Intégré dans la liste des 86 athlètes soutenus par la Région Sud, le joueur de para-badminton Guillaume Charlot reconnaît avoir été surpris d’y figurer…
« Pour commencer, c’était une surprise pour moi. Je ne m’y attendais absolument pas et c’est vraiment très bien pour moi. Je suis dans une galère depuis un an, donc ça me permet d’avoir un grand bol d’oxygène et un grand soutien non négligeable. Je ne sais pas si, grâce à ça, ça a débloqué d’autres choses, mais depuis ce courrier, tout s’enchaîne. Je n’ai eu aucun soutien de la part de ma Ligue au début, la Fédération je n’en parle même pas. Pour la petite histoire, en novembre dernier, je fais troisième lors de mes premiers championnats d’Europe. La Fédération m’intègre donc à l’équipe de France en janvier avec des promesses. Un an après, rien n’a été fait, rien n’a été mis en place, aucune aide et aucun appui de la Fédération. Depuis, Fabien Jacob, le responsable de la Ligue PACA de badminton, a réussi à me faire finaliser le dossier avec la Région, qui me connaissait déjà. On attendait un retour de la Fédération, elle n’a rien fait donc Fabien s’en est occupé. J’ai découvert en août que j’étais dans la liste de la Région Sud. On m’a ensuite contacté pour intégrer le Pôle qui est à Hyères en tant qu’extérieur, selon mes disponibilités professionnelles. Les entraînements au Pôle sont en journée et professionnellement, ça ne fait pas rire mon employeur. Là, on est en train de voir quel créneau je peux utiliser et comment je peux m’arranger avec mon employeur. C’est déjà mieux que rien, parce que pendant un an, je n’avais aucun entraînement et aucune structure pour m’entraîner. J’ai passé une année un peu dans le flou. »
Une passion qui coûte cher
« C’est une fortune. Je vais vous donner un ordre d’idée : Canada, 1 800 euros hors billets d’avion, Turquie, 800 euros hors billets d’avion (1 200 euros avec les billets). Les Mondiaux étaient en Suisse, donc j’y suis allé en voiture pour m’éviter des frais. Au niveau de l’hôtel, je n’ai pas pris celui des organisateurs parce que c’est en moyenne du 4 étoiles. Y rester une semaine, ça pique ! Du coup, j’ai dormi au camping en France. Ça ne me gêne pas, parce que j’ai un camion aménagé en camping-car et ça m’a permis de considérablement réduire le budget. Les frais d’inscription pour les Mondiaux c’était 250 dollars, le Canada c’était 110 dollars, la Turquie 100 dollars. En moyenne, c’est entre 1 000 et 1 500 euros un hôtel. L’aide financière de la Région va me permettre de faire deux ou trois tournois supplémentaires, que je n’avais pas prévus initialement au calendrier. »
La route vers Tokyo 2020
« En badminton, la qualification est tellement difficile. Il y a 94 quotas, tous handicaps confondus. Il y a 6 catégories, hommes et femmes, donc ramener les 94 places à la parité puis selon les catégories, ça fait des tableaux de cinq à huit personnes au maximum ! Avec un seul athlète par pays. Actuellement, je suis numéro 2 français, donc je n’entre pas dans la qualification. Théoriquement, si un Français doit partir à Tokyo, c’est Méril Loquette, le numéro 1 français dans ma catégorie, qui va faire le voyage. Sauf blessure ou gros faux pas de sa part, ce qui ne risque pas d’arriver. C’est ultra compliqué pour se qualifier. Tous les tableaux hommes, femmes, doubles et mixte, ne sont pas représentés dans toutes les catégories. Dans ma catégorie, les SU5 (membres supérieurs), on a que le simple et éventuellement le double mixte, mais on n’a pas de joueuse française qui peut le jouer. Donc je n’ai que le simple, c’est un vrai parcours du combattant. Les places sont attribuées par rapport au nombre de lits. Ils ont attribué 94 lits pour le para-badminton. Aux Championnats du monde au mois d’août, on était dans un tableau de 32, c’était déjà plus «honorable», et en double on avait un tableau de 16. Mais aux JO, les quotas sont faits par rapport au nombre de lits attribués. »
Paris 2024
« Paris 2024, c’est déjà dans ma tête. Je n’étais pas structuré pour Tokyo et c’est compliqué de prétendre aller aux Jeux en étant autodidacte. La Ligue commence à me soutenir, avec l’aide de la Région. En plus, les tableaux devraient être élargis pour Paris 2024. En théorie, ce serait beaucoup moins compliqué pour moi d’accéder à Paris 2024 par rapport à Tokyo. Moi, ça fait seulement un an que je suis arrivé sur le para-badminton à l’international, je suis tout nouveau sur le circuit. À Paris, j’aurai 34 ans. »
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