Philippe Bana, le DTN du handball français depuis 18 ans, défend avec conviction l’excellence sportive de ses élites, mais pas seulement. Il a su insuffler le même état d’esprit chez les jeunes et auprès de ses cadres.
Philippe Bana, quelles sont les missions du Directeur Technique National ?
Aujourd’hui, il s’agit d’une mission très large, un peu à l’ancienne, puisque j’ai la responsabilité de toutes les équipes de France. Je suis très présent avec les deux équipes phares dont je supervise toutes les compétitions, y compris les Jeux Olympiques. Il s’agit d’un challenge assez excitant, mais il y en a d’autres. Nous avons toutes la responsabilité de la formation des cadres. Dans ce contexte, on fabrique les nouveaux métiers de demain, à la fois les entraîneurs professionnels, mais aussi ceux de niveau plus bas. Et nous avons aussi en charge tout ce qui concerne le développement de l’activité et des nouveaux modes du sport, les trois-six ans, et le handfit, pour ceux qui veulent faire du sport après 40 ans. Voilà le job actuellement.
Ce qui vous caractérise, c’est votre longévité. Comment peut-on rester aussi longtemps à ce poste et quels sont les enjeux qui vous motivent ?
On essaie surtout de ne pas regarder vers hier mais de ne s’occuper que de demain. On essaie de travailler sur l’idée permanente qu’on ne se repose sur rien mais qu’on retourne sans cesse à la case départ. Nous travaillons sur la rénovation permanente, c’est-à-dire la nécessité de fabriquer de nouveaux outils pour rendre les joueurs plus performants. On est toujours dans le lendemain. Le secret de la longévité, c’est aussi de travailler toujours avec la même équipe, extrêmement solide, avec qui tu acquiers de l’expérience, et qui ne se satisfait jamais de ce qu’elle a. Et, comme on n’est jamais satisfait, on est toujours en bagarre pour demain.
Pouvez-vous cependant vous appuyer sur l’excellence du handball français et de ses résultats exceptionnels ?
Bien sûr, l’obtention de résultats permet de durer. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut ajouter la remise en cause permanente qui conditionne l’enchantement. Chaque aventure redevient une aventure particulière. Il est vrai que ça stabilise mais, au-delà du résultat, on compte aujourd’hui près de 600 000 licenciés, et nous progressons sans cesse sur les offres de pratique, sur la formation, etc.
Quel est votre credo sur la formation ? Avez-vous un modèle pour le handball ?
Sur la formation du jeune joueur, nous avons lancé une usine à champions qui démarre à 14 ans, avec la capacité de rassembler les athlètes, notamment dans les pôles espoirs et à travers des compétitions adaptées. Il y a 48 centres régionaux, 24 pôles espoirs. Après la Réunion, nous en avons ouvert une en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa. C’est comme cela qu’avec notre usine à champions, on débouche sur le secteur professionnel. Pour former les 18-22 ans, nous avons opté pour des centres de formation qui sont adossés à des clubs pros. Sitôt entrés dans ce cycle, nous souhaitons que les gamins apprennent leur métier, et qu’ils bénéficient des conventions de formation jusqu’à ce qu’ils signent leur premier contrat professionnel. Cela permet de mettre au point un préapprentissage de la culture que l’équipe de France et nous-mêmes défendons, ainsi qu’un vrai amour du maillot. On travaille pour développer la réussite internationale dès le plus jeune âge.
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