Une saison 2017 « blanche » pour cause de blessure au pied a donné à Pascal Martinot-Lagarde une grande envie de revenir sur les pistes. Ce sera chose faite début mars à Birmingham lors des Mondiaux indoor, en vue desquels le hurdler de 26 ans, champion d’Europe en salle en 2015 et détenteur du record de France du 110 m haies (12 secondes 95), peaufine sa préparation, tout en rêvant de médailles en extérieur.
Petit retour en arrière. Quand avez-vous fait vos débuts en athlétisme ?
J’avais 5 ans. Au début, j’ai touché à tout, l’athlétisme, le judo, le football, le basket… Vers 15-16 ans, je me suis rendu compte que l’athlétisme était la discipline où je m’épanouissais le plus. Ma quatrième place pour mes premiers championnats d’Europe juniors a constitué un déclic. Cette médaille « en chocolat », le maillot tricolore… m’ont fait prendre conscience que j’avais peut-être un avenir et j’ai alors voulu me mettre sérieusement à l’athlétisme. Champion du monde junior en 2010, j’ai décroché une médaille de bronze aux Mondiaux seniors en salle en 2012, pour ma première sélection. Puis j’ai battu en 2014 le record de France détenu par Ladji Doucouré.
Comment s’organise votre vie aujourd’hui ?
Être sur la liste officielle des sportifs de haut niveau me permet de me consacrer à mon sport et me donne des facilités pour m’entraîner, investir dans du matériel, avoir auprès de moi un kiné. Je suis professionnel à 100 %, sous contrat avec Nike. Je me suis entraîné à l’INSEP pendant 3 ans, mais les temps de trajet quotidien ne s’accordaient pas avec les exigences d’une vie d’athlète. Depuis cet automne, j’ai rejoint à Reims mon entraîneur, Benjamin Crouzet, qui faisait auparavant le déplacement tous les jours jusqu’à Paris. Je m’entraîne au CREPS avec mon frère Thomas et Cindy Billaud, recordwoman française du 100 m haies. À raison de 6 jours par semaine, sous la halle ou en extérieur, deux fois par jour, le mardi et le jeudi, avec deux séances hebdomadaires de musculation, ma nouvelle vie se passe magnifiquement. Je crois dur comme fer à une amélioration de mes performances.
Quel est votre programme cette année, pour quelles ambitions ?
Je rentre d’un stage de préparation à Agadir en vue de la saison hivernale et des Mondiaux en salle de Birmingham. En août, j’espère enfin décrocher une médaille aux championnats d’Europe outdoor à Berlin, alors que ces six dernières années j‘ai déjà réalisé des podiums en indoor. Mais je suis tellement heureux de reprendre la compétition que le plaisir sera de toute façon immense. J’ai en effet été blessé l’an dernier, d’avril à octobre. Une fracture du métatarse, fréquente chez les athlètes, a occasionné six semaines de plâtre. Une grande frustration, car depuis le début de ma carrière, je n’avais jamais déclaré forfait. Mais là, le corps a dit « Stop ». J’ai soutenu de loin l’équipe de France pendant les grands rendez-vous. Je suis parti en vacances, je me suis libéré l’esprit et désintoxiqué de la vie de sportif. Maintenant, je reviens avec une envie débordante ; une coupure peut aider à récupérer de la fraîcheur et à repartir encore plus fort. En compétition, je suis instinctif.
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