Athlète de l’Équipe de France de lutte gréco-romaine en -67kg, qualifié pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, Mamadassa Sylla se livre à SPORTMAG sur son état d’esprit.
Après un abandon de votre coéquipier Gagik Snjoyan et une sélection au dernier moment pour le TQO (tournoi de qualification Olympique) qui avait lieu en Azerbaïdjan, dans la catégorie des -67kg, vous avez dû rapidement vous mettre en condition. Comment avez-vous fait pour gérer cela ?
Déjà, pour commencer, je n’étais pas très lourd en poids, 72kg en Croatie et du coup quand les coachs m’ont annoncé que la sélection allait changer et que c’est moi qui allais faire le tournoi de Qualification olympique, ça ne m’a pas plus choqué que ça et je me suis dit, je vais prendre ça comme une compétition lambda, mais plus sérieusement.
En tant qu’athlète français, qu’est-ce que ça représente pour vous de participer aux Jeux Olympiques dans votre propre pays ?
Les Jeux Olympiques, c’est le Graal, ce n’est pas donné à tout le monde de les faire, surtout à la maison. Pour moi, c’est une satisfaction, c’est immense !
Ressentez-vous une pression supplémentaire ou une motivation particulière à performer devant un public local ?
Je n’ai pas d’appréhension à domicile, au contraire, je me réjouis de cette situation, c’est à la maison et je me dis que mon public sera là pour ça et c’est lui qui va me pousser à aller chercher la plus belle des médailles.
Comment vous préparez-vous mentalement pour atteindre cet objectif et gérer la pression de cet événement ?
Je suis suivi avec un préparateur mental qui s’appelle Laurent Chambertin, on fait beaucoup de mise en situation et là, on est en train de bosser la mise en situation des JO et comment on va aborder l’entrée dans cette compétition, car il y aura beaucoup de monde, et il faudra savoir gérer ce stress.
Aujourd’hui, pendant l’entraînement, on avait l’impression que vous n’y arriviez pas ou que vous doutiez. Comment on gère ce type de sensation à quelques mois des JO ?
Je me dis qu’il y a des jours avec et des jours sans et aujourd’hui c’est un jour où je n’avais pas de sensation. Mais bon, c’est très très bien pour moi de ne pas avoir de sensation. Je rentre tout juste de stage et j’ai beaucoup enchaîné. Il faut apprendre à adapter le travail aussi pendant les moments de fatigue.
Qui dit fatigue, dit aussi risque de blessure. Comment éviter le pire quand on est fatigué ?
Il faut s’écouter et ne pas avoir peur de dire au coach qu’aujourd’hui, on est un peu fatigué. On est des sportifs de haut niveau et il faut beaucoup discuter avec ses entraîneurs. Les entraîneurs sont compréhensifs donc y’a pas de raison sur ça.
Qu’est-ce qu’une médaille olympique pourrait changer pour la suite de votre carrière ?
Une médaille olympique déjà, tu rentres dans l’histoire donc ça changera mon statut qui évoluera, mais je resterai toujours la même personne.
Êtes-vous prêt, pour cet après JO avec une éventuelle médaille ?
Quand les gens me posent la question si je suis prêt à ça, je leur dis bien sûr que je suis prêt ! Ça fait plus de dix ans que je fais du haut niveau et ça fait longtemps que j’attends ça, même quand j’étais qualifié, les gens étaient un peu surpris, ils me disaient : “Mais est-ce que tu réalises ?” Je ne suis pas choqué de ce qui m’arrive parce que je m’entraîne pour ça. Demain si je suis champion olympique ou si j’ai une médaille olympique, je serai super
content, mais pas surpris !
Vous êtes papa depuis peu, l’arrivée de votre bébé à ce moment-là, avant les Jeux, est-elle une force ?
Même pour la qualification, le dernier match, j’ai pensé à mon bébé, elle n’était pas encore née et je me suis dit, je ne peux pas passer à côté. Franchement ça m’a donné un coup de boost. Après, c’est vrai que quand je pars en stage, je ne la vois pas beaucoup, mais ce sont des sacrifices de la vie et je le dis, on pourra vivre les meilleurs moments après.
Propos recueillis par Aurore Quintin
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