Martine Duclos : « L’activité physique est un traitement de la dépression »

ASICS

A l’occasion du partenariat « Paris, Bouge ton Esprit » entre ASICS et la Ville de Paris qui a pour but d’améliorer la santé mentale, la spécialiste de la santé mentale et médecin-enseignant chercheur qui dirige le service de sport au CHU de Clermont-Ferrand témoigne de l’importance de l’activité physique et sportive pour la santé mentale.

Pourriez-vous donner une définition de la santé mentale ?

La santé mentale, c’est un bien-être psychologique, c’est avoir envie de s’investir dans sa vie professionnelle, personnelle et avoir envie de faire des choses, mais aussi de nouvelles choses. Ce n’est pas seulement l’absence de maladie mentale, c’est vraiment un bien-être psychologique et social.

Comment savoir si notre santé mentale est atteinte ?

La santé mentale peut se traduire par plusieurs symptômes, si vous avez des éléments de dépression, vous êtes anxieux, comme ne pas bien dormir ou ne pas avoir l’envie de se lever pendant plusieurs semaines, vous avez des troubles du comportement. Alors vous pouvez être susceptible d’avoir un trouble mental, une dépression qui peut être liée probablement à un stress chronique ou des difficultés à gérer des problèmes professionnels, personnelles, familiaux.

De quelle manière le sport ou les activités physiques agissent-ils bénéfiquement sur notre santé mentale ?

Le sport et les activités physiques et sportives ont un effet bien démontré de prévention du stress, de l’anxiété et de la dépression. Quand vous avez une activité physique et sportive régulière, il est démontré chez les jeunes adultes les plus touchés par la dépression et l’anxiété, que cela diminue de manière significative le risque de consommer des anti-dépresseurs ou des anxiolytiques. Les Français sont d’ailleurs ceux qui consomment le plus ces médicaments. La pratique physique régulière, selon les recommandations, doivent être d’au moins 155 minutes par semaine avec une intensité modérée. Cela permet de diminuer le risque de dépression et d’anxiété de 20%. La deuxième chose qui est importante, c’est que l’activité physique est un traitement de la dépression qui est aussi efficace que les médicaments. Quand on pratique des activités physiques et sportives, on augmente nos capacités physiques, on se sent plus en forme, moins fatigué, on dort mieux, on est alors mieux dans son corps et donc mieux dans sa tête. Par conséquent, on est moins irritable et plus sociable. C’est un cercle vertueux.

Trouvez-vous qu’aujourd’hui la santé mentale est assez considérée ?

Elle était peu considérée, ne serait-ce que quand les médias s’emparaient des effets des activités physiques, on a beaucoup parlé des bienfaits sur les préventions des maladies chroniques, sur le traitement de ces maladies, pourtant personne ne parlait de santé mentale. On s’est rendu compte de l’importance de la santé mentale surtout après l’épisode du Covid auprès des adultes, mais également des adolescents et des enfants qui avaient été beaucoup touchés. Quand on voit les chiffres du baromètre de Santé publique France, qui depuis 2005 effectue des études sur la santé mentale, sur les trois dernières années. On est passé de 9% à 12% de dépression chez les Français. Ce qui est inquiétant, c’est que chez les jeunes adultes entre 18 et 25 ans, c’est passé à 20% et dans la population adulte les femmes sont plus touchées que les hommes, 16% chez les femmes contre 9% chez les hommes. Ces chiffres ne cessent d’augmenter et de perdurer depuis le confinement, avec une population très touchée, celle des adolescents. Cela a des effets négatifs sur leur santé physique et sur leur future santé d’adulte. L’activité physique est un des moyens de les prendre en charge.

Récemment, Alexis Beka Beka, un joueur de football de l’OGC Nice, a menacé de se suicider. Qu’en est-il alors des bienfaits des activités physiques lorsqu’on est un athlète de haut niveau ?

Eux aussi peuvent avoir une charge mentale très élevée. Il y a la pression de la compétition, celle également de la famille, ou encore musculaire. La répétition de blessures peut conduire à du stress, en plus du stress des échéances, le stress n’est évidemment pas reçu et géré de la même manière par chacun. La balance entre les effets positifs et les effets négatifs d’une charge mentale très élevée peut conduire à la dépression. L’accumulation des efforts répétés peut également être un facteur. C’est tellement multifactoriel qu’il faut prendre en compte tous les problèmes. Mais, le sport n’est pas l’unique bonne réponse, si le problème persiste, il ne faut pas avoir peur de consulter un spécialiste.

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