En 2019, une nouvelle gouvernance du sport verra le jour avec la création de l’Agence nationale pour le sport. Une gouvernance qui donnera plus de place aux collectivités, ce dont se réjouit Marco Sentein, président de l’Association Nationale des Directeurs d’Installations et des Services des Sports (ANDIISS).
Quelle est la position de l’ANDIISS concernant la nouvelle gouvernance du sport, mise en place en 2019 ?
C’est un dispositif dont on attend de connaître les modalités, mais nous y sommes évidemment favorables, pour deux raisons. La première, c’est que les élus et les collectivités deviennent enfin parties prenantes de la gouvernance sur le sujet des équipements sportifs. La deuxième, c’est d’avoir un droit de regard sur le volet événementiel. Je pense aux manifestations sportives, mais aussi à tout ce qui concerne l’animation et l’éducation via le sport. Jusqu’à maintenant, l’État et le mouvement sportif décidaient de tout. Ouvrir cette gouvernance aux collectivités, mais aussi au monde économique, est une excellente nouvelle. Elle devrait nous permettre d’être beaucoup plus consultés à l’avenir.
Les collectivités vont donc désormais disposer d’un véritable pouvoir de décision ?
Pas à ce point-là, mais elles feront clairement partie des acteurs reconnus et importants afin de développer le sport en France. Jusque-là, les collectivités étaient essentiellement cantonnées aux équipements sportifs, sans avoir leur mot à dire sur le reste. Désormais, on devrait pouvoir évoquer le volet fédéral, mais aussi social et éducatif. Il est important que les collectivités puissent s’exprimer, après tout, elles sont les garantes du sport pour tous. Elles s’occupent très bien des 17 millions de licenciés des fédérations sportives, mais ont également la charge de 22 millions de personnes qui ne sont pas licenciées. Via les équipements notamment, les collectivités ont ainsi la charge de près de 40 millions de personnes qui font du sport. C’est aussi pour cela qu’il est important de faire partie de cette nouvelle gouvernance.
Voyez-vous justement cela comme une reconnaissance ?
Oui, c’est clairement une reconnaissance du travail accompli dans tous les territoires. Ce travail est d’ailleurs souvent méconnu du grand public, et c’est aussi pour cela qu’il est important d’être associés à ce travail de gouvernance : bénéficier d’une plus grande reconnaissance. C’est une bonne nouvelle, mais nous ne sommes pas surpris. En effet, les actions mises en place en faveur du sport, sur le terrain, sont nombreuses. Les collectivités font de l’excellent travail au quotidien, il était donc normal et naturel que ce travail soit enfin reconnu.
Vous parliez un peu plus tôt des modalités de cette gouvernance. Quelles sont vos attentes à ce sujet ?
Il y a forcément plusieurs attentes. Je pense que la principale, c’est de ne pas oublier les territoires. Le rôle des collectivités est de permettre de pratiquer une activité sportive en toute sécurité dans des équipements de qualité. Il faut donc que l’on soit en capacité de satisfaire les attentes des licenciés, ou non, afin de leur permettre d’accéder à une pratique sportive.
Le volet financier n’est pas non plus négligeable. Je pense qu’il est important d’avoir une meilleure lecture concernant les équipements sportifs. Il faudrait par exemple donner la priorité à des territoires dont les moyens sont plus limités. Favoriser l’accès au sport, via une aide financière, dans une commune aux moyens réduits plutôt que dans une grande métropole me paraît important. C’est comme cela que le sport pourra être le mieux représenté sur le territoire national.
Enfin, il faut aussi que l’on discute beaucoup plus avec le mouvement sportif, notamment pour aider les bénévoles à être un peu plus reconnus. Mais il faut aussi que le mouvement sportif national et régional comprenne qu’une collectivité ne peut plus signer un chèque en blanc sur des modifications de normes sans négociations ou discussions. Aujourd’hui, beaucoup de collectivités font face à des difficultés. Il est important que le mouvement sportif prenne conscience de cela.