À 46 ans, le sociétaire de l’Alliance Judo Limoges a conquis une dixième médaille d’or aux championnats du monde para-judo à Bakou le 9 novembre dernier. Un énième sacre concrétisant une force mentale « hors norme ».
Une belle histoire se dessine. 2004. Athènes. Dans le pays de l’olympisme, Cyril Jonard devient champion paralympique de judo. Atteint du syndrome d’Usher, sourd et malvoyant, le natif de Haute-Vienne peut boucler la boucle à Paris en étant à nouveau au sommet dans moins de deux ans.
Il vient de décrocher son ticket, grâce à sa participation aux championnats du monde de Bakou où, par surprise, il a remporté son dixième titre international dans la catégorie J1 (non-voyant). Il égale ainsi l’autre légende, valide, Teddy Riner, en nombre de sacres mondaux. “The King is back”.
Un parcours de champion
Tout n’a pas été simple pour arriver à cette dixième médaille d’or mondiale. En 2004, Cyril Jonard obtient son premier titre paralympique. Quatre ans plus tard, il repart de Pékin avec une médaille d’argent autour du cou. Durant cette décennie, il devient l’une des grandes références de sa discipline. En parallèle, le Limougeaud aura remporté deux médailles d’argent lors des Deaflympics (Jeux olympiques des personnes sourdes) en 2009 et en 2013, ainsi qu’une médaille de bronze (2017). Un palmarès bien fourni, qui s’est enrichi d’autres médailles récemment.
En 2021, Cyril Jonard est devenu vice-champion du monde des sourds en -81 kg à Versailles. Après cette joie, l’euphorie s’est partiellement éteinte quelques mois après. Janvier 2022. Le sociétaire de l’Alliance Judo Limoges se fait opérer des ligaments croisés, l’écartant ainsi de nombreux mois des tatamis.
Début novembre 2022, il participe aux championnats du monde tout en sachant que la concurrence serait rude. Son dernier titre de champion du monde remontait à 2012 et son premier à 1995. Une longévité hors norme qui s’est accrue encore un peu plus le 9 novembre dernier. En Azerbaïdjan, le judoka de 46 ans bat un Turc, puis enchaîne contre ses concurrents Moldaves et Kazakhs. Jusqu’à parvenir en finale, où le Britannique Daniel Powell l’attendait de pied ferme. Le Français n’en aura fait qu’une bouchée. “À aucun moment on a envisagé qu’il puisse gagner. C’était pas du tout dans la programmation”, a révélé Patrick Lacombe, son coach des années 1990-2000.
Cyril Jonard s’est appuyé sur un travail au sol, appris et répété depuis des mois pour vaincre son adversaire. « L’arrivée d’un spécialiste du jujitsu brésilien, à Limoges, lui a permis de progresser dans ce domaine, explique Patrick Lacombe, directeur technique de la Ligue Nouvelle-Aquitaine de Judo. Avec sa cécité, le travail au sol, couplé à son expérience du haut niveau, était une clé d’entrée majeure pour avoir un temps d’avance sur sa jeune concurrence”.
Paris 2024, l’apothéose ?
Avec cette médaille et sa participation à ces championnats du monde, le Haut-Viennois est d’ores et déjà assuré de participer aux Jeux paralympiques en 2024. “Ils seront huit. Il aura trois combats à effectuer, détaille Patrick Lacombe. Jusqu’à cette échéance, tout va être organisé pour qu’il puisse se concentrer sur l’idée de gagner ces matchs qui lui permettront d’être champion paralympique à Paris”. Plus que 619 jours d’attente avant le début de la compétition.