Philippe Quintais : « J’ai besoin du collectif »

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Il est l’égal des Zidane, Maradona et autre Pelé. Comme ces immenses noms du football, Philippe Quintais a marqué l’histoire de son sport. Champion du Monde à douze reprises, la légende française de la pétanque a accepté de se confier pour SPORTMAG. Entretien…

 

Philippe Quintais, quelle est votre actualité ?

Je viens de finir les Championnats d’Europe, j’ai enchaîné avec une semaine de repos. Je serai à Vaulx-en-Velin ce week-end avant de partir en Espagne car je suis le parrain du festival de Santa Susanna. Et j’enchaînerai ensuite par l’International de Monaco.

Avec un tel palmarès, comment avez-vous réussi à garder la motivation et la même envie de se surpasser ?

Tout simplement parce que c’est devenu, malheureusement et heureusement, un métier. Il faut être présent. Après, la motivation, je la trouve sur les terrains. Avant un tournoi, il peut m’arriver de ne pas avoir envie, de ne plus ressentir le plaisir d’y aller. Mais dès que j’arrive, que je vois les spectateurs et mes potes, c’est reparti.

Vous serez d’ailleurs présent au Trophée des Villes dans quelques semaines. Que pensez-vous de cette compétition ?

J’aime beaucoup. Elle est collective, il faut avoir une équipe soudée. J’aime quand on joue les uns pour les autres, quand on est dans le collectif.

Cette notion est-elle essentielle à vos yeux ?

Oui, je vais même dire que j’en ai besoin. J’ai besoin du collectif pour me surpasser. Quand je suis seul, et c’est d’ailleurs pour cela que je ne fais quasiment plus de tête à tête, j’ai du mal à rester concentré. Quand je suis avec les copains, c’est différent. Je dois rester sérieux et concentré pour les aider et les faire gagner. C’est devenu essentiel pour moi.

Avec une telle carrière, arrivez-vous à dégager des meilleurs souvenirs ?

J’en ai plusieurs, et notamment mes victoires avec l’Équipe de France. Ce n’est pas seulement l’équipe qui gagne, il y a beaucoup de choses derrière une victoire en Équipe de France. J’aime également beaucoup la Coupe de France. Quand on gagne, c’est tout le club qui gagne et ça, c’est vraiment très fort. Pour moi, c’est plus agréable qu’une compétition nationale normale.

La pétanque connaît depuis plusieurs années une évolution très positive. Qu’en pensez-vous ?

Il y a surtout eu un changement d’image, c’est ça le plus important. L’image pagnolesque, que la pétanque a toujours eue, est en train de disparaître. Maintenant, la pétanque devient tendance car tout le monde s’aperçoit que c’est un sport convivial et à la portée de tout le monde. Avant, on pouvait imaginer que la pétanque, c’était l’alcool et l’apéro tous les matins. Les choses évoluent, et j’espère que cette évolution va perdurer.

La possible intégration de la pétanque au monde de l’olympisme contribuerait-elle à cette évolution ?

Oui, évidemment. Jusqu’à maintenant, c’est la télévision qui y a contribué. Grâce à cela, les gens comprennent beaucoup mieux la discipline et les sacrifices de tous ces sportifs. Aujourd’hui, les joueurs sont préparés, ils ont besoin de technique, de mental. Donc c’est clair que si la pétanque devenait une discipline olympique, ce serait évidemment très positif.

Paris 2014 est-il dans un coin de votre tête ?

Je serai peut-être un peu trop vieux. Mais le simple fait de voir la pétanque à la télévision me rendrait heureux. J’aurai au moins la sensation que tout ce qui a été fait avant aura servi à quelque chose.

De nombreux jeunes sont très performants. Quel est votre avis sur la relève tricolore ?

Comme dans tous les sports, il faut de bons jeunes pour prendre la relève. L’avantage de la pétanque, c’est qu’il peut y avoir une mixité entre les jeunes et les anciens. C’est intéressant car les jeunes peuvent s’inspirer et prendre de l’expérience. Et à l’inverse, les anciens peuvent également se servir du talent des jeunes pour être encore meilleur. Quand tous les ingrédients sont là, on voit des équipes comme celle de Dylan Rocher et Henri Lacroix, qui est impressionante. C’est la preuve que l’on peut jouer ensemble et que les conflits de génération n’apportent rien, ni aux jeunes, ni aux anciens.

Cette semaine, lors d’une précédente interview publiée sur SPORTMAG, Dylan Rocher vous considérait comme une légende…

On a fait ce qu’il est en train de faire, tout simplement. Dylan est déjà une légende, il a remporté suffisamment de titres pour faire partie des tous meilleurs joueurs au monde. Après, ce sera à lui de transmettre son expérience pour faire progresser les plus jeunes. Ce ne sera pas compliqué pour lui, il a le caractère pour ça.

Propos recueillis par Bérenger Tournier

 

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