Double vice-champion du monde de funboard, Pierre Mortefon vise la première place cette saison. À 27 ans, le natif de Narbonne s’affirme comme un leader de la planche à voile tricolore, une discipline en plein renouveau.
Pierre Mortefon, comment avez-vous découvert la planche à voile ?
J’ai commencé la planche vers dix ans, peu après avoir découvert le bateau à Sigean (dans le département de l’Aude, NDLR). J’habite un département qui bénéficie de conditions optimales pour la pratique de la discipline, avec beaucoup de vent ; j’ai donc décidé de continuer. J’ai ensuite participé à un circuit réservé aux jeunes, organisé par la Fédération Française de voile, et j’ai progressivement gravi les échelons pour arriver aujourd’hui au plus haut niveau. Ma progression s’est faite naturellement.
Aujourd’hui, vous êtes donc professionnel ?
Oui, en effet. Mais au départ, en me lançant il y a quelques années, j’avais un deal avec mes parents : je devais assurer mes arrières, avant de me lancer à 100 % dans la planche à voile. J’ai poursuivi mes études à l’école de commerce de Montpellier et, une fois mon diplôme en poche, j’ai pris la décision d’y aller à fond. Cela a été un peu compliqué sur les deux ou trois premières années de ma carrière, car j’avais parfois besoin de faire des petits boulots. Au fil du temps, j’ai réussi à avoir de plus en plus d’aides et de partenaires, ce qui me permet d’être pleinement professionnel aujourd’hui.
Comment jugez-vous l’évolution de votre discipline ?
La planche à voile a connu une période phare entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. C’était quelque chose d’énorme, que ce soit au niveau local ou international. L’arrivée de nouvelles disciplines dans les années 2000, comme le kitesurf, a fait beaucoup de mal à la planche à voile. Mais, depuis trois ou quatre ans, notre discipline est en plein renouveau. De plus en plus de pratiquants retournent sur l’eau et ont envie de retrouver des sensations. Cela fait plaisir de voir notre discipline profiter d’un nouvel essor.
Quel est votre principal objectif cette saison ?
J’ai envie de devenir champion du monde. C’était déjà mon objectif en 2016, mais j’ai finalement terminé deuxième, comme en 2015. Ce n’est pas passé loin, ça s’est vraiment joué à quelques détails. Désormais, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas ces deux ou trois petites erreurs durant la saison, afin de réaliser une année pleine à 100 %, et pas seulement à 97 %.
En quoi consiste votre préparation pour atteindre cet objectif ?
Il y a plusieurs phases de préparations qui doivent me permettre d’aborder la Coupe du monde dans les meilleures conditions. La première a lieu début mai en Corée du Sud ; je dois absolument arriver en condition optimale à cette période-là. J’ai commencé par une préparation physique durant l’hiver, couvrant les mois de décembre et janvier. Je suis ensuite parti dans le sud de l’Espagne pendant trois semaines, afin de passer du temps sur l’eau et de découvrir le nouveau matériel. Fin février et début mars, je me suis rendu en Bretagne, afin de participer à des stages me permettant de retrouver des situations de courses.
Cette préparation est-elle la clé de la constance de vos résultats, depuis 2014 ?
Depuis plusieurs années, j’essaie en effet de laisser le moins de choses au hasard et de tout planifier. J’ai mis l’accent sur la préparation physique il y a trois saisons, car j’avais subi plusieurs blessures il y a quatre ou cinq ans. Cela m’avait énormément pénalisé ; du coup j’essaye désormais de ne pas négliger cet aspect. Les saisons sont très denses ; elles commencent à partir du mois d’avril et se terminent en novembre, avec de très nombreux événements entre ces deux dates. Il faut donc être physiquement au top, tout en arrivant à garder de la fraîcheur.
Quelle place occupe le matériel dans votre discipline ?
Nous avons désormais une pratique technologique de notre sport, avec des évolutions fréquentes concernant notre matériel. Sur la Coupe du monde, nous courons avec du matériel de série qui évolue chaque année. Nos marques et partenaires doivent enregistrer les modèles de planches que nous prévoyons pour l’année suivante, et l’on retrouve beaucoup de modifications sur les formes des planches, les technologies utilisées… Nos compétitions durant l’année nous permettent aussi de préparer au mieux les changements de l’année suivante.
Vous faites partie du « Team Sud de France ». Que cela vous apporte-t-il ?
Je bénéficie d’un soutien financier, mais cela me permet aussi de compter sur un véritable accompagnement de la part du manager et de l’équipe. On essaie avant tout de travailler sur la gestion de carrière en abordant des sujets comme l’image, la recherche de partenaires… Faire partie du « Team Sud de France » est très intéressant, car cela me permet de côtoyer des sportifs qui ne pratiquent pas la même discipline et qui peuvent donc m’apporter leur regard extérieur et un peu de leur expérience.