Médaillée de bronze aux championnats du monde sur le trail long, Manon Bohard Cailler a vécu une course riche en émotions. Retour sur cette compétition pas comme les autres.
Manon, que représente cette médaille de bronze pour vous ?
C’est une vraie satisfaction, une grande joie ! D’autant que j’abordais cette compétition sans vraiment être sûre de mes capacités. Je m’étais blessée et je suis revenue à la compétition à l’Ultra trail de Madère, assez peu de temps avant les Mondiaux. Et puis il y avait beaucoup de fatigue accumulée, car je travaille à côté de ma vie sportif. Je suis diététicienne nutritionniste, je travaille beaucoup la semaine. Cumuler les deux n’est donc pas simple. Même si le profil de la course me correspondait bien, je n’arrivais pas aux Mondiaux dans la meilleure confiance qui soit. Mais j’ai réussi à faire ma course et cette médaille, c’est la cerise sur le gâteau.
Comment avez-vous géré votre course ?
Cette course, c’était vraiment un profil qui me correspondait bien, je l’ai abordée avec beaucoup d’envie. J’avais prévu de partir assez rapidement pour être placée. Et puis après, progressivement, je voulais adopter un rythme qui me correspond. Je suis quelqu’un qui a l’habitude de lisser son effort. En deuxième partie de course, j’avais prévu d’accélérer. C’est ce que j’ai fait, j’avais de bonnes sensations. J’étais bien placée, mais le petit souci, c’est qu’à environ 8 heures de course, je n’arrivais plus du tout à m’alimenter ni à boire, j’ai eu un petit problème de ventre. J’ai dû m’arrêter à l’avant-dernier tour, puis je suis repartie. J’ai pu me réalimenter et terminer la course en gardant ma troisième place.
« Je ne me suis pas laissée envahir par mes émotions »
Au moment de passer la ligne d’arrivée, qu’est-ce qui vous passe par l’esprit ?
Pour une fois, je ne me suis pas laissée envahir par mes émotions. C’est un petit peu le problème que j’ai parfois, je suis très émotive et je peux me laisser submerger. Là, au contraire, je suis restée dans ma course. Et c’est tant mieux, car parfois, ça peut me desservir d’être aussi émotive. J’ai souvent peur de décevoir. En voyant mes proches aussi heureux à l’arrivée, ça me rappelle qu’on fait des concessions et que c’est d’autant plus satisfaisant quand les résultats sont là au bout. Tout le monde était très content, on a fait une belle fête pour célébrer.
Désormais, qu’est-ce qui vous attend après cette médaille de bronze ?
Je suis en pleine préparation pour l’UTMB. Je pense qu’émotionnellement, c’est peut-être le plus grand défi qui m’attend. Ça fait un an et demi que je prépare ça. Autant les Mondiaux ne changent rien à la suite de saison, autant ils m’ont permis de me rendre compte à quel point l’équipe et le collectif, c’est quelque chose qui est juste indescriptible. Ce qu’on vit avec la communauté, avec l’équipe de France, à travers les temps forts, les stages, les compétitions, ce n’est pas du tout pareil qu’en individuel. Donc c’est sûr que ça me donne envie de revenir porter les couleurs de la France en compétition, dès les championnats d’Europe à domicile l’année prochaine. Ça aussi, c’est un gros objectif.