Noémie Equy, 24 ans, snowboardeuse. En 2023, elle décide de passer du snowboard freestyle au freeride. Cette année, pour sa première participation sur le Freeride World Tour, elle gagne le titre. Un titre qui n’a rien d’anodin puisque c’est la compétition la plus prestigieuse en freeride. La “crème de la crème”. Le gratin mondial.
Pourtant, Noémie n’a pas un parcours classique de la sportive de haut niveau. Depuis toute petite, elle est guidée par sa passion de la nature, de la montagne et du snowboard. Et elle a eu raison. Portrait d’une rideuse qui trace sa propre ligne.
Le snow comme une évidence ?
Noémie chausse le snow à 9 ans dans son club des 7 Laux. Elle suit tout simplement les pas de son grand frère, son modèle, dans un sport pourtant peu féminisé : “Je pense que je n’aurais jamais fait de snowboard si mon frère n’en avait pas fait, notamment parce que quand tu es une fille, ce n’est pas évident.” Mais directement Noémie participe aux compétitions régionales. Logique, puisqu’elle y retrouve son frère et tous ses amis du club. Au programme : fun et rigolade. Les compétitions lui plaisent parce que l’ambiance et la passion sont au rendez-vous. À ce moment-là, elle a la possibilité de suivre ses amis en entrant au pôle France pour faire du snow à haut niveau. Spoiler alerte : Noémie décide de faire un lycée “classique” tout en continuant le snow en loisir : “J’avais un peu peur que le snow à haut-niveau m’enlève la passion”. Mais c’est à 18 ans qu’elle se rend compte que ce qu’elle veut c’est “faire du snow à fond”. Après son bac, Noémie choisit alors des études qui lui permettent d’être suffisamment libre en hiver pour pratiquer, cette fois-ci, le snow à haut niveau.
Entre freestyle et freeride
Et pour ses débuts dans le haut niveau Noémie choisit le snow freestyle, cette pratique héritière du skateboard : avec son snow, elle réalise des figures et des sauts dans les snowparks. Un choix cohérent, car moins dangereux que le freeride. Mais aussi car elle a commencé le snow avec le freestyle, manque de clubs de freeride quand elle était jeune : “Le freestyle, c’est ludique et c’est une très bonne école du snow”. Elle baigne alors dans le freestyle de haut niveau pendant 4 ans, en compétition sur le circuit européen. Mais manquant en motivation et ne progressant pas assez pour monter sur le circuit mondial, Noémie prend un tournant dans sa carrière à l’hiver 2022-2023 : elle arrête le freestyle pour transitionner au freeride. ”Au fond de moi, je savais que, sur le long terme, j’avais plus envie de faire du freeride”. Depuis toujours passionnée de montagne, elle voulait retrouver des sensations d’enfance : la pratique du hors-piste et le goût pour la poudreuse.
Le plus grand circuit freeride
En 2024-2025, Noémie intègre le Freeride World Tour (FWT) : le circuit international et le plus prestigieux de snow freeride. Pour accéder à ce circuit restreint, il faut engranger suffisamment de points sur le circuit national (Qualifier), et si ce nombre de points le permet, il faut faire de même sur le circuit européen (Challenger). La rideuse qui gagne le Challenger Tour accède alors au FWT et en devient alors la seule représentante du continent européen. Coup de génie, l’année dernière Noémie remportait le Challenger, lui donnant l’opportunité de briller sur le FWT cette année.
En tout, le FWT c’est 50 riders : snow et ski freeride, hommes et femmes confondus. Ils participent tous à la même compétition, le même jour et sur la même montagne. Tout au long de la saison, ils vont rider six étapes différentes, sur lesquels ils sont notés par des juges. Une note sur 100 points où chaque rideur part avec 50 points.
Un parcours étudié en théorie, inconnu en pratique
Mais s’il n’y a pas de chronomètre, comment marquer des points en snow freeride ? Un run réussi sera quand la rideuse ira vite dans sa ligne, avec une bonne fluidité, et sautera de grandes barres rocheuses, en ajoutant le plus de figures possible. A l’inverse, il est possible de perdre des points en cas de chute, d’arrêt devant une barre rocheuse, ou si le run est trop lent. Pour chaque étape sur le FWT, la rideuse choisit son tracé à l’avance. La difficulté majeure en compétition : elle n’a pas le droit de rider la montagne avant l’épreuve officielle. Elle peut cependant, un jour avant la compétition, se rendre en bas de la face de freeride pour observer la ligne qu’elle va emprunter, aidée par les photos et vidéos du parcours. Et l’apprendra ensuite par cœur. Comment les juges en dégagent un classement général ? Ils prennent simplement les quatre meilleurs scores de chacune pour pouvoir les classer sur la saison. Avec toutes ces informations, vous pouvez maintenant suivre le Freeride World Tour sans soucis, et supporter Noémie sur la prochaine saison !
Le danger dans le freeride : partie prenante de la discipline
La peur – liée au danger – fait partie intégrante de la discipline pour l’ensemble des rideurs et rideuses. La peur est toujours présente : “Même quand tu acquiers une nouvelle compétence, tu vas ensuite vouloir faire quelque chose de plus dur, qui va te faire peur”. Pour Noémie, elle est importante, il faut qu’elle soit présente en montagne car il y a toujours des risques, mais il est nécessaire de la rationaliser, de la comprendre, et de la jauger.
Travailler avec la saisonnalité du sport
Noémie apprécie beaucoup la saisonnalité de son sport : loin d’être un inconvénient, elle en retire de nombreux bénéfices. L’hiver, elle s’y met à 100% : elle vit snowboard. L’été, c’est l’occasion de penser à autre chose, de découvrir d’autres milieux, et de reprendre de l’énergie pour l’hiver suivant. Elle se concentre sur la préparation physique et pratique également la randonnée, l’escalade, le vélo … un seul dénominateur commun : la nature ! La compétition étant actuellement terminée, elle profite de sa fin de saison pour retrouver le freestyle. Mais pas de panique, vous aurez l’occasion de revoir Noémie rider la poudreuse l’année prochaine sur le Freeride World Tour 2025-2026, où elle tentera de défendre son titre. Et elle également d’autres objectifs : progresser dans son snow, faire des runs avec plus d’engagement, et améliorer sa technique.
Une chose est sûre, Noémie participe à mettre en lumière le freeride en France, une discipline relativement méconnue, pourtant pleine de charme. Mais c’est surtout “un beau milieu dans lequel les filles et les femmes ont aussi leur place !”. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.