Plongé dans le badminton depuis toujours, Christo Popov, 18 ans, commence à briller chez les seniors après s’être démarqué sur le circuit junior, notamment avec une médaille mondiale en argent l’année dernière. Entouré par sa famille, le joueur de Fos-sur-Mer vise le podium olympique à la maison dans 4 ans.
Christo Popov était destiné à devenir joueur de badminton. Avec un père champion de la discipline en Bulgarie, puis entraîneur national, et un grand frère qui a très vite manié la raquette et le volant, difficile de ne pas tomber dans la marmite. Dès ses six ans, Christo Popov prend une licence officielle au Badminton Club Fos, à Fos- sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, pour s’entraîner avec son père Toma, au club depuis leur arrivée en France au début des années 2000, et son aîné, Toma Junior. Le temps passe et les bonnes performances s’enchaînent sur le circuit jeune. Sans complexe, le gaucher monte vite en niveau, il s’engage dans des compétitions U19 alors qu’il n’avait que 14 ou 15 ans. Son talent et son travail se concrétisent avec des titres européens en 2015 et 2017. En octobre 2019, Christo Popov franchit une étape supplémentaire en s’emparant à 17 ans de l’argent mondial à Kazan, en Russie. « Il s’agissait de mes troisièmes championnats du monde juniors et je n’étais pas tête de série, mais j’ai réussi à me hisser jusqu’à la finale », raconte- t-il. « Ma grosse préparation a porté ses fruits. » Le joueur de Fos-sur-Mer devint au passage le premier français à atteindre une finale dans cette compétition.
Le plus jeune champion de France senior
Numéro 1 mondial du classement junior depuis le début de l’année 2020, Christo Popov s’engage également dans les tournois seniors depuis 2017 pour s’habituer au niveau. « Il existe un grand écart avec le niveau des joueurs européens juniors », constate-t-il. « En revanche, il n’y a pas trop de différences entre le circuit mondial jeune et adulte car tous ont l’endurance et le physique. Les matchs se jouent à l’expérience et beaucoup avec le mental. » En février dernier à Mulhouse, Christo Popov remporte son dix-septième titre de champion de France, mais celui-ci à une saveur particulière : c’est le premier chez les seniors. « C’était une grande fierté et une victoire un peu historique car je suis le plus jeune champion de France. Remporter ce titre était un rêve de gamin depuis que j’ai commencé à jouer au badminton. Et ce moment a apporté un gros plus à ma carrière et énormément de confiance pour la suite. » L’année 2020, marquée par cette place de n°1 mondial junior inédite pour un Français et ce titre en seniors à un mois de ses 18 ans, était définitivement sur de bons rails avec en plus une médaille de bronze acquise en février aux championnats d’Europe par équipes devant le public français de Liévin pour sa première sélection chez les « adultes ». « Nous étions une équipe assez jeune », se remémore le joueur de Fos-sur-Mer. « On se connait bien, j’ai l’habitude de les côtoyer sur le circuit senior. » Mais Christo Popov n’a pas l’opportunité de confirmer après cette médaille, car le monde du sport s’arrête, touché par la pandémie de Covid-19. « J’étais déçu parce que j’aurais voulu continuer sur cette lancée. Je me suis dit que c’était dommage, mais d’un autre côté, c’était aussi le moment de faire une pause après un an de compétitions non-stop. »
« Je vise une médaille, plutôt l’or »
Le retour des compétitions internationales se fait attendre à cause de nombreuses annulations de tournois, dont celle des Yonex Internationaux de France de Badminton qui devaient avoir lieu à la salle Pierre-de-Coubertin à Paris à la fin du mois. « On se prépare, on fait des stages pour être à 100% quoi qu’il arrive. S’il n’y a pas de compétitions avant la fin de l’année, alors on va tout faire pour être le plus performant possible pour 2021 », avance Chrito Popov. Le jeune homme voit même au-delà de 2021, jusqu’en 2024 et les Jeux Olympiques à Paris. « C’est mon objectif ! Je vise une médaille, plutôt l’or. » Arrivé en France à 1 an et quelques mois, c’est bien le maillot bleu qui lui colle à la peau. « Ce serait un rêve de réaliser cet exploit à la maison. Ce n’est pas tous les jours que les Jeux se jouent à Paris. C’est une occasion de vraiment tout donner. » Et la préparation pour réaliser ce rêve a déjà débuté. « On peut dire que c’est un entraînement de tous les jours », confie le jeune badiste. « C’est tout un processus à mettre en place. Il faut passer par des petites, moyennes et grandes compétitions pour atteindre le top niveau mondial et être prêt lors des JO. » Le joueur de Fos-sur- Mer est d’autant plus concentré sur les Jeux de Paris car il ne sera pas dans la délégation qui s’envolera vers Tokyo dans un an. « Je n’ai pas fait tous les tournois en seniors alors je n’ai pas assez de points pour me qualifier », explique-t-il. « Je suis vite monté dans le classement, mais il y a eu l’arrêt des compétitions. Si j’avais eu quelques mois supplémentaires, j’aurais peut-être pu obtenir le ranking nécessaire. Mon frère a encore une petite chance de se qualifier. »
« Nous avons préféré rester à la maison »
Depuis toujours Christo Popov s’entraîne avec son grand frère Toma. « On fait toutes nos compétitions ensemble. Cet environnement crée une bonne concurrence, on se tire vers le haut. » Toma Junior Popov, de quatre ans son aîné, a lui aussi brillé en jeune en devenant champion d’Europe espoirs en individuel, en double et par équipes en 2017 et en obtenant la première place en double au classement mondial junior. Il était aussi de la formation tricolore qui a remporté le bronze européen en début d’année. Des résultats que les frères doivent à leur père, leur entraîneur depuis toujours. « Nous n’avons pas voulu aller dans une structure fédérale », indique Christo Popov. « Nous avons préféré rester à la maison, aux côtés de notre père en qui on a confiance. Il se concentre uniquement sur nous et notre progression. Nous avons constitué une équipe avec un kinésithérapeute, un ostéopathe, un podologue, entre autres, qui travaillent avec nous sur notre projet. » Avec en plus le petit dernier, Boris, qui rejoint ses frères à l’entraînement, le nom Popov risque de durer dans l’élite du badminton français et mondial.