Sam Goodchild : « Le tour du monde en solitaire me fait rêver »

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Sam Goodchild (Leyton) a remporté l’édition 2022 des 1000 Milles des Sables. Le skipper britannique de 32 ans a signé un chrono de 3 jours, 3 heures et 5 secondes.

Les conditions n’étaient pas faciles, on a vu plusieurs abandons, la course a-t-elle été difficile et physique ?

C’est toujours pareil avec ces multicoques-là, les mers fortes et le vent fort ne sont pas évidents à gérer. On sait tous comment passer la mer sans problème, on sait tous aller vite, mais ce qui est dur, c’est de trouver où mettre le curseur entre les deux. Pour moi, c’était la première fois que je faisais ça en solitaire donc c’était hyper intéressant.

Il y a eu des abandons liés au nombre important de bois flottants en mer, est-ce une contrainte supplémentaire ?

Ce n’est pas une contrainte parce qu’on ne peut rien y faire. Par contre, c’est un stress en plus. J’ai touché une dizaine de fois du bois sur les trois jours. C’est embêtant, mais heureusement, je n’ai pas eu de casse. Il y a six semaines, en entraînement, on a cassé le bateau avec des bouts de bois. Mais un départ, c’est toujours une prise de risques. On est là pour s’entraîner donc j’ai trouvé ça plus important, pour la saison, de rester en course plutôt que de ne pas prendre de risques. Heureusement que je l’ai fait, car le bateau n’est pas cassé et on a passé trois jours très efficaces.

Vous aviez déclaré vouloir également apprendre, gagner en expérience sur ce bateau. Est-ce réussi de ce point de vue-là ?

Très clairement, c’est parfait. On a fait cette course pour se qualifier pour la Route du Rhum puis pour s’entraîner. Là, au vu des conditions difficiles sur les trois jours en solitaire, c’était parfait. On ne navigue pas tout le temps avec ces conditions et pas souvent en solitaire. Parce que naviguer en solitaire, c’est une prise de risques. En entraînement il y a tout le temps quelqu’un en veille, et mentalement, ce n’est pas pareil.

C’est autour de de la Route du Rhum que va s’articuler votre calendrier ?

On a deux circuits principaux. Le Pro Sailing Tour, où on navigue en équipage, il y a 4 frégates dans l’année (3 frégates puis la finale). Mais oui l’événement phare dans l’année, c’est la Route du Rhum. Pour la course en solitaire, on a donc eu les 1000 Milles des Sables pour se qualifier et s’entraîner. Au mois de juillet, il y aura la DRHEAM-CUP, qui part de Cherbourg-en-Cotentin pour arrivée à La Trinité. Et puis la Route du Rhum.

« La technologie pourrait avoir un impact plus important encore que sur le monde de la voile »

Avec Leyton Sailing Team, vous avez inclus plusieurs projets sur le développement durable. Les bateaux sont-ils écoresponsables aujourd’hui ?

Comme dans tous les domaines, on peut faire mieux. On est quand même sur des bateaux faits de carbone et de fibres de verre. Après ça n’empêche pas que nos bateaux ont une durée de vie très longue, surtout en Ocean Fifty. Dans notre flotte, il y a 8 bateaux, la moitié de ces bateaux ont entre 10 et 15 ans et restent compétitifs. Donc on peut avoir un bateau de 2009 ou 2007 qui peut toujours gagner des régates. Le bilan carbone de sa construction n’est pas top, mais il est toujours performant aujourd’hui. Ce n’est pas parfait, il y a des progrès à faire, mais je trouve qu’on est pas trop mal.

On a des règles de la classe qui essayent de minimiser l’impact le plus possible. Il y a la règle des voiles qui stipule qu’on ne peut pas changer de voile tous les ans. Donc on fait des voiles plus costauds qui durent plus longtemps et qu’on change tous les deux ans. On est également limités en matériaux, on ne peut pas mettre du carbone partout. On ne va pas sauver la planète en faisant ça, mais ça va dans la bonne direction. 

Notre équipe, Leyton Sailing Team, développe le bateau comme une plate-forme laboratoire. Donc on va tester plusieurs technologies. On travaille avec l’entreprise Héole qui a comme objectif de faire des voiles en panneaux solaires organiques. Avec toutes les voiles, on doit avoir presque 300 mètres carrés de superficie. Avec ces 300 mètres carrés, on pourrait charger des batteries très rapidement pour remplacer le moteur thermique. Ce qui nous intéresse dans le projet, c’est que la technologie peut être développée pour d’autres bateaux comme les cargos. La technologie pourrait avoir un impact plus important encore que sur le monde de la voile.

Les premières données sur cette technologie sont-elles encourageantes ?

On a fait la Transat Jacques Vabre avec cette technologie à bord. Dans un premier temps, les panneaux étaient collés sur le mât. On a pu tester les panneaux solaires, leur rendement, leur résistance. La prochaine étape sera d’intégrer les panneaux à un matériau flexible. Pas d’en faire tout de suite une voile, mais d’installer ce tissu entre la bôme et le pont. Les premiers résultats sont très positifs. Ils sont très efficaces. Ils nécessitent plus de surfaces, mais ils produisent aussi plus. On a vu des choses très positives, mais aussi des axes de travail pour cette année. Ça commence bien donc nous sommes très contents.

Aujourd’hui vous naviguez en Ocean Fifty, est-ce que vous avez déjà des envies, des rêves sur d’autres bateaux ?

J’ai le rêve depuis très longtemps du Vendée Globe. Aujourd’hui, c’est là où le niveau est le plus élevé à mon avis. Il y a beaucoup d’autres très bons navigants dans d’autres classes, mais c’est là où on trouve le meilleur niveau. De plus, le tour du monde en solitaire me fait rêver. J’ai l’objectif d’aller par là, mais on verra quand et comment.

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