Margot Chevrier : « Les Mondiaux, une expérience de fou »

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Championne de France en février et sélectionnée pour les championnats du monde indoor, Margot Chevrier a vécu un début d’année exceptionnel. L’athlète de la Team SPORTMAG revient sur ces derniers mois et ses prochains objectifs.

Votre saison estivale vient de se lancer aux Interclubs, à Nice. Comment ça s’est passé ?

J’ai sauté à 4,40m. C’est ma meilleure rentrée de carrière ! Déjà l’année dernière, j’avais battu mon record de rentrée, avec 4,36m. Pourtant, les conditions n’étaient pas très faciles. Pas mal de vent, de la pluie, et la condition physique qui n’est pas encore au maximum, loin de là. Mais c’est un très bon résultat et c’est de bon augure pour la suite !

Commençons par revenir sur ces derniers mois, un peu fous. En février, titre de championne de France, avec un record personnel et la 4e marque française de l’histoire : c’était vraiment le concours parfait ?

Ah oui complètement. Du début à la fin, je n’ai eu aucun échec. Hormis la toute dernière barre quand j’avais déjà gagné, j’ai tout réussi. C’était idéal. Je courais, je sautais, ça passait, et ça pendant 1h30 ! J’avais essayé de nouvelles perches, quelques semaines auparavant, et le pari a été le bon. C’était vraiment une très belle compétition, avec Ninon [Guillon-Romarin] qui est revenue à son meilleur niveau après sa grossesse. Toutes les deux, on commençait à se demander jusqu’où on allait aller pour se départager ! Je suis très heureuse de ce titre.

« Je ne fais pas de sport de haut niveau pour finir deuxième »

Vous avez déjà été championne de France l’an passé, même si c’était un contexte différent. Cette fois-ci, comment avez- vous géré la pancarte de la tenante du titre ?

Il y a un an, l’hiver dernier, j’ai fait deuxième aux France avec une énorme contre-performance. Je ne passe que la première barre, et je me fais passer devant. Pourtant cet hiver-là, j’avais tout gagné. J’étais arrivée avec trop peu de maturité, en pensant que ça allait encore le faire. Alors l’été suivant, je voulais absolument gagner. Je prends le titre et je bat déjà mon record personnel. Mais cet hiver, Ninon avait l’air très forte. L’objectif étant évidemment de gagner, je ne fais pas de sport de haut niveau pour finir deuxième. Mais je savais qu’il fallait vraiment que je sorte le grand jeu. Et on s’est poussées très loin toutes les deux, c’était une vraie baston !

Est-ce que ce titre a d’autant plus de saveur avec cette préparation perturbée, sans coach, et ce début de saison un peu compliqué ?

Après l’été, mon coach Seb [Sébastien Reisdorffer] a fait un break. Il devait gérer ses problèmes personnels, et ne pouvait pas être là pour m’entraîner. Je me suis alors entraînée avec mon beau-père, et mon copain, qui fait aussi de la perche. Mais je savais que mon coach reviendrait, même s’il n’était pas prévu qu’il revienne dès cet hiver. Finalement, même s’il suivait à distance, ça a un peu perturbé ma préparation pendant quatre mois. Au début, je ne savais pas si je revenais sur les compétitions dès cet hiver. Mais je suis d’abord là pour les compet’, c’est ce qui m’anime et je voulais vraiment revenir. On s’est dit que je tentais, et si ça ne donnait rien, alors tant pis. Ça m’a libéré d’une certaine pression, et finalement, ça s’est très bien passé !

« Les Mondiaux, une ampleur que je n’avais jamais connue »

Avec ce titre, mais surtout cette performance à 4,65m, les portes des mondiaux indoor à Belgrade se sont ouvertes. C’était une surprise cette sélection ?

J’entendais beaucoup dire qu’après ces championnats de France, il y avait beaucoup de chances que je sois sélectionnée. Mais je ne voulais pas trop m’enflammer, je ne voulais pas être déçue… Et pourtant, qu’est-ce que c’était dur de continuer à m’entraîner sans savoir ! À la muscu’, une série sur deux j’étais abattue parce que je pensais que je n’irais pas à Belgrade, et l’autre série j’étais surmotivée à l’idée d’être sélectionnée ! Quand je l’ai su, j’étais aux anges, même si je ne pouvais encore rien dire car ce n’était pas annoncé. Ces Mondiaux, je les voyais plutôt comme un bonus, alors c’était génial d’y être, c’était énormément d’émotions.

À Belgrade, vous obtenez une 10e place, avec un saut à 4m45. Qu’est-ce que vous retenez le plus de cette expérience ?

Au niveau de ma performance, j’étais très déçue sur le coup. Je savais que j’avais les moyens de faire mieux, et je n’avais pas été parfaite sur mes sauts, loin de là. À chaud, je m’en voulais et je n’étais pas satisfaite. Mais autour de moi, je voyais le staff et toute l’équipe de France qui était super contente de ce que j’avais fait pour une première. D’autant que c’était un événement d’une ampleur que je n’avais jamais connu. Chez les jeunes, les stades sont souvent vides et dans d’autres compétitions, c’est assez confidentiel. Là, il y avait 30 000 personnes, on annonce ton nom en anglais, il y a des jeux de lumières…On se rend compte qu’on est DANS la télé, c’est dur de faire abstraction ! Je n’étais pas très bien sur la piste, pas en pleine possession de mes moyens. Mais c’était vraiment une expérience de fou.

Quelles sont vos prochaines échéances pour la saison estivale qui se profile ?

Fin juillet, il y a les championnats du monde à Eugene, aux Etats-Unis, mais je ne suis pas encore qualifié. Les minima sont à 4m70, ce qui est au-dessus de mon record personnel, même si ce n’est pas inatteignable pour moi. Avec un début de saison à 4m40 dans de piètres conditions et pas encore en forme, je ne peux que bien progresser. D’autant qu’il y a peut-être encore un repêchage. Cette fois, ce n’est pas comme Belgrade, c’est un vrai objectif. A la fin de la saison, il y aura les championnats d’Europe à Munich, l’autre grand objectif. Mais avant tout ça, il y a les partiels de mes études en médecine à gérer, et ça ne va pas être facile !

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