Nicolas Vandenelsken : « Je n’établis pas de records pour que l’on note mon nom quelque part »

© Rodolphe Escher/MAIF

Nicolas Vandenelsken, éco-aventurier faisant partie du mouvement MAIF Sport Planète, nous a accordé une interview… en courant sur le GR34. Il revient sur l’idée de battre ce record détenu par Jérémy Desdouets mais aussi toute la partie sensibilisation et l’héritage qui sera laissé.

De quelle manière est venue l’idée de battre le record du GR34 détenu par Jérémy Desdouets ?

Cette idée de record du GR34 ne vient pas vraiment de moi, mais d’un ami breton qui, depuis deux ans, me suit sur pas mal d’aventures. Je me suis toujours fait un peu chambrer par les Bretons parce que j’ai pas mal coupé la Bretagne sur le Tour de France en courant. J’apprécie énormément la Bretagne, car je viens m’y ressourcer une semaine à chacune de mes éco-aventures. En octobre 2022, il me dit : “Tu sais que Jérémy Desdouets a établi le record du GR34 en 2021 ?” Il y avait eu de nombreux articles de parus relatant que 44 communes bretonnes étaient menacées par la montée des eaux. Cela m’a trotté dans la tête et lors des 110 marathons, je me suis convaincu que cela pourrait être un prochain défi.

Vous en êtes quasiment à la moitié de votre défi (il courait la 9e étape lors de l’interview, ndlr.). Comment ça se passe pour le moment ?

Je pense qu’aujourd’hui (jeudi), je vais me rapprocher des 800 km. J’étais proche des 700 km. Ça se passe vraiment bien. Je crois que j’ai un peu plus d’un jour d’avance sur le record actuel. Je m’étais fait une grosse frayeur lors de la troisième étape puisque je m’étais blessé à la cheville. Elle avait bien gonflé. J’ai serré les dents pendant trois jours, jusqu’à la sixième étape. Durant le record, on essaie d’être accompagné aussi par du personnel médical quand on peut parce qu’il y a un partenariat avec les Ostéopathes de France. J’en avais vu un premier sur la première étape pour m’aider à la récup et un kiné qui m’a pansé à la cheville. C’était primordial que je vois quelqu’un à la sixième étape parce que je ne sais pas comment j’aurais pu continuer. Lundi, je suis tombé sur un ostéopathe à Lannion, qui était génial. Je pense qu’il m’a sauvé la cheville en faisant une séance de récupération. Même si j’ai encore un peu mal, je sens que ma cheville va beaucoup mieux. Je peux poursuivre les grosses étapes. Hier (mercredi 7 juin, l’interview a été réalisée le jeudi 8 juin, ndlr.), je suis parvenu à courir 97 km. Tout ce qui se passe autour me plaît avec toutes les énergies, toutes les sensibilisations que l’on fait. Certes, je cours, mais derrière, il y a aussi les personnes de mon équipe, dont Charly et Dimitri à vélo, qui interviennent dans les écoles pour sensibiliser sur l’érosion des côtes. Jérôme, qui est en van électrique, s’occupe des photos et vidéos de la tentative de record et du ravitaillement. Nous avons aussi une cagnotte en ligne qui commence à grossir (Rand’eau Raid 34). Cette cagnotte servira à financer les acteurs locaux qui préservent les littoraux bretons.

« Différentes formes d’héritages seront laissées une fois le défi terminé »

Charly et Dimitri sont en charge de la sensibilisation de l’érosion des côtes dans les écoles. Quels sont les retours que vous avez sur ces rencontres ?

Les enfants sont très réceptifs. Ils sont de plus en plus sensibilisés. Les enfants de Bretagne sont plus conscients des enjeux de préserver ces littoraux, car ce sont leurs terrains de jeu. Des enseignants sont très investis sur le sujet. On leur raconte aussi ce qui se passe sur d’autres côtes françaises. On a fait un kit pédagogique à distance et donc ça leur permet de me suivre, de suivre l’histoire.

Depuis le début du défi, qu’est-ce que vous avez constaté comme changements liés au réchauffement climatique ?

Cela se voit assez facilement. Je pense que ce sont les Bretons qui témoigneront le mieux des changements ici sur le territoire. Même si je ne suis pas breton (il est originaire du Nord), je le constate assez aisément sur les sentiers du GR 34 où on ne peut plus passer. Cela m’est arrivé pas mal de fois de voir un “Sentier interdit” à cause des éboulements sur la côte. Le trait de côte est régulièrement modifié en raison de l’érosion. En discutant avec les locaux, on apprend pas mal de changements au niveau de la biodiversité et des espèces menacées. C’est assez palpable et inquiétant.

L’objectif de cette tentative de record est-il une opération sportive qui va servir de support pédagogique pour aborder le dérèglement climatique à travers le sport ?

Ce que je dis souvent, c’est que je n’établis pas les records pour que l’on note Nicolas Vandenelsken quelque part. Je profite un peu du système dans lequel les histoires de record plaisent. Je m’en sers parce que je sais que ça va attirer. A l’inverse, je dis qu’il faut ralentir et prendre le temps. Ce n’est pas ce que je fais concrètement là, mais c’est ce qu’il faut faire. Pour pérenniser ce support, ça va être plein de choses, comme le kit pédagogique par exemple. Ça, c’est déjà une pérennité parce que les écoles dans lesquelles je suis intervenu suivent aussi ce projet. Pour continuer la sensibilisation, il y a la cagnotte. C’est-à-dire que plus il y aura de dons dans la cagnotte, plus on pourra financer et réaliser aussi des actions concrètes sur le territoire breton. Il y a certainement un film documentaire qu’on va faire puisque Jérôme est là aussi pour ça. Il y aura différentes formes d’héritage.

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