Entraîneure de l’équipe de France féminine, Pascale Bibaut est actuellement en stage au CREPS de Nancy avec les juniores et cadettes. L’occasion d’évoquer avec elle l’avenir de l’équipe de France et notamment les réflexions sur son organisation afin d’obtenir à terme des résultats à la hausse.
Une réunion a eu lieu le 14 décembre dernier au siège de la FFTT autour de l’équipe féminine séniore, quel était l’objet ?
Cette réunion était destinée à mettre en place une meilleure organisation autour de l’équipe féminine dans un objectif de performance. Cela passe par une meilleure coordination entre ce qui se fait d’un côté à l’INSEP, de l’autre au Pôle de Nancy, par la mise en place d’une coordination technique entre les deux centres, mais également l’instauration d’échanges plus fréquents pour permettre aux plus grandes d’aller de temps en temps sur Nancy et dans l’autre sens aux juniors de venir sur l’INSEP. Nous nous sommes aussi penchés sur les priorités techniques, sur ce qu’il fallait améliorer et comment le faire. Nous n’avons pas eu le temps de terminer, donc nous referons une journée fin janvier pour peaufiner tout ça.
Les Jeux de Paris 2024 sont-ils en toile de fond de ces réunions ?
Oui, c’est aussi en vue de cette échéance que nous essayons de réorganiser notre filière. Il faut mieux travailler et mieux s’organiser pour arriver à sortir plus de jeunes filles compétitives au niveau européen dans un premier temps, puis mondial dans les années à venir. Tout en continuant à faire progresser nos seniors actuelles dont certaines sont encore très jeunes, aux alentours de 19-20 ans.
Vous êtes actuellement en stage national juniores au CREPS de Nancy, en quoi consiste ce stage ?
Le stage de Nancy est un regroupement des équipes juniores et cadettes, avec en plus deux séniores (Nolwenn Fort et Anaïs Salpin) et deux minimes. C’est un stage que nous instituons désormais tous les ans au mois de janvier qui nous permet de voir les forces en présence. Il est composé d’une partie entraînement, avec du travail physique et technique tous les jours, et d’une partie compétition assez longue avec beaucoup de matchs. L’idée pour moi et Li Samson, qui était aussi là la semaine dernière, c’est de voir où en sont les plus jeunes d’un point de vue technique, de voir également comment elles se comportent en compétition et, après cette compétition en milieu de stage, comment elles vont gérer la reprise de l’entraînement. Pour résumer, on veut voir ce qu’elles ont dans le ventre et comment on peut avancer avec elles pour améliorer leurs qualités et leur efficacité.
Quels sont les fers de lance de ces équipes de France jeunes ?
Aujourd’hui, Lucie Gauthier est un peu devant, ensuite il y a Leïli Mostafavi et un petit groupe homogène avec Camille Lutz, Isa Cok et Vony-Ange Randriantsoa. C’est sans doute parmi ces joueuses que va se déterminer le groupe pour les Championnats d’Europe Jeunes 2018 qui est la compétition importante du premier semestre.
Parlons maintenant des séniores, dont certaines sont actuellement en Chine, quel bilan faites-vous de la première partie de la saison ?
Effectivement, comme tous les ans, nous avons trois joueuses qui sont parties en stage en Chine : Stéphanie Loeuillette, Laura Gasnier et Océane Guisnel. Elles rentrent le 25 janvier. Quant à notre début de saison, il a été marqué par le Championnat d’Europe par équipes qui s’est plutôt bien passé pour nous avec un résultat satisfaisant et encourageant. Au-delà de la 10e place finale, je retiens surtout la manière et le ratio de victoires/défaites équitable, trois victoires et trois défaites, face à des équipes qui, sur le papier, était meilleures que nous. C’est un bilan plutôt positif. Après, nous avions fixé comme objectif aux joueuses de se rapprocher de la 100e place mondiale individuellement, nous voudrions avoir deux filles aux alentours de cette 100e place avant la fin de la saison. Pour l’instant, elles avancent, trois joueuses s’en approchent (Audrey Zarif 117e, Stéphanie Loeuillette 124e, Laura Gasnier 141e au classement de janvier), le problème c’est que les Chinoises et les Japonaises envoient désormais plus de joueuses, ce qui fait que certaines qui n’étaient pas classées jusqu’ici intègrent le classement. Ça rend la tâche de nos filles plus compliquées, mais l’objectif reste le même, car si on veut se qualifier pour les prochains Jeux Olympiques, il faudra qu’on ait des joueuses parmi les cent meilleures mondiales.
Un mot sur les Championnats du monde à Halmstad (29 avril-6 mai), quels seront vos objectifs sur cette compétition ?
L’objectif est d’abord de se qualifier pour la première division, ce qui n’est pas certain avec les changements liés au nouveau classement. Pour l’instant, nous sommes qualifiées, 23e sur 24. Comme les critères ont changé, on est un peu dans l’expectative, on ne connaît pas encore tous les tenants et les aboutissants. Pour l’instant, ce que l’on voit, c’est qu’une victoire aux Championnats d’Europe ou aux Championnats d’Asie compte autant de points qu’une victoire aux Championnats d’Afrique ou d’Amérique du Sud, ce qui veut dire que des joueuses africaines ou sud-américaines qui pouvaient évoluer aux alentours de la 200e place mondiale vont se retrouver dans le Top 100. Ce nouveau classement complique donc la donne, puisque comme on retient le classement des trois meilleures joueuses par pays pour établir le classement du pays, des équipes qui étaient en deuxième division basculent en première, comme l’Egypte ou le Brésil, par exemple. Maintenant, nous avons posé beaucoup de questions à l’ITTF, nous attendons des compléments d’informations pour savoir comment ils vont procéder parce que ce classement n’est pas très juste. Après, pour ce qui est des objectifs, autant nous pouvons avoir quelques ambitions en Europe, autant à l’échelon mondial, c’est plus compliqué. Donc, si nous sommes en première division, il faudra essayer de faire le meilleur résultat possible, ce serait bien d’éviter les trois dernières places, de 22e à 24e. L’idée est de se positionner au-dessus et si on rentrait dans les 16, ce serait vraiment un exploit.