Médaillée paralympique en aviron, Margot Boulet se lance aussi vers Paris 2024 en natation. Un projet qui prend forme, malgré des soucis de classification médicale.
Ces dernières semaines, vous lanciez vraiment votre saison en natation. Comment ça s’est passé ?
En février et mars, je conjuguais mes deux projets en natation et en aviron. Les stages et les compétitions se sont enchaînés, je ne me suis pas ennuyée ! Pour commencer, j’ai eu un stage de natation avec mon club de Provins. C’est avec eux que j’étais licenciée étant plus jeune, et avec qui j’ai appris à nager. Depuis mon accident, c’est dans ce club que je suis revenu. Lors de ce stage en Espagne, on a eu de très bonnes conditions. Dans la foulée, j’ai eu un stage d’aviron, puis je suis partie en Italie pour une étape de Coupe du Monde de natation.
« Mon handicap est constatée médicalement, il est le même sur terre ou dans l’eau »
Avec des problèmes de classification médicale…
Ça a démarré de manière compliquée. Du côté national, j’ai déjà ma classification (S10), et il fallait que je la fasse valider au niveau international. J’ai rencontré un premier panel de classificateurs, qui ont justifié en visite médicale que j’avais suffisamment de points pour nager en para-natation. Pourtant, une fois dans l’eau, ils ont jugé que mon handicap n’était pas suffisant. J’ai donc vu un deuxième panel de classificateurs, comme c’est la procédure. Eux aussi m’ont jugé éligible du point de vue médical, mais n’ont pas pour autant voulu trancher une fois qu’ils m’ont observé dans l’eau. Alors, je suis entre-deux, avec une classification à faire examiner de nouveau, mais sans date ! Du côté de la Fédération Française Handisport, on m’a dit que c’était du jamais-vu.
Comment vivez-vous cette incertitude ?
C’est beaucoup de frustration. Ma compétition en Italie a été perturbée. D’une part parce que j’ai dû prendre part à une course en plus (100m nage libre), mais aussi parce que je ne m’y attendais pas. J’ai perdu un peu d’énergie, et j’aurais pu faire mieux en course. C’est une situation que je ne comprends pas. Mon handicap est constaté, je garantis qu’il ne disparaît pas dans l’eau ! Les problèmes d’amplitude et de force dans la cheville sont les mêmes sur terre ou dans les bassins. Certes il y a des subtilités à observer, et j’essaye de compenser du mieux que je peux. Mais mes chronos sont nettement moins bons que lorsque j’étais valide, et le handicap est bien là dans l’eau.
« Ces problèmes de classification, du flou sur le futur »
Cette situation perturbe aussi votre projet en aviron ?
Ça met un peu de flou sur le futur. Quoi qu’il arrive, l’aviron est la priorité, puisque je fais partie d’une équipe. Je n’ai aucune idée de quand est-ce que je passerais de nouveau ma classification. Et puisque le calendrier est chargé avec l’aviron, je ne sais pas quand j’aurais l’opportunité de participer à une nouvelle compétition, je ne comptais pas en faire énormément. Sur cette étape de Coupe du Monde italienne, je me suis qualifiée pour les Mondiaux en 50m papillon [en août à Manchester, Royaume-Uni]. Ça serait intéressant de savoir au plus vite si je pourrais en être. En attendant, ma priorité est l’aviron. Nous partons de nouveau en stage avec l’Equipe de France la semaine prochaine, il y a du travail.