Martin Fourcade sera bien au départ de la Coupe du monde de biathlon cet hiver. Après une saison frustrante, le champion tricolore espère avoir retrouvé la forme sur les skis pour briller à nouveau et se réinstaller sur la plus haute marche du podium.
Martin, comment allez-vous ?
J’ai pris le temps de bien me reposer ce printemps, j’ai pris un peu plus de temps avant de rattaquer les grosses charges de travail et d’intensité. Pour l’instant, je suis content de la préparation, de ce que j’ai mis en place. Après, l’an dernier, la préparation s’était déroulée de manière idéale et l’hiver un peu moins, donc j’essaye de ne pas trop me projeter, de prendre les choses comme elles viennent, au jour le jour, afin de ne pas être déçu, mais aussi afin de ne pas me freiner et d’être ambitieux. C’est une stratégie qui est double : être le plus serein possible et être concentré sur le jour J pour ne pas refaire les erreurs de l’an passé.
Vous avez trouvé des explications à cette méforme de l’hiver dernier ?
Premièrement, après les Jeux olympiques, je pense que je n’ai pas pris le temps de me reposer assez. J’ai voulu enchaîner tout de suite, avec un nouvel entraîneur (Vincent Vittoz) à qui je voulais montrer de belles choses à l’entraînement. Il était mon modèle sur les skis pendant toute mon enfance. J’avais envie de lui montrer que moi aussi j’étais un bel athlète. Je suis allé un peu plus vite, un peu plus fort, un peu plus loin à chaque entraînement, et je suis arrivé au début de l’hiver un peu en bout de course, avec en plus de ça mes obligations extra-sportives et familiales. Je manquais de fraîcheur et je n’ai pas réussi à me refaire avec l’enchaînement des compétitions. C’est comme ça que je l’ai analysé. Maintenant, c’est l’avenir qui me dira si j’ai fait la bonne analyse.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle saison ?
J’attends d’être performant, de retrouver le plaisir sur les skis qui m’a manqué l’an dernier. Globalement, j’ai fait une très belle saison au niveau du tir, mais sur les skis je n’arrivais pas à faire la différence. J’étais loin du niveau que j’espérais, loin de mon niveau des années précédentes. L’objectif premier cette année, c’est d’être capable d’avoir le niveau sur les skis pour pouvoir décider du sort des courses, ce qui n’était pas le cas l’an dernier.
« Tony Estanguet, un beau modèle de reconversion »
Avec la Commission des athlètes Paris 2024, la Commission du CIO, vous préparez déjà votre reconversion ?
Ce sont deux situations différentes. Je ne me serais pas présenté à la Commission des athlètes du CIO si j’étais en activité. J’estime qu’il faut avoir terminé sa carrière – en tout cas quand on est biathlète – pour embrasser le mandat à bras le corps. Dans ma tête, c’est une certitude que je ne serai plus là après les Jeux olympiques de Pékin. Je me suis laissé la possibilité de faire ce choix-là, en sachant que c’est un choix assez récent. Concernant le CIO, c’est clairement l’après-carrière. Pour ce qui est de Paris 2024, c’est différent, c’est pouvoir me servir de mon expérience et de la mettre au service du projet olympique Paris 2024, qui me fascine. J’avais envie d’y être intégré. Je ne suis pas la même personne aujourd’hui qu’à 18 ans, où le seul objectif était la médaille d’or olympique. Il n’y avait que ça qui comptait, c’était mon rêve de gamin. J’ai évolué, j’ai grandi, j’ai appris à m’ouvrir aux autres, j’ai eu deux petites filles. Aujourd’hui, je ne suis pas du tout le même homme que celui que j’étais en 2010. Il faut arriver à être heureux dans sa vie d’homme pour performer dans sa vie d’athlète. Je crois que j’ai bien réussi à le faire au cours de ma carrière, mais je sens qu’aujourd’hui pour être heureux dans ma vie d’homme, j’ai besoin de plus d’évasion, de projets.
Vous discutez beaucoup avec Tony Estanguet ? On a l’impression que vos parcours tendent à se ressembler un peu…
Il a fini sur un titre olympique donc j’espère qu’il y aura des similitudes ! Mais on n’en est pas encore là. Ce n’est un secret pour personne, je suis proche de Tony, on a évidemment discuté de la fin de sa carrière, en sachant qu’aujourd’hui, je tiens exactement le même discours avec lui qu’avec vous. Moi-même, je ne sais pas si j’arrêterai ma carrière à la fin de la saison. On en a parlé avec Tony, ce sont deux routes différentes. Il a pu faire la bascule sur Paris 2024, c’était naturel pour lui, le timing lui correspondait bien. Moi, ça ne sera pas le cas. En tant qu’ami et admirateur, je regarde ce que fait Tony parce que c’est un beau modèle de reconversion.