Entretien avec la perchiste de la Team SPORTMAG, Margot Chevrier: qualif’ pour les Mondiaux, record battu, crowdfunding, championnats de France ce week-end…
Tout d’abord, félicitations pour vos accomplissements ces derniers jours. On va commencer par le plus marquant, avec votre record personnel battu, synonyme de minima pour les mondiaux ! C’était prévu de passer cette barre à 4m70 à ce moment de la saison ?
Merci beaucoup ! Pour cette marque, je me disais que si j’arrivais à faire 4m60 sur un meeting en juin, je serais déjà sur le bon chemin. On anticipait potentiellement 4m70, sur un pic de forme aux championnats de France Elite. Au final, ça l’a fait plus tôt ! Au meeting de La-Pierre-Bénite, j’ai fait 4m54 en n’étant pas au top du top, dans la chaleur. Le lendemain, à Salon-de-Provence, je n’avais pas de jambes. J’étais tout simplement rincée de la compétition de la veille, totalement crevée. Je me demandais même si j’allais sauter ! À l’échauffement, j’ai sorti des super sauts, alors j’y suis quand même allée. Dès la première barre, je fais 2m46, une grosse première barre pour mes standards. Et ensuite je suis toute seule dans le concours, alors je me lance juste directement sur 4m60, pour valider le ticket pour les championnats d’Europe. Ça passe, et l’objectif est déjà rempli. Dans la foulée, j’essaye directement 4m70, et ça passe encore ! Bien sûr, j’ai ensuite tenté le record de France, sans succès, mais c’était déjà super d’être allée jusque-là.
C’est surtout un soulagement d’avoir atteint cette marque, et ainsi d’assurer le ticket aux Mondiaux à Eugene (Etats-Unis) ?
Oui, je savais que cette marque était possible, et les championnats du monde étaient vraiment un objectif. Les Mondiaux en salle l’hiver dernier, c’était du bonus, et j’ai été sélectionnée même sans les minima. Je savais que je pouvais améliorer mon record et que c’était jouable. Cette fois, c’est fait, et je n’ai pas à attendre quelques jours avant le départ pour savoir si j’allais avoir une dérogation. Après cette expérience à Belgrade, je m’avance plus sereinement pour Eugene. Je sais que je peux faire mieux qu’en indoor, et je suis aussi plus attendue avec ces 4m70. J’ai maintenant un super bilan au ranking européen et mondial, je n’arrive plus comme une outsider !
« Ma campagne de crowdfunding a dépassé les attentes ! »
Dans la foulée de votre record à 4m70, vous avez lancé votre campagne de crowdfunding. C’était vraiment le moment parfait ?
C’était déjà prévu pour cette même date, le 13 juin, et c’est bien tombé ! Ce projet est mené par Alice Moindrot, une ancienne perchiste qui a arrêté sa carrière, dans le cadre de ses études. Ça fait un mois qu’on travaille dessus, alors tant mieux si ça se lance à un moment opportun. Très vite, la mobilisation a dépassé les attentes. L’objectif fixé sur la plateforme I Believe in You était de 2000 euros, mais ça a été atteint en 1h30 ! Alors on a augmenté à 5 000, puis encore à 10 000. Tous les dons seront vraiment utiles dans tous les cas, que ce soit pour les déplacements, les compétitions, l’achat d’un meilleur matériel, mes entraîneurs et traitements de récupération…
Dans cette campagne, vous mettez en avant vos études en médecine, ces financements serviront aussi à soutenir votre double projet ?
Oui, totalement ! Quand on a monté la campagne, on a cherché ce qui était le plus parlant dans mon projet. Et en plus de vouloir aller jusqu’aux Jeux et d’avoir une vraie chance d’y parvenir, j’avais ce projet d’études de médecine à côté de ma carrière sportive. Quand on est étudiant, c’est difficile d’avoir un job à côté et de tout mener à bien. Et c’est la même chose quand on est sportif de haut niveau. Alors avec les deux, ce n’est pas simple !
« Si je suis dans un bon jour, pourquoi pas aller chercher le record de France ? »
Justement, vous avez enchaîné ces performances directement après vos partiels. Déjà, comment ça s’est passé, et comment avez-vous géré la fatigue ?
Alors…ça dépend des matières ! J’aurai les résultats fin juin, ça devrait le faire sur certains examens, d’autres il y a moins de chances. Autant dire que je me prépare pour de potentiels rattrapages, et j’espère y arriver. Les professeurs connaissent ma situation : je rate souvent des cours avec les entraînements et les compet’, alors je donne tout quand je suis là pour reprendre mon retard. Cela peut jouer en ma faveur dans des appréciations. Finalement, ça m’a fait du bien de tout terminer avant un gros week-end de compétition. Même si je sais que j’y ai laissé de l’influx nerveux, je me suis sentie libérée, et j’ai réussi de belles performances.
Désormais, direction les championnats de France Elite, ce week-end à Caen (du 24 au 26 juin). Dans quel état d’esprit abordez-vous la compétition ?
Déjà, je dois me remettre d’une bonne grippe ! J’ai été clouée au lit quelques jours après cet enchaînement de meetings, entre la chaleur de la France et la fraîcheur de la Finlande. Les voyages en avion avec la clim et le manque de sommeil m’ont aussi fatiguée, alors j’espère être remise pour les France. Dans tous les cas, l’objectif est le même, j’y vais pour décrocher le titre. D’autant que je sais que je suis attendue après la victoire en salle, avec ce beau concours. En championnat, la performance passe après la victoire, d’autant que les conditions météos seront sûrement capricieuses. Si je suis dans un bon jour, pourquoi pas aller chercher le record de France à 4m75 ? Et je pense aussi au record des championnats de France, à 4m73. Ça peut faire d’une pierre, plusieurs coups !