Richard Bidet : « Le sport comme outil d’insertion »

Depuis cinq ans, le Comité régional olympique et sportif de Bourgogne permet à des détenus de pratiquer un sport durant leur peine grâce au dispositif « Actions en milieu carcéral », bientôt étendu à la Franche-Comté. Richard Bidet, chargé de mission, détaille ces actions qui ont pour but de favoriser la socialisation et la réinsertion.

 

Comment le dispositif « Actions en milieu carcéral » a-t-il été mis en place ?

Ce dispositif a été développé il y a maintenant 5 ans par le CROS Bourgogne, puis la fusion des régions l’a étendu à la Franche-Comté. C’était une volonté du Ministère de la Justice qui est venu nous chercher pour compenser le manque de pratique sportive des détenus. Notre dispositif ne propose pas juste de la remise en forme ou de donner un ballon aux détenus, mais un vrai projet pédagogique, avec le sport comme un outil de socialisation et de réinsertion. Par exemple, un détenu dans l’Yonne a pratiqué le tennis de table et lorsqu’il est sorti il a pris une licence dans un club.

De quelle manière faîtes-vous entrer le sport dans les maisons d’arrêt ?

Nous faisons intervenir des éducateurs sportifs diplômés des clubs locaux pour proposer toutes sortes d’activités. Il y a du tennis de table, grâce aux comités départementaux de l’Yonne et de la Saône-et-Loire, de la boxe, avec Boxing Club Avallon et Ring Auxerrois, ou encore du volley-ball avec le club de Sennecey-le-Grand. Le CROS cherche des prestataires parmi les clubs locaux – qui ensuite transmettent les factures -, pour garantir la qualité de l’offre.

Jusqu’à présent, combien de détenus ont bénéficié de ce dispositif ?

Nous sommes sur trois établissements en Bourgogne : le centre pénitentiaire de Joux-la-Ville et la Maison d’arrêt d’Auxerre dans l’Yonne depuis le 1er avril 2013, ainsi qu’au centre pénitentiaire de Varenne-le-Grand (Saône-et-Loire) depuis 2016. À la Maison d’arrêt d’Auxerre, nous sommes passés de 28 séances animées pour 268 participations en 2013, à 131 séances animées pour 926 participations en 2017. Depuis juillet, quatre établissements en Franche-Comté ont rejoint le dispositif. Les activités commenceront fin 2018 aux maisons d’arrêt de Vesoul (Haute-Saône) et de Lons-le-Saunier (Jura) et début 2019 aux maisons d’arrêt de Belfort (Territoire de Belfort) et de Nevers (Nièvre).

Ce dispositif permet-il aux centres pénitenciers de se doter d’infrastructures adéquates pour le sport ?

C’est bien aux établissements de faire les acquisitions des équipements. Par exemple, pour un challenge de basket de rue, une prison a installé des paniers. La Maison d’arrêt d’Auxerre a passé un partenariat avec la Fédération française de boxe, qui laisse à demeure des kits avec des gants et des sacs de frappe. L’éducateur sportif, lui, amène le petit équipement.

L’objectif du CROS est-il d’intégrer ce dispositif dans tous les établissements de la Région ?

Non, car nous intervenons à la demande. Il existe des maisons d’arrêts et des centres pénitentiaires déjà bien équipés, et qui ne sont donc pas à la recherche de nos prestations. Nous sommes là pour répondre à un besoin des chefs d’établissements et les mettre en relation avec le tissu associatif local.

Les femmes détenues bénéficient également de ces actions ?

Nous avons essayé la zumba en 2013 dans le quartier femmes de Joux-la-Ville, mais ça n’a pas pris. Nous allons tenter de relancer le dispositif avec une éducatrice grâce à un programme de gym douce. Mais c’est vrai que la demande concerne surtout un public masculin.

Propos recueillis par Leslie Mucret
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