Maîtriser son mental dans le sport, tout un art

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Sylvain Baert, docteur en psychologie et préparateur mental, a sorti son premier livre “L’art de maîtriser votre mental” au mois de novembre. Il confie certaines notions de son récit, tout en soulignant l’importance du savoir-faire et du savoir être. 

Pourquoi avez-vous écrit le livre “L’art de maîtriser votre mental”

Sylvain Baert : C’est la suite logique de mon parcours. C’était cohérent, une continuité. Il me permet de me donner de l’autorité dans le domaine. J’ai voulu écrire cet ouvrage pour structurer ce qu’il se passe actuellement sur le marché du bien-être et du mental. Beaucoup de monde mélange un peu tout parce qu’il y a tellement de choses : cohérence cardiaque, gestion du stress, motivation, méditation, sophrologie… Au bout d’un moment, on s’y perd. Je voulais vraiment structurer tout ça, c’est le challenge que je me suis fixé. L’idée était aussi de toucher le grand public et des personnes plus spécifiques. J’ai voulu que ce soit accessible, vulgarisé pour tout le monde. Ça m’a coûté 3 ans d’écriture.

Comment les sportifs ont-ils accès aux préparateurs mentaux ? 

SB : Il y a plusieurs sources de contact. A haut niveau, c’est rare que ce soit le joueur qui fasse la démarche. En général, c’est le staff médical ou les préparateurs physiques qui font appel à un préparateur mental. Ensuite, c’est le joueur qui décide en dernier recours. Cela vient plutôt de l’environnement externe du joueur. Aux niveaux un peu plus bas, semi-pro ou amateurs, ce sont les sportifs qui viennent vers moi le plus souvent.

« À un niveau de technique équivalent, c’est le savoir être qui fera la différence »

Au début de votre livre, vous expliquez le fait que la performance est égale au potentiel moins les interférences. Pouvez-vous détailler cet aspect ? 

SB : Les sportifs ont tendance à se focaliser uniquement sur le développement du potentiel, physique et technique. Un peu moins sur le fait de se limiter ou d’essayer de supprimer les interférences. C’est quelque chose que l’on oublie souvent dans le développement de la performance finale. Cette focalisation sur le développement du potentiel peut être très limitante. Par exemple, si on prend une mélodie qui est très jolie, mais que j’ai un bruit de fond parasite omniprésent, j’ai beau augmenter le volume du son ou avoir de beaux potentiels au niveau sonore, le bruit parasite reste. Il limitera toujours les performances. C’est un peu ce qui se passe avec les sportifs.

Ce qui revient souvent dans les interférences principalement, ce sont les croyances limitantes. C’est une pensée que l’on considère comme une vérité absolue que l’on a mémorisée très jeune. Elle est tellement ancrée que l’on ne s’en rend plus compte qu’on est dirigé par cela. Ces croyances ne nous appartiennent pas finalement : elles proviennent de l’enfance, de l’éducation, de l’environnement (médias, familiale, amicale)… C’est une sorte de programme qui est inscrit en nous. Quand on grandit, certains de ces programmes peuvent ne plus être en adéquation avec nos valeurs, nos envies, nos objectifs… Cela peut être intéressant de les modifier et de les changer pour pouvoir avoir de meilleurs résultats.

Existe-t-il des différences, d’un point de vue mental, selon les disciplines ? 

SB : Oui, il y en a selon les enjeux, les disciplines, auxquels il faut s’adapter. Il y a toujours des situations plus spécifiques, mais globalement, on retrouve les mêmes problématiques, que ce soit dans un sport collectif ou individuel : la concentration, la gestion du stress… Par exemple, lors de la séance de penalty, que ce soit pour le gardien ou le tireur, on retrouve le même stress que dans un sport individuel. Il faudrait des études qui comparent objectivement différentes disciplines pour savoir tout cela.

Vous évoquez dans le livre les notions de savoir-faire et du savoir être. Pouvez-vous nous donner l’exemple de sportifs qui correspondent à ces deux concepts ? 

SB : Si on prend les très grands noms du football, on peut se rendre compte qu’ils ont un savoir-faire et un savoir être très développé. Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Kylian Mbappé ont un savoir être plus que la moyenne. Même chose pour les sœurs Williams (Serena et Venus). À un niveau de technique équivalent, c’est le savoir être qui fera la différence : être capable d’être discipliné, de s’auto-gérer mentalement, maîtriser ses émotions… Je pense qu’il y a beaucoup de joueurs qui ont les capacités techniques et physiques, mais pas un savoir être suffisamment développé pour pouvoir passer des paliers supplémentaires. La préparation mentale peut justement aider.

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