Ministère des Sports : une tête et des jambes ?

Depuis quelques années, le ministère des Sports a été démantelé. Silencieusement mais efficacement. La création de l’Agence du sport et le transfert des personnels des directions régionales de la jeunesse et des sports dans les services de l’Éducation nationale en sont le dernier avatar.  Il est temps d’en prendre acte politiquement et de commencer à travailler différemment.

 
Depuis 18 mois, le ministère des Sports a subi une impressionnante vague de réformes : en vrac, coupure du lien entre la jeunesse et les sports, création d’une délégation aux Jeux olympiques et paralympiques placée sous la tutelle du Premier ministre, volonté de rattachement des CTS, bras armés du ministère, aux fédérations, diminution drastique des crédits, fusion des inspections générales de l’Éducation nationale et de la jeunesse et des sports, mise en place d’une Agence du sport à la gouvernance partagée, ayant vocation à se substituer en grande partie au ministère, et enfin, selon un article de presse récent de l’Équipe, rattachement des personnels des directions régionales de la jeunesse et des sports aux services déconcentrés de l’Éducation nationale. Ces remises en question des compétences du ministère s’inscrivent au demeurant dans la continuité de ce qui a été conduit depuis une quinzaine d’années avec la création de l’Agence française de lutte contre le dopage, la mise en place d’une délégation aux grands évènements sportifs, la création du comité français du sport à l’international, ou encore le rattachement des personnels du ministère au secrétariat général du ministère des affaires sociales…
Que reste-t-il aujourd’hui du ministère des sports ? Plus grand-chose. Des agents d’une direction centrale qui pilotent de loin des établissements ayant de facto pris leur indépendance (INSEP, CREPS, écoles nationales). Des personnels en services déconcentrés qui jouent un rôle important sur la formation et la certification, dans un contexte où la réglementation de la profession d’éducateur est très contestée… Et, au-dessus d’eux, une ministre qui porte une parole politique attendue du secteur, mais avec des troupes aujourd’hui très parsemées.
On dit d’un corps sans tête qu’il peut continuer à courir… mais quid d’une tête sans corps ? Ce constat doit-il conduire à acter politiquement la suppression dans les faits du ministère ?
RLSF a déjà répondu à cette question sur le fond dans son rapport de juillet dernier : l’État doit selon nous maintenir une présence forte sur le sujet tout en recentrant ses missions sur les axes stratégiques de la réduction des inégalités sportives, l’éthique et la sécurité des activités, et la formation du personnel d’un secteur en forte expansion.
L’urgence est donc d’abord de donner un sens à ces manœuvres tous azimuts, puis de confier à des acteurs solides la déclinaison des politiques décidées au plus haut niveau. À cette fin, nous proposons aujourd’hui d’assumer la disparition de la direction des sports, qui ne nous semble plus disposer de la taille critique pour mettre en œuvre les politiques sportives et de confier à des acteurs puissants et pertinents la déclinaison des axes prioritaires : réduction des inégalités sportives à l’Agence du sport, formation des éducateurs sportifs à l’enseignement supérieur, sport santé au ministère en charge de la santé… La ministre des Sports, placée directement auprès du Premier ministre, pourrait bénéficier d’un rayonnement interministériel qui lui est aujourd’hui nécessaire pour faire avancer les grands chantiers du sport français. Sans direction centrale dédiée, elle pourrait cependant s’appuyer sur un décret d’attribution large lui attribuant une certaine autorité sur les grandes directions de l’État pour exercer son activité (direction générale de l’enseignement scolaire, direction générale de l’enseignement supérieur, direction générale de la santé, direction de la jeunesse, direction générale de l’emploi…), plaçant ainsi le sport au cœur d’autres politiques publiques.

Par Rénovons le sport français
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