Créé en 2021 pour favoriser l’accès des jeunes à la pratique sportive, le Pass’Sport a poursuivi son développement en 2024-2025. Cette aide de 50 euros destinée à soutenir l’inscription dans un club ou une association sportive reste un outil majeur de la politique publique du sport. Si les chiffres témoignent d’une adoption croissante, le dispositif reste en deçà des ambitions affichées.
Une fréquentation en hausse, mais un taux de recours encore faible
Le ministère des Sports a recensé environ 1,38 million de jeunes bénéficiaires du Pass’Sport pour l’année 2024-2025, soit une hausse de 12,3 % par rapport à l’édition précédente. Toutefois, ce chiffre reste inférieur à l’objectif national de 1,8 million, représentant à peine 76,5 % des prévisions. Le taux de recours reste bas : seulement 22,5 % des jeunes éligibles ont utilisé leur bon.
Ces données soulignent une sous-utilisation préoccupante du dispositif. En cause : un manque d’information, des démarches parfois complexes pour les familles, ou une méconnaissance du fonctionnement du Pass’Sport, malgré les campagnes de communication déployées par les services publics.
Des ajustements pour relancer la dynamique
Pour contrer cette tendance, le gouvernement a mis en place plusieurs améliorations en 2024 : une ouverture anticipée du dispositif, dès le 1er juin, pour faciliter les pré-inscriptions estivales, une campagne de communication ciblée avec envoi de codes individuels par e-mail et SMS. Mais encore la création d’un site web dédié pour guider les familles et les clubs dans les démarches.
Ces mesures ont permis une meilleure visibilité, notamment dans certaines régions comme la Nouvelle-Aquitaine, où le taux de recours atteint 27 %, supérieur à la moyenne nationale.
Un budget en baisse, des pistes pour l’avenir
Paradoxalement, malgré l’augmentation du nombre de bénéficiaires, le budget du Pass’Sport a été revu à la baisse : 74,5 millions d’euros en 2025, contre 85 millions en 2024 et 100 millions en 2022. Cette réduction inquiète les acteurs du sport, qui y voient un signal contradictoire face aux ambitions de démocratisation sportive surtout après les JO.
Le gouvernement envisage de recentrer l’aide sur certaines tranches d’âge (par exemple, les 12-17 ans), tout en augmentant le montant pour ces publics, avec des suggestions allant jusqu’à 80 euros. Des députés souhaitent même étendre le dispositif aux enfants de moins de 6 ans, ou autoriser son utilisation dans le cadre d’activités scolaires.
Une mission sociale et sportive
Au-delà des chiffres, le Pass’Sport incarne un enjeu sociétal fort : celui de lutter contre les inégalités d’accès au sport, dans un contexte où le coût de l’inscription reste un frein pour de nombreuses familles. Il contribue aussi à soutenir les clubs amateurs, encore fragilisés par les effets de la crise sanitaire.
Le bilan 2024-2025 montre que le Pass’Sport séduit, mais qu’il doit encore gagner en efficacité et en lisibilité pour jouer pleinement son rôle. À quelques mois des Jeux Olympiques, il reste l’un des leviers clés pour bâtir une nation plus sportive et inclusive.
Romane Legros