Martin Fourcade a annoncé la fin de sa carrière de biathlète. Le Pyrénéen raccroche skis et carabine et s’en va avec l’un des plus beaux palmarès du sport français. Désormais, de nouveaux défis attendent le meilleur ennemi des Norvégiens.
13 mars 2008, à Oslo Holmenkollen. Il est un peu plus de 15h quand s’élance le dossard 93 du Sprint des finales de la Coupe du monde. Une grande première pour le jeune Martin Fourcade, pas encore 20 ans. Le Catalan fait sa première apparition sur le circuit principal avec l’équipe de France, composée alors de son frère Simon, de Vincent Defrasne, Loïs Habert, Alexis Bœuf, Jean-Guillaume Béatrix et Julien Ughetto. Martin Fourcade commet une faute au tir couché, puis trois sur le tir debout, pour finalement terminer à la 61e place. À huit dixième de Julian Eberhard, 60e, dernière place permettant de participer à la poursuite du surlendemain. Et à 2 minutes 47 du vainqueur, le Norvégien Emil Svendsen. Impossible d’imaginer à ce moment-là, malgré de bonnes performances chez les Juniors, que le biathlète de 19 ans deviendrait, 12 ans plus tard, un des plus grands biathlètes de tous les temps. Un des plus grands sportifs français de tous les temps.
221 podiums internationaux !
Car pour se pencher aujourd’hui sur le palmarès de Martin Fourcade, il faut quasiment poser un après-midi. Le jeune Pyrénéen rêvait de devenir champion du monde et champion olympique. Mission accomplie et largement dépassée. 5 titres olympiques (il est le sportif français le plus titré aux Jeux), 13 titres mondiaux (dont 11 titres individuels, un record partagé avec Ole Einar Bjøerndalen), septuple vainqueur de la Coupe du monde (un autre record), les chiffres donnent le tournis. Depuis sa première victoire en 2010, à l’international, Martin Fourcade est monté 221 fois sur le podium. Stratosphérique ! Alors quand, à la veille de la dernière course de la saison, le communiqué tombe, c’est l’Histoire du biathlon qui s’apprête à vivre une nouvelle ère. « De Vancouver à Oslo, face à Ole Einar Bjøerndalen, Emil Svendsen, Anton Shipulin, Simon Schempp, Johannes Boe et tous mes autres adversaires – trop nombreux pour tous les citer – j’ai réalisé mes rêves et vécu les plus belles émotions. J’ai combattu et j’ai gagné. J’ai souffert, aussi. Je suis tombé et je me suis relevé. Surtout, j’ai grandi. En ayant la chance inouïe de voir grandir mon sport. Des audiences télé extraordinaires jusqu’aux succès populaires des Coupes du monde au Grand Bornand, j’ai vécu en France et ailleurs une merveilleuse ascension. Celle du sport que j’aime, à qui j’ai dédié une belle partie de ma vie et qui en retour m’a tout donné », explique Martin Fourcade au moment de dire au revoir. Les pioches sur les Relais, les attaques fulgurantes dans les bosses, les cordons à cause d’un vent vicieux, les drapeaux tricolores récupérés avant de passer la ligne d’arrivée, c’est désormais terminé. Mais avant de ranger les skis et la carabine, il restait une course à Martin Fourcade pour boucler la boucle, et le champion français va, comme très souvent, parfaitement faire les choses, sur la piste et devant les cibles. 14 mars 2010, Martin Fourcade remportait sa première victoire en Coupe du monde lors de la Poursuite de Kontiolahti. 14 mars 2020, il remporte sa 83e victoire en Coupe du monde (sans compter les Relais) lors de la Poursuite de Kontiolahti. Sa dernière course. Le classement général lui échappe pour deux petits points face à Johannes Boe, mais l’essentiel est ailleurs. Martin Fourcade fait partie des athlètes capables de s’arrêter au sommet. Mais parler de retraite est bien malvenu, pour celui qui est à la fois un sportif accompli et un homme engagé. « Ma volonté de donner le meilleur de moi-même et de gravir des montagnes est toujours présente, mais la suite de ma construction en tant qu’homme, en tant que père, doit désormais passer par d’autres voies, d’autres supports d’expression. La passion que je voue à mon sport est intacte. Mon amour pour le sport en général et les valeurs de dépassement de soi et de respect des autres qu’il transmet, est plus grand que jamais. C’est dans cet univers que je veux continuer à m’exprimer, à m’investir, à partager », prévient-il.
