Piste – Grégory Baugé : « Après Tokyo, j’ai envie de faire autre chose »

Gregory BAUGE of France during the press conference of the French cycling team on February 12, 2020 in Saint-Quentin-en-Yvelines, France. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport) - Gregory BAUGE - Saint Quentin en Yvelines (France)

L’équipe de France de cyclisme sur piste dispute les Mondiaux, à Berlin, du 26 février au 1er mars. Grégory Baugé, sélectionné pour la Vitesse par équipes, fait le point avant ce rendez-vous important et annonce qu’il arrêtera après les JO de Tokyo.

 
Comment abordez-vous ces Mondiaux de Berlin ?
J’ai attrapé un petit coup de froid, mais rien de bien méchant. En dehors de ça, tout va bien. Nouveau vélo, une équipe un peu plus rodée que les autres années… L’objectif, c’est de faire un bon temps. En vue des Jeux olympiques, si on n’arrive pas à faire un gros temps aux Mondiaux, ça va être difficile de rêver à la médaille aux JO. C’est comme ça que je le vois.
 
Le groupe de Sprint masculin est d’une grande densité, est-ce que cela crée une saine émulation ?
Oui, comme c’était le cas il y a quelques années aussi. C’est vraiment très différent de la dernière Olympiade. C’est mon ressenti, je prends plaisir à m’entraîner, ce qui n’était pas le cas lors de la précédente Olympiade. Le groupe est un peu rajeuni. Il faut aider ces jeunes et les remettre en place de temps en temps, mais on a un bon petit groupe.
 

 

« Je suis dans le vrai »

 
C’est vous qui lancez l’équipe de Vitesse par équipes, c’est un rôle primordial…
Oui, grosse pression. C’est sûr que le nouveau vélo est un atout pour un démarreur comme moi. Je souris, parce que le vélo est plus léger, il est rallongé aussi. C’est une nouvelle génération de vélos. Ca faisait des années qu’on demandait à avoir des vélos rallongés, plus légers. Enfin, on les a ! Je suis content d’avoir ce nouveau matériel, maintenant il va falloir aller chercher quelque chose de fort sur cette Vitesse par équipes.
 
Est-ce difficile de se faire une place dans l’équipe avec la génération montante ?
Ce n’est jamais facile. Mais on peut se dire aussi que c’est dommage : j’ai 35 ans et il n’y a personne derrière moi. Je pense que les gens au-dessus de nous ne le voient pas, ils se disent « tant que Baugé est là, ça va ». Si je tombe gravement malade, avant les Mondiaux et les Jeux, on fait comment ? Je suis content parce qu’après Rio, je voulais arrêter, j’ai repris, et je pense que je suis dans le vrai. Les entraîneurs et le sélectionneur ont jugé que j’étais bon pour pouvoir représenter l’équipe sur le départ, donc tant mieux pour moi.
 
Entre le Grégory Baugé des années 2010 et celui de 2020, qui est le plus fort ?
J’ai envie de dire celui de 2020, parce que j’ai plus d’expérience. Il y a des choses qui m’ont fait grandir aussi, en tant qu’homme et en tant que sportif. J’étais peut-être dans la force de l’âge en 2009-2010… J’aurais aimé revenir en arrière avec mon bagage d’aujourd’hui concernant la condition physique, le braquet et le vélo.
 

 

« Protéger Mathilde »

 
Voulez-vous continuer jusqu’à Paris 2024 ?
J’aimerais bien, mais j’ai les pieds sur terre. A un moment donné, il faut savoir tourner la page. Personne n’est éternel, je pense que j’ai déjà bien duré jusque-là. J’espère être performant dans ce que j’ai à faire, après il faudra trouver d’autres coureurs pour continuer et décrocher de grosses médailles avec l’équipe de France.
 
Vous n’envisagez pas d’arrêter juste après les Jeux olympiques de Tokyo, si ?
Pourquoi ? Il n’y a rien derrière… J’aurais envie de tout faire, mais encore une fois, j’ai les pieds sur terre. C’est bien beau la vie de sportif de haut niveau, les gens voient surtout ce qu’il y a de plus beau, mais derrière, c’est un énorme investissement, les jeunes ont les dents longues. C’est une démarche quotidienne de se lever pour faire descendre les chronos. Je sais que je n’aurai pas cette envie après Tokyo, parce que la pression va retomber. Repartir dans quoi, pour quoi faire ? Il y a d’autres coureurs en équipe de France, j’aurai fait une belle carrière. Il faut laisser sa place. Je réfléchis à ma vie d’après. Je ne veux pas vous dire ce que je ferai. Ce sera une autre vie, il faudra que je m’épanouisse aussi. J’ai eu un enfant l’année dernière donc beaucoup de paramètres changent. Et j’ai envie de faire autre chose, tout simplement. Je n’ai pas de pression supplémentaire pour Tokyo. Je veux tout donner pour l’équipe et finir en beauté.
 
Mathilde (Gros) a dit que vous aviez un rôle important pour elle, pour la guider lors de ses premiers JO à Tokyo. Cela vous tient à cœur ?
Ce n’est pas que ça me tient à cœur, je pense que c’est naturel chez moi. Depuis toujours, même quand j’étais en sélection régionale, j’échangeais avec les jeunes, ceux qui arrivaient, pour les mettre dans les meilleures conditions. Mathilde, c’est une fille que j’apprécie, je l’ai vu arriver à l’INSEP et comme toujours, on échange ensemble. Je l’aide à relativiser concernant les contre-performances. Elle reste jeune, novice par rapport à ses adversaires. Mon rôle c’est de mettre le bémol. Pour son âge, elle est très déterminée, mais il faut garder les pieds sur terre, rester le plus serein possible. Mon rôle, avec mon expérience, c’est de la protéger par rapport à ça.
 

Propos recueillis par Simon Bardet
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