Après avoir remporté la médaille d’or avec l’équipe de France d’équitation au concours de saut d’obstacles à Rio en 2016, Pénélope Leprévost a activement participé à la qualification des Bleus pour les Jeux olympiques de 2020. Une belle aventure pour cette sportive, amoureuse des animaux et surtout des chevaux.
Quel est votre sentiment après la qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020 avec l’équipe de France de saut d’obstacles, grâce à une quatrième place aux Championnats d’Europe de Rotterdam fin août ?
Il faut bien l’avouer, obtenir la qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020 était l’objectif de ces championnats d’Europe, nous ne pouvions pas imaginer ne pas avoir d’équipe aux JO l’année prochaine ! Les cavaliers qui seront sélectionnés pour représenter leur pays aux Jeux Olympiques, qu’on ne connaîtra qu’à la dernière minute, concourent également automatiquement pour l’individuel.
Vous avez concouru avec Vancouver de Lanlore, propriété de François Vorpe. Comment se passe votre entente ?
Vancouver est arrivé dans mes écuries à Lécaude dans le Calvados il y a à peu près un an et demi. Nous avons fait nos premiers parcours ensemble au Sunshine Tour en 2018 à Vejer de la Frontera, en Espagne. Nous nous sommes immédiatement très bien entendus, c’est un cheval avec un mental incroyable qui a toujours envie de donner le meilleur de lui-même pour faire plaisir à son cavalier. Il y a encore énormément de paramètres à prendre en compte avant de pouvoir affirmer que notre couple sera à Tokyo, mais c’est très clairement un objectif.
« La route est longue jusqu’à 2024 »
Quels souvenirs gardez-vous des Jeux olympiques au Brésil en 2016, durant lesquels vous avez remporté la médaille d’or avec l’équipe de France ?
Les Jeux olympiques de Rio ont été pour moi un vrai cocktail d’émotions, mêlé de moments difficiles avec au final cette médaille d’or par équipes. Devenir championne olympique, c’est un sentiment absolument incroyable et inoubliable.
Avez-vous l’intention de participer aux Jeux olympiques de Paris en 2024 ?
Je suis une sportive dans l’âme, alors bien sûr, j’ai envie de participer à toutes les échéances olympiques que ma carrière pourra m’offrir ! Malgré tout, la route est encore longue jusqu’à 2024.
« Les filles doivent se battre autant que les garçons »
Vous évoluez dans un des rares sports mixtes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je ne ressens pas dans notre milieu de différence faite entre les hommes et les femmes. Un bon cavalier est un bon cavalier et, dans notre sport, c’est avant tout le couple cavalier/cheval qui fait la différence… En équitation, comme dans tous les sports d’ailleurs, depuis toutes jeunes les filles doivent se battre autant que les garçons pour réussir. Cette équité est sans aucun doute une bonne école de la vie !
Quel regard portez-vous sur la pratique féminine dans l’équitation ?
Dans les poneys-clubs et les centres équestres, il y a une immense majorité de filles et cette tendance s’inverse avec le temps. Au haut niveau, la différence est vraiment frappante, il y a très peu de femmes ! J’ai le sentiment que ça représente vraiment notre société où bien souvent les femmes décident à un moment donné de faire des choix de vie différents, de privilégier leurs vies de famille et personnelle par rapport à leur carrière sportive.
« Mon métier, c’est monter à cheval »
La région Normandie a donné de grands athlètes en équitation. Comment l’expliquez-vous ?
La Normandie est une terre de cheval. Ici, on ne peut pas faire 2 km sans croiser un haras ! Tout le monde pense cheval, il y a beaucoup de bons cavaliers, de bons chevaux, de terrains de concours… C’est plus facile pour avancer et progresser que pour un cavalier qui est « seul » et doit faire deux heures de camion pour trouver un concours.
En parallèle, vous avez votre propre marque d’accessoires équestres. Comment arrivez-vous à gérer votre carrière de sportive de haut niveau et cette entreprise ?
Mon métier, c’est monter à cheval, faire progresser des chevaux de mes écuries, les amener au plus haut niveau possible et alors éventuellement les vendre. Les collections Pénélope Leprévost sont une gestion tout à fait à part. C’est Céline, une amie d’enfance, qui a créé la marque, aujourd’hui chapotée par le groupe Ekkia. On discute ensemble des modèles, des besoins. J’apporte le côté technique et elle gère le reste. Pour l’esthétique, nous sommes sur la même longueur d’ondes.
« Un cavalier doit être un vrai chef d’entreprise »
Recevez-vous des aides d’une collectivité pour vous aider dans la pratique de votre sport ?
Je suis inscrite sur les listes ministérielles des sportifs de haut niveau. À la différence de beaucoup d’athlètes dans d’autres disciplines, un cavalier de haut niveau doit être un vrai chef d’entreprise, avec des écuries et une équipe – des salariés donc… – à la maison, indispensable pour prendre soin de ses chevaux au quotidien. Le fonctionnement est différent.
Avez-vous d’autres activités ou des hobbies hors de l’équitation ?
J’ai beaucoup d’animaux en tout genre à la maison, un cochon, des alpagas, des chèvres, des petites vaches et même des wallabies ! J’aurais un mini zoo si jamais je m’écoutais… Mais, avant tout, j’aime profiter de ma fille Eden qui a déjà 15 ans… Comme elle est elle-même cavalière, j’avoue que nous ne nous éloignons jamais bien longtemps des chevaux.
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La bio express de Pénélope Leprévost :
- 39 ans – Née le 1er août 1980 à Rouen (Seine-Maritime)
- Écurie : licenciée au Pôle international du cheval (Calvados)
- Palmarès : championne olympique par équipes de saut d’obstacles (2016), vice-championne du monde par équipes de saut d’obstacles (2010, 2014), vice-championne d’Europe par équipes de saut d’obstacles (2011), 2e de la finale de la Coupe du Monde (2015)
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Direction Tokyo
À Rio, le 17 août 2016, Pénélope Leprévost est devenue championne olympique sur Flora de Mariposa lors de l’épreuve de saut d’obstacles par équipes. Roger-Yves Bost, Philippe Rozier et Kévin Staut ont partagé la médaille d’or avec elle. Grâce à la 4e place aux Championnats d’Europe de Rotterdam fin août obtenue par la cavalière de Vancouver de Lanlore, accompagnée une nouvelle fois par Kévin Staut, mais aussi par Nicolas Delmotte et Alexis Deroubaix, la France pourra défendre son titre à Tokyo dans moins d’un an.