Melvin Landerneau : « Décrocher une médaille mondiale sur le kilomètre »

© Sirotti - Icon Sport

Après des Championnats européens très réussis – trois médailles, dont un titre sur le kilomètre – Melvin Landerneau espère briller à la maison, lors des championnats du monde de Saint-Quentin-en-Yvelines (12-16 octobre).

Melvin, comment allez-vous après les Championnats européens et les championnats de France ?

Physiquement, ça va. Quand on fait de bonnes performances, qu’on gagne, ça fait du bien à la tête et on récupère plus rapidement. Mais j’ai toujours ce petit problème au genou, qui est un peu préoccupant.

Qu’est-ce qui vous est arrivé au genou ?

C’est le même problème que l’année dernière. J’ai eu une lésion du tendon quadricipital, qui ne s’est jamais réellement refermée. J’ai fait des interventions dessus, j’ai fait des PRP [les injections de Plasma riche en plaquettes (PRP), obtenu à partir du propre sang du patient, permettent de stimuler la régénération de certains tissus, NDLR]. De temps en temps, la douleur revient, et là, à la fin des Championnats européens, c’est revenu un peu plus fort que d’habitude, ce qui est un peu préoccupant. J’ai dû passer par l’INSEP pour faire des analyses et régler ce souci.

Un titre européen sur le kilomètre, une médaille d’argent en vitesse par équipes, le bronze sur le keirin… C’est un bilan qui vous satisfait ?

J’en tire un bilan positif, surtout que c’était mon retour sur un grand championnat. Ça faisait longtemps que je n’avais pas couru lors d’un gros rendez-vous. Cela fait plaisir de repartir avec trois médailles, ça fait du bien au moral, et surtout, ça donne beaucoup de confiance avant les championnats du monde à la maison. En plus, ce n’était pas gagné, parce que j’ai attrapé le Covid une semaine et demie avant. Pendant tout ce temps-là, je n’ai pas touché le vélo, je n’étais pas au top. J’avais beaucoup d’interrogations, je ne savais même pas si j’allais pouvoir participer aux Championnats européens. Finalement, les quelques entraînements avant de partir à Munich se sont plutôt bien passés, donc on a décidé que j’y allais, mais que je ferai un peu moins d’épreuves. J’aurais pu toutes les faire, mais on a décidé de faire une impasse.

« Maintenant, je fais ma musculation sur le vélo »

Ce titre et cette Marseillaise, c’était important pour effacer des moments plus difficiles ?

Oui, parce que je sais par où je suis passé pour en arriver là. Ça faisait longtemps que j’attendais ce moment. Quand on est sur le podium, qu’on entend la Marseillaise, et qu’on voit tout le monde heureux après ma performance – car toute l’équipe de France sait par quoi je suis passé – ça donne des frissons, et ça donne envie de revivre des moments comme ça. Quand ça arrive, on n’oublie pas par quoi on est passé, et ça donne un goût particulier à la victoire.

Par le passé, vous avez eu des soucis pour prendre du muscle, ce qui a un peu freiné votre progression. Comment avez-vous remédié à cela ?

Cela a pris du temps, pour se rendre finalement compte que la musculation traditionnelle n’était pas forcément faite pour moi. Très tôt, j’ai eu de bonnes capacités physiques et de bons résultats, avant d’être un peu freiné par des blessures. J’ai eu une pubalgie que j’ai traînée vraiment longtemps. Je me suis blessé à cause de la musculation. On a réussi à régler ce problème il n’y a pas si longtemps que ça, fin 2019. J’ai donc pu reprendre la musculation, mais je me suis à nouveau blessé, au genou. On s’est donc dit que ça ne servait à rien de s’obstiner dans cette voie-là. Du coup, maintenant, je fais ma musculation sur le vélo. C’est beaucoup plus spécifique, je fais des efforts sur le vélo avec un gros braquet. Pour l’instant, ça me convient plutôt bien. Le plus important, c’est que moi, j’y crois. Je pense que cette méthode est bien pour moi. Quand j’ai commencé le vélo et la piste, c’était pour faire du vélo .

