Sous contrat avec le CSP jusqu’en 2025, Nicolas Lang revient sur sa belle saison dernière et évoque les ambitions limougeaudes pour ce nouvel exercice 2022-2023. Championnat, Ligue des champions, le club de Haute-Vienne veut jouer sur plusieurs tableaux.
Nicolas, comment se sont déroulées l’intersaison et la préparation au CSP Limoges ?
L’intersaison s’est bien passée pour moi, j’avais de la stabilité, puisque j’avais signé pour trois ans. Je savais que je n’allais pas bouger. Après, bien sûr, même quand tu ne bouges pas, tu suis avec intérêt ce qui se passe au club, quels joueurs vont venir, quels joueurs partent. On a eu beaucoup de changements, mais tout s’est bien passé dès la préparation. Il faut forcément un peu de temps pour intégrer tout le monde, mais ça va nettement mieux au fil des semaines, on voit du progrès.
Justement, comment est-ce que vous jugez l’effectif de cette année par rapport à celui de l’an dernier ? Pensez-vous être aussi compétitifs ?
On verra au fil de la saison, parce que si on m’avait posé la même question l’année dernière au début du championnat, j’aurais clairement dit qu’on n’allait pas être compétitifs parce que j’avais pas mal de doutes, comme beaucoup d’autres personnes. Finalement, il s’est passé quelque chose, une alchimie s’est créée. Il y a eu une blessure qui a fait que C.J. Massinburg est arrivé et a vraiment apporté quelque chose à l’équipe. Ce sont des petites choses qu’on ne peut pas savoir en amont. Mais je pense qu’on a une bonne équipe, intrinsèquement, il y a de bons joueurs.
Ce qu’on ne sait pas en début de saison, c’est si la mayonnaise va prendre ou pas. Il y a 18 équipes sur la ligne de départ, et on ne sait pas encore qui s’en sortira le mieux. De notre côté, on va essayer de mettre un peu les mêmes ingrédients sur le caractère de l’équipe, sur les valeurs qu’on avait l’année dernière pour essayer de les transposer. Mais c’est une nouvelle équipe, avec de nouveaux individus, donc il ne faut pas faire du copier-coller.
« Même dans de belles saisons, tout n’est pas rose »
Quel bilan faites-vous de la saison dernière sur le plan collectif (4e de la saison régulière, élimination en quarts de finale des play-offs) et d’un point de vue individuel (élu dans le 5 Majeur de la saison) ?
Je suis satisfait, la saison a été bonne collectivement et individuellement, mais malgré ça, je n’ai pas l’impression que tout a été parfait non plus. Et c’est à ça que se résume le basket de haut niveau. Il faut toujours rester dedans. Dans une saison – et même dans de belles saisons – il y a toujours des moments très compliqués. L’an passé, on a eu de gros trous d’air, on a perdu quatre matchs de suite entre mi-janvier et mi-février, et c’est là où on ne s’est pas désuni. Moi, je me suis quand même fait trois entorses en quasiment deux mois. Finalement, j’ai mis un peu de temps à revenir, avant d’avoir de nouveau le Covid, ce qui a fait que j’ai manqué de rythme ensuite. Ce n’était rien de grave, et j’ai finalement fait une belle saison, mais ça me fait dire que même dans de belles saisons, tout n’est pas rose, et il faut être capable de rester soudés.
Cette année, d’anciens et d’actuels internationaux reviennent dans le championnat de France. Est-ce que cette saison de Betclic Elite va être la plus excitante jamais connue en France ?
Je ne sais pas, il faudra voir. Mais en tout cas, bien sûr, le fait d’avoir deux équipes en Euroligue, c’est génial. D’avoir des joueurs comme Nando de Colo et Joffrey Lauvergne qui reviennent, d’avoir pu garder Elie Okobo qui aurait pu partir à l’étranger, d’avoir Mike James à Monaco, David Holston à Dijon, ça fait des joueurs de talent. Et il y aura aussi des révélations. Clairement, la saison est très excitante. On sait qu’il y a huit spots pour les play-offs, et il y a bien douze équipes qui peuvent y prétendre. Mais quand je dis douze, c’est sans compter sur les deux formations qui seront les équipes surprises de la saison. Cela fait beaucoup de monde, et c’est vraiment excitant.
« Accrocher une place en play-offs et voir plus loin ensuite »
Pour le CSP Limoges, l’objectif, c’est une place dans le top 8 de la saison régulière ?
Ce serait dans la logique des choses. On ne va pas avoir en tête de faire moins bien que l’année dernière. Dans toutes les équipes pour lesquelles j’ai joué, le but a toujours été d’être d’abord dans le top 8 pour la Leaders Cup, et prendre ensuite étape par étape. On a aussi la Ligue des champions, où tout va se dessiner très rapidement puisqu’il n’y a que six matchs. Je me concentre sur des objectifs à court terme. Même si j’étais à Monaco ou à l’Asvel, je ne dirais pas que je veux être champion de France tout de suite. Il y a tellement de choses qui peuvent se passer… Il faut déjà assurer l’essentiel, et accrocher une place en play-offs avant de voir plus loin ensuite.
Quand on joue pour le CSP Limoges, et qu’on a face à soi deux mastodontes comme Monaco et l’Asvel, qui ont des budgets bien plus élevés, on croit toujours à la possibilité d’aller chercher des titres ?
Oui, parce qu’on sait que c’est compliqué. Il ne faut pas parier, mais si on demandait en début de saison de miser sur un favori, les gens mettraient l’Asvel ou Monaco. Cela peut se comprendre. Mais, on l’a vu à l’Euro, on ne sait jamais ce qui peut se passer. L’an dernier, avant de se retrouver en finale, les deux équipes ont failli se faire sortir dès les quarts de finale [Monaco contre Strasbourg, l’Asvel contre Cholet]. Il peut aussi y avoir des blessures au mauvais moment, il y a beaucoup d’aléas qui peuvent perturber une saison.
« Qu’un Français soit champion NBA, les Limougeauds s’en tapent ! »
Les bons résultats des équipes de France à l’échelle internationale aident à la mise en lumière du basket tricolore. On sent un engouement croissant autour du basket en France. C’est le cas aussi à Limoges ?
Limoges, c’est un peu unique. Je ne pense pas que les gens suivent particulièrement le basket français, il y a surtout un gros engouement pour le CSP quoi qu’il se passe, que ça se passe bien ou mal. Ensuite, qu’un Français soit champion NBA, je pense qu’ils s’en tapent ! Ils n’ont pas besoin d’attendre que l’équipe de France fasse un résultat pour s’intéresser au basket, alors que dans les grandes villes, on a tendance à plus suivre l’équipe de France, et ce que font les équipes tricolores en Euroligue. Ce sont deux mondes à part.
Et la vie à Limoges, c’est sympa ?
Moi, j’adore, vraiment ! Avant Limoges, j’avais joué dans de grandes villes, mais il y a un âge pour tout. Maintenant, j’ai ma femme et mes deux enfants, on est posé, on sent beaucoup de respect de la part des gens et on adore leur mentalité. J’aime beaucoup. Je ne connaissais pas du tout avant d’y aller. C’est sûr que, quand tu vois ça de l’extérieur, avec la pression autour du club, tu peux te dire : « C’est quoi cette ville ? » Mais à force d’y être, de côtoyer les gens, on s’est bien acclimaté et c’est un plaisir d’être ici.