Dans l’incertitude autour de sa classification médicale en natation, Margot Boulet sera bientôt fixée. Pour mettre fin à cette situation dommageable pour sa santé mentale.
Margot, avec le quatre barré mixte, vous avez décroché le bronze aux championnats d’Europe. Quel est votre sentiment après ce résultat ?
Clairement, après la course, il y avait beaucoup de frustration. D’autant plus qu’on fait une meilleure course en qualifications qu’en finale. Ce qui n’est jamais idéal, puisque généralement, on préfère l’inverse ! On fait deuxième en série et troisième en finale. On pouvait vraiment faire mieux, et l’écart avec les Britanniques n’étaient pas loin. Pour retenir le positif, on rappelle qu’on repart quand même avec un podium, c’est toujours sympa.
« Un statut qui s’affirme de plus en plus, parmi les favoris »
D’autant que cet équipage est remanié et a connu plusieurs changements…
Oui exactement. Cette saison, tout l’hiver, on a travaillé avec un collectif élargi, ce qui, je pense, est très bien. La concurrence crée une émulation et de la motivation. La sélection s’est affinée au moment de ces championnats d’Europe. On a montré de très belles choses en entraînements et en séries, même si on n’a pas réussi à convertir en finale. Ça ne remet pas en question notre bon travail de l’hiver, mais on a du travail sur l’aspect émotionnel, pour gérer les moments importants et être prêts le jour J. On a un statut qui s’affirme de plus en plus, parmi les favoris. On va travailler d’ici les championnats du monde, en septembre. La qualification olympique est en jeu, il faudra rentrer dans les six premiers.
Côté natation, quelles sont les nouvelles, après ce flou autour de la classification médicale ?
Il y a eu du nouveau, avec le soutien de la Fédération Française Handisport. Je suis qualifié pour les championnats du monde à Manchester. Je repasserai ma classification quelques jours plus tôt, et selon le résultat, je participerais à la compétition ou pas. Si je ne suis pas éligible, ça sera la fin de mon projet paralympique en natation. J’ai longtemps été dans le flou, et là encore ce ne sera fixé que quelques jours avant d’entrer dans le bassin. Ainsi, en raison de cette incertitude, je ne dépense pas plus d’énergie à m’entraîner et me préparer. Je préfère me consacrer au projet collectif avec l’aviron, qui est la priorité, et ne pas risquer de mettre plus d’énergie dans le vent.
« Un vrai impact sur ma santé mentale »
Au moins il y a des avancées, même si ce n’est pas encore idéal. Cette situation d’incertitude a impacté votre préparation ?
Bien sûr. Il y avait beaucoup de frustration et d’incompréhension de ma part. Cette situation était intenable, dans le flou. J’ai besoin de savoir, je ne peux pas me permettre d’être de nouveau dans cette situation, qui a eu un vrai impact sur ma santé mentale. Depuis la dernière Coupe du Monde, avec la classification non acceptée et « entre-deux », je n’ai pu m’entraîner que deux fois. J’ai eu beaucoup de mal avec la natation. Rien que l’odeur de chlore et le bruit de la piscine me rebutaient. J’étais dans l’incompréhension, et c’était encore plus dur à accepter qu’un refus. Cette fois, ça sera tranché.