Jeune maman juste après Tokyo, Manon Genest revient à son meilleur niveau, avec les championnats du monde de para-athlétisme 2023 à Paris en ligne de mire.
Où en êtes-vous dans votre saison, qui doit vous mener vers les Mondiaux de para-athlétisme de Paris cet été ?
J’ai lancé ma saison hivernale en décembre. A l’issue d’un stage équipe de France à la Réunion, j’ai pris part à mon premier meeting depuis ma grossesse. J’ai réussi un concours très satisfaisant, puisque j’ai sauté deux fois au-delà de ma meilleure marque aux Jeux Paralympiques, où j’avais terminé 4e. Fin janvier, j’ai pris part au X-Athletics, où je fais encore mieux. C’est une rentrée très encourageante, qui me donne beaucoup de confiance.
« L’amour que me donne ma fille, ça vaut tous les repos du monde ! »
Vous êtes une jeune maman depuis un peu moins d’un an. Qu’est-ce que ce bébé a changé dans votre quotidien de sportive ?
Ma petite princesse a 10 mois maintenant, et je n’ai toujours pas dormi une seule nuit complète depuis sa naissance ! Elle me donne beaucoup de force. Quand elle est dans les tribunes, ça me booste. Même au quotidien, ça change la donne. Je sais pourquoi je me lève le matin pour aller à l’entraînement. C’est une motivation supplémentaire. Pour gérer la fatigue et mon retour à ce niveau, ça a demandé beaucoup de communication avec mon entraîneur et préparateur physique. On a évité le surentraînement, pour faire évoluer la charge selon mes capacités. Aujourd’hui, je touche du bois, on a eu aucune blessure, ce qui prouve qu’on a réussi à avoir une certaine osmose. Le corps est une très belle machine, qui sait nous donner des indices si on est à l’écoute. Revenir après ma grossesse, ça reste un grand défi. Mais l’amour que me donne ma fille, ça vaut tous les repos du monde !
Les Mondiaux de Paris, à la maison, un an avant les JO, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Avoir les championnats du monde à domicile, c’est juste énorme. Pour moi, qui suis très patriote, c’est fantastique. C’est une super opportunité pour le public, mais aussi pour nous, athlètes, d’être soutenus. Ceux qui sont là au quotidien avec nous pourront être présents. Je ne vois pas ces Mondiaux comme une simple répétition avant les Jeux olympiques. Ce serait réducteur. C’est un vrai moyen de prouver notre forme et de montrer comment on se bat face à l’élite mondiale. C’est l’objectif majeur de notre saison.
« Pendant que j’étais absente, la concurrence s’est renforcée »
D’un point de vue purement sportif, quels sont vos objectifs ?
Moins d’un an après ma maternité, c’est encore difficile d’anticiper. Je suis engagée à fond sur la longueur. Pour le sprint, on verra ce qu’il en est au fil de la saison. Ce qui est certain, c’est que je veux être dans les six meilleures mondiales de la longueur aux Mondiaux. Forcément, à partir de là, je vise le podium. Aller chercher une médaille aussi peu de temps après ma grossesse serait magnifique. Pendant que j’étais absente, la concurrence s’est renforcée. A moi de prouver que je peux revenir fort, à l’approche des Jeux. Si je peux montrer à des athlètes que c’est possible d’être maman pendant sa carrière et revenir au plus haut niveau, c’est le plus beau message que je peux passer.