À seulement 19 ans, Perrine Laffont a été sacrée championne olympique en ski acrobatique, à l’occasion des JO de PyeongChang, dans l’épreuve des bosses. Entretien avec la championne ariégeoise.
Perrine Laffont, quelques heures après être rentrée de Corée du Sud, parvenez-vous à réaliser l’exploit que vous avez accompli ?
Je ne réalise pas encore trop. Obtenir une médaille aux Jeux olympiques, c’est difficile. Donc, se dire qu’on a gagné la plus belle, lors de la plus dure compétition de la planète, surtout à 19 ans, c’est compliqué à réaliser. La première journée suivant mon titre, c’était l’euphorie ! Après, tout s’est enchaîné très vite. J’ai reçu ma médaille. Sur le coup, cela ne m’a pas paru exceptionnel. C’est un peu comme si j’avais une médaille en plus autour du cou. Tout est redevenu normal… Je suis vite « retombée ».
Qu’avez-vous ressenti en montant sur la plus haute marche du podium ?
De la satisfaction, du plaisir, de la joie. C’est un mélange de plusieurs sentiments. On se sent léger. J’étais tellement satisfaite, heureuse et fière. Entendre la Marseillaise retentir m’a fait éprouver un sentiment spécial. C’est un très beau moment, difficile à décrire, lors duquel toutes les émotions remontent à la surface. J’avais déjà un peu perçu cet effet lors des championnats du monde, la saison précédente (en 2017, Perrine Laffont est devenue la première championne du monde française des bosses parallèles à Sierra Navada, NDLR). Mais, là, gagner les Jeux olympiques, c’est encore plus fou !
Pour préparer ces JO, vous avez travaillé avec une préparatrice mentale, Cécilia Delage. Que vous a-t-elle apporté ?
Cécilia Delage m’a aidée à préparer la compétition. Elle a fait en sorte que je sois sereine, que je ne panique pas en voyant les attentes placées en moi. L’idée était que je relativise la pression des résultats. Nous avons beaucoup discuté ensemble. Elle m’a fait voir les choses d’une autre manière que ce qu’aurait pu faire un coach purement sportif. Elle a insisté sur le fait que je devais m’éclater sur la piste et prendre du plaisir.
Cette médaille d’or vous donne une subite exposition médiatique. Est-ce compliqué à gérer ?
L’euphorie médiatique, je savais déjà un peu ce que c’était. Mais pas à ce point-là ! Je n’avais encore jamais eu une telle exposition. Forcément, c’est différent de ce que j’ai pu vivre avant, mais cela ne me dérange pas. Maintenant, il va falloir savoir gérer les sollicitations. Il faut que je prenne soin de mon corps, qui est mon outil de travail. Je ne suis même pas encore au milieu de ma carrière. Il ne faudrait pas que toutes ces sollicitations extérieures me prennent trop de temps et que cela se répercute sur mon entraînement.
Vous allez aussi faire une bonne publicité à votre département, l’Ariège, auquel vous êtes très attachée…
Effectivement, je suis fière de mes origines. L’Ariège est sur le toit du monde aujourd’hui. Tout le monde sait que je viens de ce département. Je suis honorée de représenter les Ariégeois.
Vous avez reçu un nombre incalculable de messages de félicitations, dont un du Président de la République sur Twitter. Ce message vous a-t-il particulièrement touchée ?
Forcément, le tweet d’Emmanuel Macron est particulier. C’est une immense fierté de recevoir ce message du Président de la République, d’autant plus qu’il m’a envoyé un SMS dans la foulée. C’est hyper touchant !
En 2010, vous vous étiez levée au milieu de la nuit pour regarder l’épreuve de bosses des JO de Vancouver…
À l’époque, j’avais seulement onze ans, mais je pratiquais déjà les bosses. Mes parents m’avaient réveillé au milieu de la nuit pour que je regarde la finale de cette compétition, lors de laquelle des Français étaient engagés. Je rêvais d’y participer.
Quel va désormais être votre programme pour la suite de la saison ?
Il me reste encore quatre Coupes du monde : deux au Japon, une en Suisse ainsi qu’une autre à Megève (Haute-Savoie). Ces compétitions vont se dérouler durant les trois premières semaines du mois de mars. Concernant les résultats à obtenir, on verra en fonction de mon état de fatigue. Mais, comme toujours, j’essaierai de performer au mieux. Je n’ai plus rien à prouver maintenant, donc je ne me mettrai pas de pression, je vais prendre ces compétitions « à la cool ». Je suis une battante, je tente constamment d’améliorer mes performances.
Au niveau des études, où en êtes-vous ?
Je poursuis un DUT « Techniques de commercialisation » à l’IUT d’Annecy, dans une section dédiée aux sportifs d’hiver. Les cours ont lieu d’avril à fin juin. Le cursus se fait en trois ans et je suis actuellement en deuxième année. Je vais peut-être devoir réorganiser mon emploi du temps prochainement, pour accorder du temps à mes partenaires notamment.
Quelle profession rêveriez-vous d’exercer à l’avenir ?
Il n’y a encore pas si longtemps, je souhaitais devenir kiné. Mais, avec ce qu’il vient de m’arriver, il sera impossible que j’aie le temps de suivre le cursus nécessaire pour exercer cette profession. Désormais, de longues années de ski m’attendent, environ une dizaine. Donc, à l’avenir, je ferai le métier que je fais actuellement : skieuse.
Par Arnaud Lapointe