Médecin fédéral, Sylvie Selliez a pris sur la mandature en cours la présidence de la commission Sport-Santé à la Fédération Française de Tennis de Table. Elle évoque les chantiers de la commission, notamment le développement des offres de Ping Santé aux entreprises et la création de modules de formation pour les éducateurs, de façon à ce que, de plus en plus, les clubs puissent proposer des activités de Ping Santé.
Au sein de la commission Sport-Santé de la FFTT, vous souhaiter développer l’activité de Ping Santé en entreprise, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un projet que nous avons lancé il y a trois ans et qui consiste en une offre de prestation à destination des entreprises. Cette offre rentre le plus souvent dans le cadre des accords d’entreprise liés à la qualité de vie, au bien-être et à la santé au travail, signés dans les entreprises d’une certaine taille avec les instances représentatives du personnel, à la demande du Ministère du Travail. Nous proposons donc cette prestation qui se matérialise par une ou deux journées d’animations, composées de conférences médicales, de mini-tournois, de Fit-Ping, de gym douce/relaxation, de team bulding… L’entreprise choisit parmi tous ces ateliers ceux qui l’intéressent en fonction de ses attentes. Pour l’instant, nous sommes encore dans une phase de lancement, il nous manquait encore un produit bien marketé pour aller démarcher les entreprises et les comités d’entreprise, nous sommes en train de le finaliser, ce qui va nous permettre de réellement commencer cette phase de prospection commerciale. Il existe aujourd’hui une forte demande dans le monde du travail d’activités sportives, et notamment dans les grandes entreprises, à nous de réussir à pénétrer ce marché.
Quel est l’objectif de ce projet ?
Il y en a plusieurs, c’est un projet qui s’inscrit dans une démarche plus globale : il y a d’abord un aspect purement commercial avec l’objectif de faire rentrer des fonds au sein de la Fédération Française de Tennis de Table pour essayer de compenser la baisse des subventions institutionnelles. Ensuite, le but est de créer un lien entre les salariés et les clubs qui sont dans l’environnement géographique proche des entreprises – d’où la nécessité parfois d’impliquer dans ces journées d’animation un éducateur du club – pour que ces clubs puissent à leur tour proposer des prestations aux entreprises, soit sur le lieu de travail s’il y a de la place suffisante pour des activités tennis de table et/ou Sport-Santé, soit au sein même des installations du club, notamment à l’heure du déjeuner, pour laquelle il y a une très forte demande de la part des entreprises.
Cela répond-il aussi à des objectifs de développement ?
Oui, bien sûr. Parce que le comité d’entreprise va payer pour les salariés intéressés des cotisations, cela fait des adhérents et licenciés loisirs en plus, même occasionnels, donc des ressources supplémentaires pour les clubs. Cela peut permettre de pérenniser l’emploi d’un éducateur s’il manque des heures et donc de limiter la précarité. Sans compter que certains voudront peut-être par la suite aller plus loin dans la pratique du tennis de table, quelle que soit cette pratique, et prendre leur licence.
Le Sport-Santé se développe de plus en plus au sein des fédérations sportives, comment cela se manifeste-t-il au sein de la FFTT ?
C’est déjà une obligation, puisque le projet a été initié par le Ministère des Sports, ce qui nous oblige à travailler sur cette thématique. En tant que fédération, nous devons mettre en place les outils pour répondre à ces obligations du Ministère et du CNOSF. A ce titre, nous avons notamment monté un dossier pour figurer au Médicosport-Santé (dictionnaire qui présente chaque fédération, les intérêts potentiels de la (des) discipline(s), les risques et contre-indications, les publics cibles pour les protocoles, les objectifs thérapeutiques, les adaptations et précautions, les protocoles d’activité sport santé…) dans lequel nous figurons désormais. En outre, pour structurer toute cette démarche Sport-Santé, nous sommes en cours d’élaboration de deux modules de formation à destination des éducateurs : un premier niveau, opérationnel, qui va être mis en place dès cette année pour répondre aux demandes et proposer des offres de Ping Santé sur un niveau léger (entretien physique, bien-être, remise en forme), et un second niveau pour les éducateurs désirant de pousser plus loin dans cette thématique qui leur permettra de travailler dans le cadre du Sport-Santé sur ordonnance qui demande forcément davantage de qualifications, ces qualifications étant fixées par un décret ministériel.
Les clubs jouent-ils le jeu en s’ouvrant au Ping Santé ?
Aujourd’hui, certains clubs manifestent leur envie, mais ils n’ont pas encore tous intégré la nécessité de former leurs éducateurs. Or, c’est indispensable pour pouvoir proposer des activités de nature à attirer un nouveau public et surtout à le garder. Car si on n’a pas les bases, si on n’a pas réfléchi à la mise en place d’un programme spécifique, on risque vite de proposer une activité au rabais. Les présidents de clubs sont donc pour l’instant encore assez frileux, ils pensent que ça va leur coûter cher en formation, qu’ils vont devoir acheter du matériel, mais il faut aussi qu’ils pensent que cet investissement peut vite être amorti et rentabilisé par les potentiels nouveaux adhérents que ces activités, qui font l’objet d’une demande évidente, vont attirer. Je pense que très rapidement, ce type d’activités Ping Santé peut être rentable pour les clubs, tout comme celles proposées aux entreprises. Donc il y a encore un gros travail pour convaincre les clubs et les présidents qui n’arrivent pas encore à visualiser les bénéfices qu’ils pourront tirer du Ping Santé en termes de développement, ils restent trop sur des schémas traditionnels avec l’entraînement, la compétition. Alors qu’aujourd’hui, on constate que de plus en plus, les gens veulent exercer une activité sportive dans un objectif de bien-être, sans contraintes ni compétitions…
A qui s’adresse le Ping Santé ?
Le public cible visé par le Ministère, ce sont les gens qui sont éloignés de toute activité physique et sportive pour faire en sorte qu’ils soient moins sédentaires. L’objectif, via le Sport-Santé, est d’abord de prévenir certaines maladies métaboliques et cardio-vasculaires, mais également le surpoids qui, même chez nous, prend des proportions de plus en plus importantes, notamment chez l’enfant.
Et si on ajoute à cela la possibilité aujourd’hui de pouvoir faire de l’exercice en travaillant à son bureau, on peut imaginer que les TMS et autres joyeusetés liées à nos mauvaises positions assises pourraient diminuer. Un bureau haut, un vélo ou un marcheur comme dans les startups américaines 😉