Raphaël Lutard, au bord de son Mini 6.50 Arkema 3, est arrivé hier en Martinique après plus de 18 jours de navigation en solitaire, ce qui l’a placé 18e de la seconde étape de la Mini Transat – La Boulangère 2019. Il raconte les soucis techniques qu’il a rencontrés.
Comment allez-vous après 18 jours de navigation en solitaire ?
Je suis bien content d’être arrivé ! Ce fut une longue et difficile traversée de l’Atlantique, très solitaire. Cela fait du bien de voir du monde !
Ce devait être une deuxième étape de tous les records, elle fut finalement très longue. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Ce fut une 2e étape record pour les premiers… mais j’ai vraiment eu l’impression que chaque phénomène météo se refermait derrière eux. Nous avons rencontré des grains et beaucoup de zones sans vent sur la trajectoire nord. Je m’attendais à avoir une longue houle pour avancer, mais la mer n’était pas ordonnée du tout. Parfois, je surfais une vague et m’en prenais une autre par le travers… Ce n’était pas réellement des conditions pour la vitesse, surtout avec plusieurs soucis techniques.
Quelle était la nature de ces avaries ?
Elles ont commencé avant même le signal de départ de la 2e étape. J’avais modifié un câble défectueux la veille, celui qui fait la connectique entre l’aérien et l’antenne VHF en tête de mât. Tout fonctionnait bien lors de la mise en place mais une fois sur l’eau, je me suis rendu compte que le câble se déconnectait. Je suis donc rentré au port pour monter en tête de mât et mieux le sceller. J’ai pris le départ quelques minutes après la flotte, donc ce n’était pas rédhibitoire. Mais dès la première nuit, lors d’un départ à l’abattée, quand le bateau a enfourné violemment dans une vague, tout s’est à nouveau déconnecté… J’ai fait la traversée sans aérien, donc sans aucune information sur le vent et sa direction. Dès que j’allais dormir, je mettais le pilote automatique en mode compas mais ce n’était vraiment pas idéal. La deuxième grosse avarie concerne la quille qui s’est mise à beaucoup bouger en dessous du bateau. Plus j’allais vite, plus elle bougeait. J’ai réellement eu peur de la perdre et ai donc décidé de réduire mon allure pour préserver le bateau.
Comment avez-vous réussi à tenir moralement ?
Lorsque l’on participe à la Mini Transat, on peut avoir deux objectifs distincts : faire un résultat sportif ou partir à l’aventure. Je suis parti des Canaries avec le premier en tête, qui a rapidement évolué vers le second. Mon seul objectif était de terminer la course avec un bateau en bon état à l’arrivée.
Quelle a été la plus grande difficulté sur cette traversée ?
La solitude. Ma radio VHF ne captait pas bien et je suis resté pendant 6 jours sans parler à personne. C’était un peu dur à vivre. Tu cogites, tu te questionnes… mais cela est dû aux soucis techniques que j’ai subis. Cette solitude m’aurait moins pesé si j’avais été dans la compétition sportive. Je suis satisfait de ce que j’ai fait, content d’être arrivé mais surtout soulagé ! Je vais enfin pouvoir me reposer !