Directeur technique national de la Fédération Française de Pétanque et Jeu Provençal, Patrice Rodriguez évoque sa mission et ses objectifs pour la pétanque tricolore.
En tant que DTN, quel bilan tirez-vous de cette année 2022 pour la France sur la scène internationale ?
C’était un peu mitigé au départ, avec des championnats du monde doublettes et doublettes mixtes compliqués. Nous avions décidé de reconduire la même formule, avec Henri Lacroix, Dylan Rocher, Cindy Peyrot et Charlotte Darodes. Les résultats, avec zéro médaille, ont été décevants. C’était ma première compétition internationale en tant que DTN, ça n’a pas été facile à gérer. Sur cette compétition-là, nous avons vécu un échec. Derrière, avec David Le Dantec, nous avons décidé d’ouvrir les listes pour tester des joueurs, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Les résultats ont été plutôt honorables. Sur les championnats d’Europe, Sandrine Poinsot et Mickaël Bonetto repartent avec le titre en doublette mixte. Aurélie Bories prend l’argent en tête-à-tête. Nous avons aussi gagné le titre européen en triplette féminine. Enfin, nous sortons d’une compétition qui concernant les jeunes et les espoirs. Nous avons pris un total de six médailles. Cela montre que le travail que nous mettons en place depuis plus d’un an commence à porter ses fruits.
Justement, quel est le travail porté par la Direction Technique Nationale, et avec quels objectifs ?
Ce travail autour de la jeunesse et de la relève fait partie de nos priorités. Il est capitale de préparer l’avenir. Au sein des territoires où nous avons des conseillers techniques régionaux, le but est de créer des centres régionaux d’entraînements. Cela permet de mettre en place un suivi, avec plusieurs rassemblements dans l’année. C’est une porte d’accès vers le haut niveau.
Nous avons également voulu mettre en place une certaine culture de l’entraînement au sein des collectifs, que ce soit chez les jeunes ou chez les seniors. Plus d’accompagnement, plus de suivi, plus d’entraînements individualisés : c’est quelque chose sur lequel nous mettons l’accent au sein de la DTN. Je ne suis pas seul bien sûr, nous travaillons de concert avec David Le Dantec, Anna Maillard et leurs staffs. Nous partageons pleinement la vision de Michel Le Bot, président de la fédération.
La pétanque est reconnue de haut niveau depuis 2003. C’est assez récent, ça fait moins de vingt ans. Sur ces deux dernières décennies, la France a vécu une période exceptionnelle avec une génération fantastique. Aujourd’hui, cette génération approche ou a dépassé les 50 ans. L’objectif, c’est donc de préparer la suite chez les hommes. Chez les femmes, c’est plutôt trouver de la concurrence afin d’élever le niveau. On tend vers une approche haute performance de la pétanque, beaucoup plus qu’il y a quelques années. Il y a eu un manque d’anticipation sur le travail autour de la relève, c’est un aspect que nous corrigeons et sur lequel nous travaillons énormément.
La concurrence internationale de plus en plus forte vous pousse-t-elle à accélérer sur ce sujet ?
J’en parlais justement avec le coach italien, ce type de nation n’a pas le même « problème » que nous. Une nation comme l’Italie a quelques joueurs à haut potentiel et se centre sur eux. De notre côté, des joueurs à haut potentiel, nous en avons une multitude. Le sujet est donc d’identifier les meilleurs et de les amener au plus haut niveau.
« Dylan Rocher est le maillon fort sur cette olympiade et l’olympiade suivante »
Est-ce un travail qui doit se concrétiser en 2024, lors des championnats du monde en France ?
L’année prochaine, nous aurons des Mondiaux qui seront un bon test. Cela nous permettra d’évaluer les progressions et les potentiels en vue de briller aux championnats du monde en France, bien sûr. Ce chemin de la haute performance est essentiel pour amener les jeunes au plus haut niveau. Je pense que nous avons sacrifié des joueurs dans les générations précédentes, car il y avait certains déjà des joueurs exceptionnels en équipe de France avec Philippe Suchaud, Philippe Quintais, Dylan Rocher et Henri Lacroix. Désormais, il faut opérer une transition et une transmission.
Vous parlez de transition, Dylan Rocher est-il justement le profil idéal pour faire le lien entre ces deux générations ?
Pour moi, il en a le profil et le potentiel. Lors des championnats du monde de l’année dernière, il gagne en triplette et en tir de précision. J’ai donc rapidement identifié qu’il est capable de prendre le relais, c’est un leader. On ne sait pas encore si on va s’appuyer sur un seul ou plusieurs joueurs de cette équipe, Philippe Suchaud réalise également une bonne saison. Mais il est clair que Dylan est le maillon fort sur cette olympiade et l’olympiade suivante.
La pétanque aux Jeux olympiques, y croyez-vous toujours ?
L’espoir fait vivre (rires) ! Je viens du rugby à XIII à la base, et quand j’ai postulé pour intégrer la fédération de pétanque en 2018, il était clairement question que la discipline pouvait être olympique. Malheureusement, nous n’avons pas été choisis. La pétanque a encore besoin de se structurer au niveau européen et international. Je pense que si un pays asiatique organise les Jeux, dans une région du monde où la pétanque se développe énormément, il est possible que l’on devienne olympique. J’ai donc toujours l’espoir.