Ils décollent ce vendredi pour le Maroc pour participer du 14 au 17 octobre, à la première édition du Handi Marathon des sables organisée dans le cadre du MDS Trek. L’Auvergnat (et habitant de Lyon depuis quelques années) Quentin Falvard, 34 ans, victime d’un accident de moto il y a 8 ans, et sa femme Audrey seront accompagnés par une amie pour les aider à tirer ou pousser le fauteuil dans le sable du désert saharien.
Comment avez-vous réussi à participer à ce Marathon des sables ?
C’est en suivant les aventures de Myriam et Pierre sur leur compte Instagram wheeled_world. Pierre est paraplégique (NDLR : rescapé de l’attentat du Bataclan) et avec sa femme Myriam, ils sont explorateurs en fauteuil, ils ont participé l’an dernier à un galop d’essai avec l’organisation du Marathon des sables pour en faire cette année une première vraie édition handi. Et puis, lors de l’une de leur story, en juin dernier, ils invitaient tous les postulants à les contacter. C’est comme ça que ça a commencé pour nous. On a envoyé notre candidature avec lettre de motivation, on a passé un entretien avec eux sur la gestion de différentes situations. Je me souviens leur avoir dit : « ça m’avait l’air d’être une idée à la con (sic) quand vous l’avez fait mais là quand vous proposez de le refaire, ça me tente bien ! » (rire). On a eu la réponse mi-août. Ils ont sélectionné 9 équipes et ils seront la 10e.
Qu’est-ce qui vous tente justement dans ce 1er Handi MDS ?
C’est l’aventure, le côté inattendu. Sable et fauteuil roulant, ça ne fait pas forcément bon ménage. Moi qui aime bien sortir des sentiers battus, j’utilise au quotidien un fauteuil tout terrain pour me balader avec ma femme sur des chemins à la campagne. Ça nous arrive de monter au pied du Puy Pariou dans la chaîne des puys (63). Et là, je voulais aller plus loin dans l’aventure sur un terrain vierge de fauteuil, dans des grands espaces. On aura tout le désert pour nous, quoi, ça va être incroyable ! Cela se déroule sous la forme de trois étapes de 20-25 km, avec des nuits en bivouac et une journée de repos après le deuxième jour.
Que ressentez-vous avant le départ ?
Je ressens de l’impatience et aussi pas mal d’appréhension par rapport aux conditions de bivouac qui semblent un peu rudes. Je me pose plein de questions car c’est complètement l’inconnue : je n’ai jamais été dans le désert de ma vie. Et en même temps, j’ai envie de vivre ça : on va aller mettre les roues dans le désert avec je ne sais pas combien de frapadingues valides qui vont courir autour de nous, en tout cas au départ. Ça va être extrêmement dépaysant.
Et un très beau défi à relever.
C’est d’autant plus un défi que cela n’a pas été fait, en tout cas de manière collective. Et ça, ça m’attire. C’est un défi physique, mais plus qu’une aventure sportive, c’est avant tout une aventure humaine, un partage. Entre nous trois, ma femme Audrey et notre amie Ophélie pour arriver à s’entendre. Avec ma femme, c’est un peu notre lune de miel : on s’est marié il y a deux ans, le 1er octobre, et on n’était pas partis. Mais aussi entre les 10 équipes handi : on va se retrouver le soir autour d’un feu à se raconter notre journée. Il est possible que ce soit la partie qui reste la plus ancrée dans nos souvenirs.
Avez-vous des craintes ?
Non, pas en particulier. Avec ma femme, on est super débrouillards : même quand on arrive au pied d’un immeuble et qu’il n’y a pas d’ascenseur, on arrive toujours à trouver une solution. Je monte sur les fesses, elle me porte sur le dos, peu importe, on est hyper autonomes. On part avec de la nourriture lyophilisée, il a fallu la goûter, la sélectionner, la tester en allant courir. Il a fallu acheter tout le matériel de camping spécial trek, les matelas, duvets en petit format que nous n’avions pas. Mais aussi les couvertures de survie, les pastilles pour faire du feu, une petite pharmacie de secours. Et puis, des chambres à air pour mon fauteuil sur les bivouacs. Pour la course, un fauteuil outdoor est fourni (mis à disposition par l’entreprise bretonne Vipamat). J’ai pu en voir un modèle il y a quelques jours chez une dame à Lyon. Il est très allongé avec des roues tout terrain à l’arrière et une grande roue à l’avant pour faciliter les franchissements. Il est muni d’accoudoirs pour être assez stable dedans et pour la motricité, il y a un guidon pour être poussé par une personne valide. La 3e personne sera devant avec un harnais pour tracter le fauteuil. L’organisation avec Audrey et Ophélie va se décider un peu sur place. Ça va être une grande découverte, notamment dans les dunes, la stratégie de course va être improvisée (rire). C’est un désert plutôt rocailleux et on devrait avoir juste quelques dunes sur le parcours. Il faudra surtout voir comment on récupère de la fatigue entre les étapes avec des réveils très tôt le matin.
Quel est votre budget pour cette organisation ?
Avec les billets d’avion, ça nous a coûté beaucoup plus cher que ce qu’on pensait, presque 3 000 € au total. Heureusement, l’inscription (2 000 €) est offerte car on est des « cobayes pionniers » (rire). On a essayé de mobiliser nos employeurs pour nous sponsoriser mais en ayant eu la confirmation de notre participation mi-août, c’était un peu tard.
Quel sport le rôle a joué dans votre vie ?
Avant mon accident de moto il y a 8 ans qui m’a sectionné la colonne vertébrale, j’étais plongeur apnéiste. J’étais en pleine forme physique, ce qui m’a permis, après mon accident, de faire une rééducation express. En seulement 4 mois, j’étais capable de remonter tout seul sur mon fauteuil et d’être autonome. J’ai rapidement repris le sport : de la natation, mais aussi du tir à l’arc, puis de l’aviron. J’ai commencé l’an dernier le basket fauteuil en loisir et je vais me mettre aussi au vélo pour partir un peu en itinérance.
Est-ce que vous sentez à votre échelle que le succès des Jeux paralympiques a impacté le mouvement handisport ?
Dans mon club de Lyon Basket Fauteuil, il y a eu des demandes de licence, mais il n’y a pas de place, on est limité à une quinzaine de fauteuils. L’équipe 1, qui évolue cette saison en Nationale 1, nous octroie 45 minutes par semaine mais le club n’a pas de créneau loisirs pour accueillir de nouveaux adhérents. Il y a très peu de clubs en France, il faudrait créer des infrastructures. Mais bon, quand je vois que 3 semaines après les Jeux paralympiques, un gouvernement est nommé sans secrétaire d’État au handicap. Voilà, ça veut tout dire. Le monde du handicap s’est élevé mais sinon personne ne s’en serait rendu compte, ça passait à la trappe !
Propos recueillis par Sylvain Lartaud
À suivre en live sur www.marathondessables.com