me suis mise au volley et je fais de la course à pied depuis un moment maintenant.

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