Martin Fourcade et la MGEN, duo gagnant
Imaginer Martin Fourcade loin du milieu sportif est très difficile, car le champion a déjà commencé à placer ses jetons de reconversion. Avec la création de son propre événement tout d’abord, le Martin Fourcade Nordic Festival. Organisée à Annecy par Martin Fourcade et sponsorisée par son partenaire de toujours, la MGEN, la première édition en 2019 a été un véritable succès. Vainqueur devant 15 000 spectateurs acquis à sa cause, Martin Fourcade, qui a été déterminant dans le choix de la chaîne L’Équipe pour diffuser du biathlon, a su fédérer les foules. En cumulé, 1,2 million de téléspectateurs ont suivi le tout premier Martin Fourcade Nordic Festival à la télévision. Ils devraient être encore plus nombreux pour la deuxième édition, organisée les 29 et 30 août. Preuve en est, l’annonce de la fin de carrière de Martin Fourcade a provoqué une surcharge de connexions sur le site internet de l’événement. « En raison d’un très important trafic, notre site web est momentanément fermé. Pas de panique, la billetterie n’est pas encore ouverte et nous vous tiendrons informés rapidement de son ouverture », ont expliqué les organisateurs sur les réseaux sociaux. Martin Fourcade est un passionné de sport, de tous les sports, et il suit régulièrement les exploits tricolores. Il félicite, encourage, rend hommage sur les réseaux sociaux. Des félicitations à l’équipe de France de volley après sa qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, des encouragements à Pauline Ferrand-Prévot après une opération, un hommage à Tony Parker après l’annonce de la fin de sa carrière sportive. Cette passion, Martin Fourcade la met au service des Jeux olympiques de Paris 2024, puisqu’il est le président de la commission des athlètes. Un rôle qui lui tient particulièrement à cœur, puisque cette commission a pour rôle de faire entendre la voix des sportifs français afin d’organiser les Jeux de la meilleure façon possible. Lors de la Semaine olympique et paralympique, Martin Fourcade n’a pas oublié de transmettre sa passion en échangeant avec de jeunes écoliers de Villard-de-Lans.
Membre du CIO dans deux ans ?
Une autre grande mission attend le natif de Céret dans quelques années. En septembre dernier, celui qui ne manque jamais sa cible a été désigné candidat à l’élection de la commission des athlètes du Comité international olympique (CIO). C’est une commission spéciale de 15 personnes au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui a choisi Martin Fourcade pour tenter de succéder à Tony Estanguet, dont le mandat prendra fin après les Jeux olympiques de Tokyo. La France restera deux ans sans représentant à la commission des athlètes du CIO, car le biathlète sera candidat lors des JO de 2022. Deux postes seront alors à pourvoir, avec en jeu, en plus d’une place à la commission des athlètes, un statut de membre du CIO. En attendant ce nouveau défi, ce sportif amoureux de la nature va pouvoir continuer à défendre le respect de l’environnement, comme lorsqu’il relaye la réussite de la Norvège concernant le recyclage des bouteilles en plastique. Martin Fourcade va aussi et surtout avoir la possibilité de passer plus de temps avec sa compagne Hélène et ses filles, Manon et Inès, premières supportrices du champion. En attendant son livre sur ses anecdotes de contrôle antidopage – il promet que cela vaut « les meilleurs polars » – il est temps de dire à Martin Fourcade à bientôt. Et merci pour ces émotions.
La bio express de Martin Fourcade :
- 31 ans – Né le 14 septembre 1988 à Céret (Pyrénées-Orientales)
- Palmarès aux Jeux olympiques : champion olympique de l’Individuel (Sotchi 2014), de la Poursuite (Sotchi 2014, PyeongChang 2018), de la Mass Start (PyeongChang 2018) et du Relais mixte (PyeongChang 2018) ; médaillé d’argent de la Mass Start (Vancouver 2010, Sotchi 2014)
- Palmarès aux championnats du monde : champion du monde de l’Individuel (2013, 2015, 2016, 2020), du Sprint (2012, 2016), de la Poursuite (2011, 2012, 2016, 2017), de la Mass Start (2012), du Relais (2020), du Relais mixte (2016) ; médaillé d’argent du Sprint (2011, 2013), de la Poursuite (2013), de la Mass Start (2016), du Relais (2012, 2013, 2017), du Relais mixte (2013, 2015, 2017) ; médaillé de bronze de l’Individuel (2017), du Sprint (2017, 2020), du Relais (2015), du Relais mixte (2011)
- Palmarès en Coupe du monde : 7 fois vainqueur du classement général (2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018), 8 fois vainqueur du classement du Sprint (2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2020), 8 fois vainqueur du classement de la Poursuite (2010, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018), 5 fois vainqueur du classement de l’Individuel (2013, 2016, 2017, 2018, 2020), 5 fois vainqueur du classement de la Mass Start (2013, 2014, 2016, 2017, 2018), 150 podiums individuels (83 victoires, 41 deuxièmes places, 26 troisièmes places), 25 podiums en Relais (9 victoires, 11 deuxièmes places,5 troisièmes places), 11 podiums en Relais mixte (6 victoires, 3 deuxièmes places, 2 troisièmes places)
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