Directrice « Impact et Héritage » au sein du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Marie Barsacq estime qu’il n’y a pas de temps à perdre : l’héritage de Paris 2024 se crée dès aujourd’hui.
En quoi consiste exactement la notion d’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ?
Pour Paris 2024, l’héritage est très particulier dans la mesure où les Jeux olympiques et paralympiques laisseront très peu d’héritage matériel. En effet, 95 % des infrastructures qui accueilleront les épreuves existent déjà ou seront temporaires. Nous avons donc décidé de consacrer du temps et de l’argent afin de laisser un important héritage immatériel. Et cet héritage-là, nous avons besoin de le construire dès maintenant afin qu’il puisse perdurer et s’inscrire dans le quotidien des Français. Ces Jeux sont l’occasion de développer la pratique sportive au lendemain de l’événement.
Justement, comment faire de ces Jeux un levier pour la pratique sportive quotidienne ?
Nous entendons utiliser la caisse de résonance de Paris 2024 pour inciter un maximum de personnes à se lancer dans la pratique sportive. Les grands événements sportifs mettent 25 % de jeunes en plus à la pratique sportive, il est donc essentiel que Paris 2024 joue ce rôle auprès de la jeunesse française. Il faut notamment développer cette pratique en dehors du cadre existant qu’est le club, la pratique doit en particulier continuer de se développer à l’école ou en entreprise par exemple. Cela répond à la logique de bouger au quotidien. Nous mettons des programmes en place qui permettent de répondre à cet objectif, notamment un projet sur lequel nous travaillons avec l’Éducation nationale pour faire plus bouger les enfants à l’école primaire et à la maternelle. La Semaine olympique et paralympique est également là pour faire connaître les bienfaits de la pratique sportive à l’école.
« C’est tout une génération qu’il faut sensibiliser »
Comment ces Jeux 2024 permettraient-ils d’améliorer la santé et le bien-être des Français ?
L’un des objectifs principaux que nous avons ciblés est de faire bouger ceux qui en ont le plus besoin. Nous pensons notamment à la jeunesse, auprès des jeunes de 10 et 11 ans. En effet, nous avons constaté une forte baisse de la pratique d’une activité sportive à l’adolescence. Donner l’habitude de la pratique du sport dès le plus jeune âge est important, cela permet ensuite de reprendre plus facilement une activité à l’âge adulte. C’est toute une génération qu’il faut sensibiliser, nous cherchons à maximiser le temps d’activité physique chez les jeunes. Le label Génération 2024 permet d’ailleurs d’ouvrir les établissements scolaires aux clubs et ainsi de créer une vraie dynamique concernant la pratique sportive.
Comment mobiliser et motiver cette jeunesse en vue de Paris 2024 ?
Nous avons le label Génération 2024 qui doit servir à cela. Mais, nous lancerons prochainement la communauté Paris 2024 qui doit permettre de mobiliser la jeunesse. Inspirée du modèle des clubs sportifs, au sein desquels cohabitent bénévoles, entraîneurs, supporters, sportifs, cette communauté proposera aux Français, notamment à la jeunesse, de s’impliquer dans l’aventure olympique et paralympique. Cet outil est un site numérique qui va permettre de lancer des concours, des challenges et qui va être tourné vers la jeunesse afin de faire connaître les Jeux de Paris. Qu’ils soient sportifs ou non, les Français et les jeunes auront l’occasion de contribuer concrètement au projet et de vivre des moments inoubliables, avant et pendant les Jeux, en devenant volontaires, reporters photos, supporters, relayeurs de la flamme olympique ou de la flamme paralympique, ou encore en participant à l’expérience unique du marathon et des épreuves de cyclisme des Jeux ouverts au public. Les jeunes auront ainsi de nombreuses façons de s’impliquer dans les Jeux de Paris 2024.
« 150 000 emplois mobilisés »
Ces Jeux 2024 seront-ils également un moteur pour l’emploi ?
En effet, ce rendez-vous va permettre de générer une activité économique et donc de l’emploi. Le chiffre estimé est de 150 000 emplois mobilisés en vue de Paris 2024. Le but est que ces emplois mobilisés s’adressent aux personnes qui en ont le plus besoin et que le sport permette de réintégrer dans le marché de l’emploi un public qui s’en est éloigné. Le sport peut ainsi être un outil très utile de réinsertion dans l’emploi. Nous souhaitons également mettre en place des parcours de formation renforcés, avec des formations directement liées à l’emploi, mais aussi d’autres liées à l’apprentissage des langues étrangères ou des outils du numérique par exemple. Les Jeux doivent donc servir de rattrapage en matière de bagage de formations, d’autant que cet événement peut servir d’opportunité pour un emploi plus durable par la suite. C’est un sujet sur lequel nous travaillons avec le ministère du Travail. Pôle Emploi va d’ailleurs développer une agence virtuelle intitulée « Pôle Emploi 2024 », qui aura pour vocation d’alléger les tâches administratives et donc de permettre aux personnes les plus éloignées du marché de l’emploi d’accéder à tout ce que nous allons proposer.
Quels sont les objectifs fixés au niveau de l’héritage lié à la question du handicap ?
Les Jeux de Londres en 2012, en matière de changement de regard sur le handicap, sont un véritable exemple. Nous avons dévoilé un emblème unique, qui concerne à la fois les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques. Il s’agit de la première démonstration pour traiter un événement aussi bien que l’autre. Depuis un an, nous travaillons avec tous les acteurs concernés afin de créer un véritable héritage des Jeux paralympiques. Cet héritage est basé sur la volonté de donner un meilleur accès à la pratique sportive aux personnes en situation de handicap. Nous allons monter des actions afin d’améliorer les choses, car aujourd’hui les offres ne répondent pas aux attentes des pratiquants.
Ces Jeux peuvent-ils rendre la société meilleure par le sport ?
C’est le leitmotiv du CIO et c’est un message auquel nous adhérons totalement. Nous croyons en effet que le sport peut-être très utile, il peut éduquer, s’adresser aux personnes les plus fragiles et les plus en difficulté, mais aussi être un vecteur de l’égalité homme-femme, autre sujet sur lequel nous travaillons énormément.
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L’Héritage de Paris 2024 en chiffres :
- 10 500 athlètes participeront aux Jeux olympiques
- 4 350 athlètes participeront aux Jeux paralympiques
- 13,5 millions de billets à vendre
- 4 milliards de téléspectateurs
- 150 000 emplois mobilisés
- 50 000 bénévoles
- 95 % des infrastructures qui accueilleront les épreuves existent déjà ou seront temporaires
- 180 000 participants à la Semaine olympique et paralympique 2019
- 1 500 établissements scolaires participants à la Semaine olympique et paralympique 2019
- Plus de 150 athlètes impliqués lors de la Semaine olympique et paralympique 2019