Pierre Fairbank : « Tenter de défendre ma troisième place »

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Spécialiste du sprint en fauteuil (T53) depuis plus de 20 ans, Pierre Fairbank a tout gagné. Médaillé de bronze sur le 800 m aux Jeux paralympiques de Tokyo, il vise aussi bien sur les championnats du monde parisiens.

Les championnats de France de para athlétisme se sont déroulés à Saint-Étienne le week-end dernier. Comment cela s’est passé pour vous ? 

Bien ! Je suis arrivé deux jours avant ces championnats de la Nouvelle-Calédonie. Avec le décalage horaire, j’appréhendais un petit peu, mais cela s’est bien passé. Je gagne le 800, je termine deuxième au 100, troisième au 200, deuxième au 5000 et deuxième au 400 m. Par contre, j’ai chuté sur le 1500 m. Le fauteuil n’a pas été endommagé. Dans les 200 derniers mètres, il y a l’un de mes adversaires qui m’a serré un peu la roue, donc j’ai tapé un peu sur le bord de la piste. J’ai perdu un peu de peau à l’épaule. Ça va, je n’ai rien de cassé. J’étais quand même un peu sonné (sourire). Les championnats du monde arrivent, ce n’est pas vraiment le moment de se blesser…

Justement, comment vous allez vous préparez pour ces championnats du monde (8-17 juillet) ? 

Depuis dimanche, je suis en stage pendant 10 jours avec tous les sélectionnés pour les Mondiaux. On s’entraîne le matin et l’après midi. Cela va être un gros entraînement bien costaud. Ensuite, on aura un peu de repos. On aura un regroupement à l’INSEP du 1er au 7 juillet.

Est-ce que vous percevez ces Mondiaux d’une manière différente par rapport à ceux auxquels vous avez participé ? 

Pas vraiment, c’est toujours pareil (sourire). Toujours avec l’envie de gagner, même s’il y a des costauds. Je suis toujours motivé. Je ne stresse plus désormais, cela fait tellement longtemps que j’en fais. C’est cool de voir le niveau des autres, de se jauger, de savoir si tu es dans le coup ou pas. Si je finis dans les quatre premiers, je suis directement qualifié pour les Jeux de Paris.

C’est ça, votre principal objectif, de vous qualifier directement pour les Jeux paralympiques ? 

Non, cela reste la médaille (sourire). Je ne me satisferai pas d’arriver quatrième. Je vise toujours la première place, même si je sais que j’ai deux concurrents costauds. Sur le papier, au niveau des chronos, ils sont plus forts que moi. Je vais tenter d’aller accrocher la première place et de défendre ma troisième. Je me sens plus à l’aise sur le 800, car c’est plus tactique. C’est là où j’ai le plus de chance. Sur le 400, je ne m’en sors pas trop mal, mais les erreurs ne pardonnent pas. S’agissant du 100 m, j’aime bien cette course parce qu’elle te met directement dans le rythme. En général, quand tu es bon sur le 100, t’es bon sur le 400.

Cela fait plus de 20 ans que vous évoluez au plus haut niveau. Comment expliquez-vous votre longévité ?

Ma première sélection en équipe de France date de 1998. 25 ans… mon Dieu (rire). Il faut savoir qu’après chaque Jeux, j’ai envie d’arrêter (sourire). C’est normal, car on se met à 100% pour ça alors t’as envie de lâcher prise ensuite.

La première raison, c’est que je suis toujours parmi ceux qui peuvent faire une médaille. Ce n’est pas comme si j’étais douzième. Là, je sais que je ne suis jamais loin du podium donc cela me motive. La deuxième, c’est le matériel. J’aime bien chercher et améliorer les matériaux, la manière de s’entraîner. Et la dernière, c’est que je retrouve mes potes et que je découvre toujours des endroits différents. Bon là, j’ai 51 ans… Je ne vais pas non plus mourir sur la piste (rire). Je vais m’arrêter dans pas longtemps, je vais essayer d’aller jusqu’aux Jeux de Paris.

Vous avez déjà des projets en vue, dès l’arrêt de votre carrière ? 

Je travaille dans le service des sports de la province (en Nouvelle-Calédonie) depuis 18 ans. Je suis en charge du développement du handisport et de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Je vais peut-être aussi essayer de trouver des jeunes puis de les entraîner afin de les amener à des grands championnats plus tard. Cela serait sympa de transmettre.

Qu’est-ce que vous faites précisément dans votre travail pour mettre en lumière le handisport ? 

J’ai créé une école handisport à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Elle est ouverte à tous publics et gratuite. Elle est payée par la province, c’est-à-dire la collectivité. On y propose du tir à l’arc, des courses, des parcours de plots, des lancers, du hand-bike, de la pétra. Il y a vraiment une cohésion sociale qui se crée. Une fois par mois, il y a un challenge. Cela réunit toutes les structures sur trois épreuves : lancer de vortex, lancer de poids et une course. Les participants peuvent gagner des points en fonction de leur performance. Une finale est organisée chaque année où un trophée est remis à la meilleure structure.

Concernant l’accessibilité, je monte également des projets pour obtenir des subventions avec un cahier des charges pour mettre en place des rampes afin que les PMR puissent accéder à certains endroits. Même chose pour les toilettes par exemple. Je ne travaille que deux à trois fois par semaine au bureau donc au final, je suis tout le temps au stade. C’est une réelle chance de pouvoir m’entraîner sur mon lieu de travail (sourire).

Propos recueillis par Séverine Bouquet

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