Nous avons pu échanger avec Maxime Montaggioni, fraîchement champion paralympique de banked slalom. Sa médaille, sa déception lors de l’épreuve de snowboardcross, la médiatisation du handisport, ses objectifs et l’évolution de son statut ont été au coeur des échanges.
Comment avez-vous réussi à vous remobiliser après votre élimination en quarts de l’épreuve de snowboardcross le 7 mars dernier ?
Dans un premier temps, j’ai analysé la course et je me suis rendu compte que j’avais fait une erreur. J’étais conscient que les deux tiers de mon parcours étaient bons mais un manque de glisse sur le tracé m’a coûté l’élimination en quarts. J’ai décidé de capitaliser sur cette erreur et tout donner sur le banked slalom. J’avais la pression car ce n’était pas évident pour moi d’envisager de rentrer des Jeux bredouille et j’avais à coeur de remporter au moins une médaille olympique.
Quatre jours plus tard, vous arrachez la médaille d’or lors du banked slalom. Quelle émotion vous a animé lorsque vous avez franchi la ligne d’arrivée ?
J’ai ressenti énormément d’émotions. Cette victoire est une satisfaction pour moi car elle vient récompenser quatre années de sacrifices (Maxime Montaggioni n’a pas pu participer aux Jeux de Pyonchgang en 2018 en raison d’une rupture du ligament croisé survenue la veille de la compétition). Lorsque j’ai franchi la ligne d’arrivée vendredi dernier, c’était tout simplement incroyable. J’ai relâché tout ce que j’avais en moi en pleurant comme une madeleine lors de la remise des médailles.
Racontez-nous ce qui s’est passé entre la première et la seconde manche…
A la fin de la première manche, je me retrouve deuxième à un centième de Ji Lijia, le local de l’épreuve. Dès lors, j’entre dans une bulle de rage et lâche un gros cri. Dans ma tête, je me disais que je devais tout donner pour cette deuxième manche. Je savais que sur le second run, il y avait déjà eu beaucoup de passages donc la neige n’était pas forcément optimale. Je me suis efforcé de rester solide sur mes appuis lors de chaque virage et au final cela s’est avéré payant et j’ai obtenu un meilleur score que mon concurrent chinois (Maxime Montaggioni a terminé la seconde manche avec un temps 1 minute 9 secondes et 41 centièmes tandis que Ji Lijia est descendu en 1 minute 9 secondes et 86 centièmes).
Qu’avez-vous ressenti lors de la réception de la médaille ?
Tout d’abord un sentiment de fierté personnel étant donné que j’ai atteint mon objectif, à savoir être médaillé lors des Jeux paralympiques. Ensuite, c’est une fierté pour ma famille, mes amis et les personnes du staff qui m’accompagnent au quotidien. Cette victoire est un travail de longue haleine débuté quatre ans plus tôt par toute l’équipe qui est derrière moi. Elle leur revient autant à eux qu’à moi car on gagne ensemble comme on perd ensemble. Cette médaille me permet aussi de refermer la parenthèse Pyongchang, étant donné que je n’avais pas pu prendre part aux Jeux en 2018 et que celle-ci était encore ouverte.
Que vous apporte le skate dans la pratique du snowboard ?
Le skate m’apporte de super sentations en termes de glisse. Le skate et le snow sont deux disciplines qui se rejoignent tant par la rigueur, que la concentration de tous les instants requises et la volonté de performer. Ca me permet de me sentir libre et de prendre enormément de plaisir lorsque je ride.
Que pensez-vous de la couverture médiatique du handisport ?
Je trouve dommage que le handisport dispose d’une couverture médiatique moins importante que d’autres disciplines alors que nous possédons tout autant les mêmes contraintes que les autres sportifs, à savoir des sacrifices et un investissement sans failles pour atteindre notre rêve. Pour nous, ces Jeux sont la seule fenêtre médiatique que nous avons car nos bons résultats lors des épreuves paralympiques nous mettent en avant. Il faut dire qu’on n’a pas été épargnés car les médias parlent déjà de Paris 2024. De plus, je trouve dommage que les Jeux d’hiver ne soient pas aussi couverts médiatiquement que ceux d’été.
Sentez-vous que votre statut est en train de changer ?
Pour le moment, c’est encore frais pour dire que mon statut est en train de changer. Aujourd’hui (l’entretien a été réalisé le mercredi 16 mars, ndlr.), nous avons eu une matinée médias et c’est quelque chose de nouveau pour moi. Je pense que je prendrais pleinement conscience de mon nouveau statut de médaillé ainsi que de cette évolution dans les prochains jours. Prochainement, nous serons aussi reçus par le Chef de l’Etat à l’Elysée.
Dans quel esprit allez-vous aborder les Jeux de Cortina en 2026 ?
Je vais aborder les Jeux de Cortina de manière plus sereine que ceux écoulés. Cette année, il est vrai que j’étais obnibulé par la volonté de ramener une médaille, ce qui fait que je n’ai pas forcément pu bien profiter des Jeux de Pékin. Je ferai en sorte de mieux savourer et profiter des moments qu’offrent ce rassemblement.
Après avoir décroché l’or à Lillestrom en janvier et aux Jeux paralympiques, quels sont vos prochains objectifs ?
Tout d’abord, couper du snow durant quelques mois. On ne s’en rend peut-être pas compte mais penser aux Jeux paralympiques durant quatre ans est usant et fait peser une charge mentale conséquente sur nous les athlètes. Ensuite, l’objectif sera de capitaliser tout le travail accompli durant ces quatre dernières années. Années durant lesquelles j’ai senti énormément de progrès. L’année prochaine se déroulera les Mondiaux de 2023 et j’ai encore envie de progresser malgré mon âge (32 ans). Et le dernier objectif sera bien évidemment les Jeux de Cortina, qui auront une saveur particulière étant donné qu’on sera « à domicile », prendre du plaisir et tout mettre en oeuvre pour décrocher une médaille en snowboard.