Médaillée d’argent aux Jeux paralympiques de Tokyo en paracanoë, Nélya Barbosa ne se met pas de pression, mais reste consciente de son niveau pour Paris 2024.
Rencontre avec le canoë
Nélya découvre le kayak à 12 ans lors d’une colonie de vacances en Corse. Dès ses premiers essais, elle tombe amoureuse de ce sport, apprécié pour son cadre naturel et son aspect individuel. “J’ai direct flashé avec le kayak parce que c’est un sport qui se pratique en nature et moi, j’ai besoin d’être à l’extérieur”. “ Le fait d’être en individuel ça me permet aussi d’être dans ma bulle et d’être un peu tranquille.” Contrairement aux sports où l’on doit courir et porter son propre poids, le kayak offre une expérience unique où le bateau supporte le corps, procurant une sensation agréable et libératrice. “Là, c’est le bateau qui nous porte et c’est agréable” De retour en Île-de-France, elle convainc sa mère de l’inscrire dans un club local, où elle commence par pratiquer le slalom, qui est la discipline de Tony Estanguet.
Du slalom au para-canoë
“ Il a fallu que je fasse une petite adaptation et ça s’est bien fait.” À 19 ans, Nélya subit une amputation due à une neurofibromatose, une maladie génétique. Malgré ce défi, elle reste déterminée à poursuivre sa passion pour le canoë. Peu à peu, elle découvre le paracanoë, une discipline distincte du slalom. Alors que le slalom se pratique en eau vive avec des rapides et des manœuvres complexes, le para-canoë se déroule sur une eau plate et consiste en des sprints de 200 mètres. Cette transition exige une adaptation, mais Nélya la réalise avec succès, trouvant une nouvelle voie dans le paracanoë.
“L’amputation n’a absolument pas été un frein ”
Nélya voit son amputation non pas comme un obstacle, mais comme une opportunité de revenir encore plus forte. “Au contraire, j’avais la volonté de revenir très rapidement sur le slalom, de continuer la compétition.” Elle poursuit d’abord le slalom, avant que l’idée des Jeux Paralympiques ne s’impose progressivement. “ Au départ, ce n’était absolument pas un projet. Je ne pensais pas avoir le niveau pour pouvoir performer aux Jeux paralympiques.” Avec le temps, elle s’entraîne intensivement et se qualifie pour les compétitions internationales, devenant une figure montante du para-canoë.
Une rencontre fortuite qui la propulse vers Tokyo
La perspective des Jeux de Paris motive Nélya à embrasser le paracanoë. Une rencontre avec un ancien athlète olympique la conduit à l’entraîneur de l’équipe de France. Elle réussit ses premières compétitions de sélection et décroche son quota pour les Jeux de Tokyo, où elle remporte une médaille d’argent. “On visait Paris, et j’ai fait les jeux de Tokyo plus tôt que prévu.”
“On passe de la petite athlète à un peu la tête à abattre ”
Cette médaille olympique transforme son statut, attirant sponsors et reconnaissance dans le monde du sport paralympique. “Pour les Jeux de Tokyo, je cherchais des sponsors pour m’aider à financer mes saisons. Et après les jeux de Tokyo, les sponsors venaient directement vers moi. En plus avec les jeux de Paris, il y avait une approche vraiment différente. Une volonté d’avoir une grande diversité et moi, je cochais ces cases-là.” Ce qui lui vaudra ses sponsors actuels.
Paris 2024, pression et objectifs
Nélya aborde les compétitions avec une philosophie de concentration et de gestion de la pression. “Ça reste un 200 m, ça reste une compétition. Des compétitions internationales, on en fait plusieurs par an.” Ceci dit, Nélya ne se repose pas ses lauriers pour autant. “Je ne peux pas arriver sur une compétition en me disant que je vais faire une médaille parce que je l’ai fait sur les dernières compétitions internationales.” Elle refuse de se laisser submerger par les attentes, préférant utiliser l’émulation pour se renforcer. Chaque compétition est unique, et elle reste consciente de l’évolution du niveau mondial, où chaque athlète du top 7 peut potentiellement gagner. “Je peux très bien faire première comme 7e.”
Entraînements et stratégies
“Plus on va se rapprocher des jeux, plus l’entraînement sera spécifique.” À un mois et demi des Jeux, Nélya suit un régime d’entraînement biquotidien, combinant kayak, musculation et aérobie. Sans catégories de poids dans le paracanoë, elle doit compenser sa légèreté par une augmentation de la masse musculaire. Bien que plus légère, elle utilise cette caractéristique à son avantage, s’inspirant d’athlètes similaires. “Il y a aussi des filles qui ne sont pas très grandes et qui arrivent à performer donc j’ai envie de m’en inspirer.”
Inspiration et passion
Nélya trouve son inspiration dans des figures comme Nouria Newman, qui a su imposer ses passions au sein de son parcours sportif. “Moi, je me reconnais un peu dans son histoire.” Elle partage cette vision de poursuivre ses intérêts personnels tout en évoluant au plus haut niveau. “Je veux pouvoir pratiquer ce qui me passionne. Même si j’aime beaucoup la compétition, j’aime avant tout le Kayak.”
Représentation et Héritage des Jeux
Les Jeux Paralympiques représentent pour Nélya le sommet de sa carrière, une récompense pour ses efforts quotidiens. “Les Jeux, c’est un peu le Graal, c’est un peu la récompense. C’est ce pourquoi je m’entraîne au quotidien.” Elle souhaite profiter pleinement de chaque instant pour ne rien regretter. Cependant, elle craint l’après-Jeux, espérant que l’on donne une place plus importante au sport dans la société, et cela dès l’école. “À l’école, on ne pratique pas assez de sport et encore moins le sport universitaire, c’est indispensable pour le bien-être des gens.”
Nélya s’inquiète aussi pour le peu de visibilité des petits sports comme le kayak. “On a besoin de parler de nous, car c’est comme ça que l’on se développe. C’est aussi comme ça que l’on découvre de nouveaux talents.” “La deuxième chose qui me fait peur, c’est ce résultat. Je me dis quoi qu’il arrive comment je vais rebondir ?” Pour surmonter cette période, elle envisage de se concentrer sur de nouveaux objectifs, notamment en slalom, afin de maintenir sa passion et sa motivation intactes. Nélya incarne la résilience, la détermination et la passion, naviguant avec grâce entre les défis personnels et les exigences du sport de haut niveau. Son parcours est une source d’inspiration pour tous ceux qui aspirent à surmonter les obstacles et à atteindre l’excellence dans leur domaine.
Par Aurore Quintin