Durant la période de crise sanitaire, l’Union nationale du sport scolaire a tenu bon. Comme l’explique Nathalie Costantini, directrice nationale de l’UNSS, elle a su innover et s’adapter au contexte pour répondre aux attentes des élèves.
Comment l’UNSS traverse-t-elle cette période de crise sanitaire ?
Le premier confinement a été pour nous un temps de réflexion. Nous nous sommes rapidement rendu compte que la situation était complexe et qu’elle le serait également à la rentrée. Nous avons ainsi construit un plan scénarisé avec trois protocoles différents. Ce plan permettait de pouvoir assurer la continuité de la pratique sportive tout en tenant compte du contexte sanitaire de chaque territoire. Le premier protocole consistait à la mise en place des gestes barrière. Le deuxième protocole prévoyait des règles plus strictes qui interdisaient certaines activités, notamment toutes les activités de contacts. On réduisait autant que faire se peut les brassages. Enfin, le troisième protocole prévoyait la mise en place d’une pratique virtuelle, ainsi que des éléments type master classes et formations, notamment à destination des Jeunes officiels. Le fait d’avoir travaillé depuis le début de l’été sur ces trois scénarios a permis, en fonction des territoires, à chacun des cadres de faire son programme en tenant compte de ses principes et en évoluant en fonction de la crise sanitaire. De fait, nous avons eu des territoires où des activités sportives ont pu se dérouler. Sur d’autres territoires, aucune pratique sportive n’a pu avoir lieu. Les choses ont donc été très différentes d’un lieu à l’autre. Néanmoins, cette période a été l’occasion de voir des territoires s’orienter vers de nouvelles formes de pratiques de type challenges et défis, qui se sont déroulées soit au sein des établissements, soit dans des structures sportives. Ces challenges et défis ont permis de montrer ce qu’est l’essence même de l’UNSS. Nous avons pu garder les éléments structurants de l’UNSS, c’est-à-dire la rencontre, le travail par équipe, le plaisir de faire, la découverte de l’activité nouvelle et la mise en perspective vers des rencontres possibles. Pour la fin d’année, nous mettons d’ailleurs en place des Trophées des AS, avec une trentaine d’épreuves qui sont le reflet des challenges qui ont été organisés.
Il n’y aura donc pas de championnat de France UNSS en 2021 ?
Pour l’année scolaire 2020-2021, il n’y aura en effet pas de championnat de France. C’est une décision que nous avons prise dès le confinement annoncé en novembre. Cela ne veut cependant pas dire qu’il ne pourra pas y avoir des compétitions à un moment donné. Mais un championnat de France nécessite des qualifications, lors desquelles les élèves sont parfois très nombreux et regroupés. Afin d’éviter de se retrouver en difficulté, nous avons donc préféré annuler les championnats de France.
Les enseignants d’EPS ont-ils particulièrement su faire preuve d’adaptation durant cette période ?
Ce dont je me rends compte, c’est que le sport scolaire a joué un rôle important durant cette période. Si c’est le cas, c’est parce que les professeurs d’EPS ont joué un rôle capital au sein de leurs établissements, mais c’est aussi parce que les cadres UNSS ont été très actifs. Par les propositions qui ont été faites, ils ont permis d’offrir une respiration et de faire fonctionner le sport scolaire. Nous avons bien vu que le maillage de l’UNSS était positif. En période de crise, nous avons été les seuls à pouvoir assurer une activité.
Qu’en est-il de l’impact de cette crise sur les licences ?
Nous avons noté une baisse d’environ 26 % de nos licenciés. C’est un chiffre qui correspond aux élèves qui faisaient de la compétition. Ce dont on se rend compte, c’est que nous avons réussi à avoir de nouveaux licenciés qui sont des jeunes qui ont découvert l’UNSS parce que les clubs étaient fermés. Ils ont aussi osé venir à l’UNSS, notamment parce que nous avons vraiment mis en avant les pratiques promotionnelles.
L’UNSS s’est donc montrée plus innovante à l’occasion de cette période ?
Oui j’en suis convaincue, l’UNSS a su innover. Comme beaucoup, nous nous sommes interrogés sur notre modèle économique et nos formes de pratiques. Dans les périodes de crise, nous sommes obligés d’avoir d’autres formes de réflexion. Cela a été le cas à l’UNSS. Nous avons apporté la preuve que l’association sportive ne peut pas fonctionner toute seule. Il arrive forcément un moment où les jeunes ont besoin de se confronter, au sens noble du terme. Le maillage de l’UNSS, ainsi que les relations que crée l’UNSS entre les établissements, sont essentiels.
Quel rôle a joué la dimension digitale ?
Nous avons montré que le sport scolaire était capable d’agir avec le numérique. Le sport scolaire c’est de la pratique, mais l’outil numérique a été également d’une grande utilité pour avancer. Nous avons profité de cette période pour faire énormément de formations, notamment en visio. Même si ce n’était pas en présentiel, nous n’avons jamais autant rencontré les cadres UNSS que durant cette période. Nous avons aussi utilisé cet outil numérique pour mettre en place des actions, je pense au projet Virtual Regatta créé avec la fédération Française de Voile. Les formations Jeunes officiels ont été mises en ligne et sont accessibles pour les élèves. Cette auto-formation leur permet d’avancer comme ils le souhaitent. Lorsque les pratiques reprendront, ils pourront se tester sur de nouvelles activités.
Face à la sédentarité, le sport santé devient-il d’autant plus une priorité pour l’UNSS ?
Tout à fait, nous avons notamment souhaité construire un programme axé sur la nutrition et les tests de valeurs physique. Sur tous les territoires, ce programme va permettre de faire passer des tests de valeur physique aux jeunes de façon à ce que nous puissions produire un état réel des capacités physiques de nos élèves à la fin de cette année scolaire. Le but n’est pas d’être dans la sanction, mais dans la compréhension. Cette idée de valeur physique est quelque chose qu’on retrouve dans beaucoup de challenges qui ont été mis en place.
Le sport va devenir une spécialité au baccalauréat des 2021. Est-ce justement, à vos yeux, une reconnaissance pour le sport scolaire et pour l’UNSS ?
Je pense en effet que c’est le reflet du travail de tout le monde. Cela met en évidence le fait que par le sport, on peut réussir un parcours professionnel. C’est une vraie reconnaissance de cette voie d’excellence qui est le sport. Quand on parle d’excellence, on a souvent tendance à parler de la pratique de très haut niveau. Mais là, on est sur tout à fait autre chose. On est sur la reconnaissance du travail effectué au sein du sport scolaire, notamment par l’UNSS, qui montre qu’il est possible de développer des capacités et des voies autour du sport.