Je sais qu’il faut faire de la musculation, car c’est un sport de puissance et de force. On a besoin de ce complément. Mais jongler entre les deux, avec beaucoup de vélo, ça me convient parfaitement. Entre l’hiver dernier et le début de saison, je n’ai jamais passé autant de temps sur mon vélo, que ce soit sur piste ou sur route. Et ça a l’air de plutôt bien fonctionner.

« Avec Sébastien, nous sommes adversaires depuis que nous sommes en Poussins ! »

Comment est l’ambiance en équipe de France, et comment gère-t-on le fait d’être collègue en vitesse par équipes et adversaires le lendemain sur l’individuel ?

Pour l’ambiance générale, on est tous assez jeunes et on se connaît depuis maintenant pas mal d’années. On progresse tous ensemble. Dans le groupe sprint, Seb [Vigier] et moi, nous sommes les plus vieux alors qu’on a 25 ans. On est vraiment sur une bonne dynamique, on sait tous ce qu’on a à faire pour progresser ensemble et aller le plus haut possible.

Concernant le fait d’être adversaires sur les épreuves individuelles, je vais prendre l’exemple de Sébastien. Nous sommes adversaires depuis que nous sommes en Poussins ! On a commencé le vélo la même année, dans le même département. Du coup, depuis que nous sommes petits, on a l’habitude de se côtoyer et d’être adversaires. On est assez proches, dans la vie on est potes. Pendant toutes ces années, on s’est aidé mutuellement à progresser. Même si nous sommes adversaires, c’est plus un point positif de vivre les compétitions ensemble, qu’un point de tension.

Après les Championnats européens, vous êtes allé aux championnats de France, avec un titre remporté sur le kilomètre. C’était l’objectif ?

Oui, j’étais parti avec l’objectif de gagner le « kilo », et de prendre du plaisir sur la vitesse et le keirin en essayant de finir sur le podium, parce que la piste de Hyères est dans un cadre sympa. On a commencé avec la vitesse, et mon genou a commencé à me faire mal, donc je n’ai pas fini l’épreuve. Le lendemain, il y avait le kilomètre et ça me tenait à cœur de le faire avec le maillot de champion d’Europe. Du coup, j’ai un peu serré les dents et j’ai fait ce qu’il fallait pour au moins ramener ce titre-là. Ensuite, pour le keirin, j’ai décidé de faire l’impasse et de ne pas prendre de risques.

« Paris 2024, c’est l’objectif d’une carrière »

Les Mondiaux, à la maison, arrivent vite. Quels sont vos objectifs ?

On n’a pas encore la sélection [décision le 4 octobre, NDLR], mais j’ai ma place pour le kilomètre en tant que champion d’Europe. Je sais que je ferai cette épreuve, et il va y avoir du niveau, ce sera plus relevé qu’aux Championnats européens. Il va falloir que je fasse mon record personnel, et j’aimerais bien décrocher une médaille sur le kilomètre.

Est-ce que la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines a des spécificités ?

Elle fait partie des pistes les plus rapides au monde, parmi celles qui se trouvent au niveau de la mer, parce qu’elle est très, très large. Le bois rend bien, quand il est bien chauffé, la piste va super vite. Ensuite, c’est une piste qui n’est pas compliquée, contrairement à celle des Championnats européens, et c’est très agréable de rouler dessus.

Cela va aussi permettre de prendre des repères avant les Jeux de Paris 2024 ?

Oui, on y pense forcément, depuis que l’annonce des Jeux à Paris a été faite. Dans une carrière, tous les athlètes olympiques rêvent d’avoir les Jeux olympiques chez eux, à la maison. Notre génération va avoir l’occasion de vivre ça. Tout le monde va vouloir y être, c’est dans toutes les pensées, dans toutes les têtes. C’est l’objectif d’une carrière, d’y être et d’y performer.

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