Margot Chevrier : « Cumuler sport et études de médecine, c’est possible ! »

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En cinquième année d’études de médecine, Margot Chevrier mène la barque de son double projet, entre championnats du monde et stage en hôpital.

Vous menez des études de médecine en parallèle de votre carrière sportive. Au fil de nos interviews mensuelles, on a plusieurs fois eu l’occasion d’en parler, mais pas encore de vraiment prendre du recul sur ce double projet. Comment ça se passe pour cumuler exigences du sport de haut niveau et celles des études ?

Déjà, je dois souligner le fait que l’université fait beaucoup d’efforts pour mes aménagements. Pour tous les athlètes étudiants, la situation n’est pas idéale. Or, dans mon cas, j’ai eu le bon entourage et les bonnes opportunités pour être écoutée et gérer au mieux la situation. La Fédération Française d’Athlétisme missionne aussi des personnes dont le métier est littéralement de nous aider à avoir ces aménagements. Quand on arrive à 18 ans, en n’ayant encore ni palmarès ni performances significatives, et qu’on vient demander de l’aide, ce n’est pas évident ! Avec le temps, l’encadrement de l’université a mieux compris ma situation, et d’année en année, les aménagements sont de plus en plus conséquents, mais aussi de plus en plus justifiés à leurs yeux. Désormais, mes années sont « coupées en deux ». Mes études seront (encore !) plus longues, mais je peux faire de la perche ma priorité.

« Quand ils voient que j’étais aux championnats du monde, ils comprennent mieux ! »

Et lors des périodes de stage en hôpital, comment ça se passe ?

Là aussi, j’ai des aménagements. Désormais, en particulier après cette année, les chefs sont bien plus au courant de ma situation. Quand ils voient que j’étais aux championnats du monde et que par exemple, j’ai fait une interview avec Nelson Monfort, ils comprennent mieux ! Le sujet est de plus en plus présent au CHU, et ça fait plaisir. Pendant l’été, le doyen m’avait invité aux 50 ans de la faculté de médecine. J’ai pu faire un discours devant tous les professeurs et chefs de service. Ça a participé à me faire connaître dans l’hôpital, c’était un super moment. Alors, même si c’est de plus en plus dur pour la charge de travail, c’est de plus en plus simple d’avoir des aménagements.

Au quotidien, comment arrivez-vous à articuler vos journées ?

En ce moment, je bosse mes cours à la maison. Enfin j’essaye plutôt ! Mes partiels sont en juin, mais il est temps que je me plonge dans les révisions. Tout le mois d’octobre, j’étais en stage en ORL, en particulier au bloc. Là, ce sont de grosses journées, puisqu’en tant qu’externe, on est vraiment utile. Lors de ce genre de journée, je file à l’hôpital dès le matin, je termine à 17h, puis je fonce à l’entraînement. Il est alors 21h, je rentre chez moi, je mange et je dors. Souvent, je me rends compte que je n’ai eu le temps de rien faire d’autre. Ce n’est pas évident de caler des révisions ou de la récup dans tout ça ! C’est chargé, mais c’est aussi ce que j’aime. Au début, je ne savais pas si j’allais y arriver, et on me disait que ça allait être difficile. Alors, c’est également important pour moi de montrer que c’est possible !

« A l’inverse de l’hôpital, il n’y a rien de vital dans l’entraînement »

Dans notre interview parue dans le magazine de novembre, vous expliquiez retrouver des points communs entre la médecine et la perche. A contrario, quelles sont les différences ?

C’est vrai qu’on avait parlé de ces similarités, en particulier dans la recherche de solutions. A l’entraînement comme avec des patients, on cherche les meilleures solutions possibles. Il n’y a généralement pas de réponses miracles, mais on priorise et on agit pour le mieux. A l’inverse de l’hôpital, il n’y a rien de vital dans l’entraînement. Même s’il y a de vrais enjeux pour mon projet sportif, avec des objectifs et un énorme investissement personnel, ce n’est pas autant une urgence que ce que l’on peut voir avec des patients. Cela permet de relativiser. Et ça marche aussi dans le sens inverse ! Pour ma première suture, j’étais super stressée. Mais je revenais des championnats de France que j’avais très bien réussi, je me suis dit que ce n’était pas une petite suture qui allait me poser des problèmes !

En revanche, est-ce que certaines journées difficiles à l’hôpital peuvent être parfois compliquées à gérer, au point d’impacter les entraînements ?

C’est clair qu’il y a des moments moins évidents que d’autres. Cela dépend aussi des services. Quand j’étais aux soins palliatifs, c’était beaucoup plus prenant par exemple. J’ai l’avantage d’avoir mon entraîneur [Sébastien Reisdorffer], qui est infirmier. Il peut donc facilement comprendre ma situation. Il sait très bien ce que c’est que d’arriver à l’entraînement après une dure journée à l’hôpital, et d’avoir du mal à entrer dans la séance de saut alors qu’on ressasse ce qu’il s’est passé ce jour-là. C’est déjà arrivé qu’on prenne une trentaine de minutes de « rien », pour se poser et discuter, le temps d’évacuer. Il sait ce que c’est d’avoir eu plusieurs décès dans la journée, des dialogues compliqués avec les familles… Vivre ça, cela permet aussi de prendre le sport avec plus de légèreté, il y a bien plus grave dans la vie ! Parfois, après de dures journées, ça fait du bien de retrouver la perche. Pour faire complètement autre chose et retrouver ma passion, avec moins d’enjeux. 

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