Samir Bensaïd transmet sa passion pour le jiu-jitsu par l’écriture

Samir Bensaïd, plusieurs fois champion de France de jiu-jitsu brésilien, a sorti un livre « Jiu-Jitsu, la force tranquille ». Il revient sur son parcours et son amour pour son sport.

Comment avez-vous connu le jiu-jitsu brésilien ?
J’ai toujours été passionné par les arts martiaux, j’ai pratiqué par exemple le judo et la boxe. J’apprécie les sports de combats, mais je n’aime pas donner des coups et en prendre. Dans le judo, je me suis donc orienté vers le ne waza (ensemble du travail au sol du judoka, ndlr). En 2004, à 25 ans, je me suis mis au jiu-jitsu. J’ai foncé dans cette discipline et grâce aux compétences que j’avais déjà acquises en judo et à mes nombreux entraînements, tous les jours, plusieurs fois par jour, j’ai rattrapé le retard. J’ai immédiatement participé à des compétitions dont la particularité est que l’on combat dans des catégories de poids et d’âges. Quand on fait des arts martiaux, on cherche l’efficacité, on se demande si ce qu’on fait fonctionne en situation réelle et, justement, dans le jiu-jitsu brésilien, on est dans cette réalité. De plus, dans les sports de percussions, on est obligé de contrôler nos mouvements à l’entraînement et faire attention au partenaire pour ne pas le blesser et ce n’est que pendant les combats professionnels qu’on peut exploiter notre potentiel. Or en jiu-jitsu brésilien, il n’y a pas de coups, on amène l’adversaire dans des positions de clés où il a le choix d’abandonner le combat, on peut donc aller à fond. C’est aussi un sport qui permet de préserver notre intégrité physique et de s’entraîner longtemps.
Comment avez-vous évolué dans cette discipline ?
J’ai été cinq fois champion de France et trois fois vice-champion d’Europe. En 2018-2019, j’ai été entraîneur de l’équipe de France de jiu-jitsu brésilien. Quand on est passionné par une discipline, on se met à fond dedans. J’ai voyagé au Brésil, j’ai lu des livres, j’ai étudié ce sport… Toute ma vie tournait autour de ça. Comme toutes sciences, on va prendre toutes les sources à disposition, comme les livres, les vidéos, la philosophie… D’ailleurs dans mon livre, il y a une citation qui dit : « on ne rattrape pas le temps perdu, on prend de l’avance ». La compétition m’a aussi aidé, quand j’étais ceinture blanche et que ma technique fonctionnait lors d’un combat, je prenais confiance en moi et le doute partait.
 

 
Comment avez-vous vécu votre rôle d’entraîneur ?
La transition joueur-entraîneur s’est faite naturellement car je donne des cours depuis huit ans. Plusieurs de mes élèves ont performé lors de championnats de France et d’Europe. Cela a tapé dans l’œil des présidents de la Fédération et comme ils connaissent en plus mon parcours, ils m’ont proposé d’entraîner. L’expérience était agréable parce qu’on était avec des sportifs de haut niveau, qui connaissent la discipline. Avec eux, on peut aller sur les détails, on va travailler la technique, le mental, la stratégie, contrairement aux débutants, avec qui on va rester sur les bases. C’était une expérience à vivre, j’ai pu voir la chose de l’intérieur et j’ai pris beaucoup de plaisir, mais si on me proposait d’être à nouveau dans ce rôle, je n’accepterais pas. Je pense que dans mon parcours je dois prendre des expériences comme celle-ci, mais ensuite une fois que c’est fait, j’ai envie d’en faire de nouvelles, d’avoir de nouveaux challenges.
Quelles les expériences vous attirent ?
Une de mes nouvelles expériences fut mon le livre. C’était assez excitant parce que c’était le premier dans la discipline en France. En trois jours, il a été numéro un sur Amazon. Au-delà du jiu-jitsu, c’est un livre de développement personnel, chaque personne peut faire un parallèle avec sa vie et son activité. Ensuite, mon challenge actuel est de faire découvrir ma discipline au plus grand nombre, j’ai donc un site, avec un programme en ligne. J’avais commencé avec une chaîne YouTube en décembre 2008. Au début, c’était juste pour mettre mes combats et les regarder, les analyser, puis j’ai commencé à poster des techniques que j’expliquais et j’ai continué. Aujourd’hui, j’ai 400 vidéos, plusieurs millions de vues sur mes vidéos cumulées et ma chaîne va passer la barre des 10 000 abonnés. Maintenant, je cherche à professionnaliser la chose à travers mon site. Pour y accéder, les personnes doivent s’inscrire sur ma chaîne YouTube et à partir de là, ils reçoivent le lien.
 

 
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire un livre ?
Je voulais que mon livre aide le pratiquant de jiu-jitsu brésilien à progresser plus vite, que lorsqu’il prend le bouquin, il ait une vision claire. C’est comme lorsqu’on regarde une vitre à travers la buée et que lorsqu’on l’enlève, tout devient clair. J’ai écrit mon livre en deux mois et un mois plus tard il était sorti. Je me suis fixé comme objectif d’écrire 1 000 mots tous les matins, car je suis parti du principe qu’une page, c’est environ 250 mots et donc si j’écrivais 1 000 mots, je faisais quatre pages. Je n’ai pas été aidé dans l’écriture pure du livre, ce sont mes mots, mais j’ai fait appel à une correctrice littéraire pour corriger mes fautes et voir s’il y avait des incohérences. J’ai été soutenu par mes élèves, le comité du ji-jitsu brésilien et par ma famille. Pour le titre, j’ai choisi « Jiu-Jitsu, la force tranquille », car c’est un mixe entre le message dans le livre et le reflet de ma personnalité. Au-delà de voir mon parcours, les pratiquants comme les non-pratiquants peuvent s’en servir comme une histoire, pour passer des obstacles. Tout au long du livre, on a un état d’esprit. J’ai réussi mon pari à 2 000 % , sur Amazon, j’ai eu 125 commentaires, quasiment 5/5 en terme d’étoiles, c’était vraiment touchant.
« On ne naît pas champion, on le devient ! », que signifie cette phrase pour vous ?
Le réel champion n’est pas celui qui gagne la médaille d’or, même si au début je ne pensais pas ça. En fin de compte le vrai champion, c’est celui qui se met un objectif quel qu’il soit, dans le jiu-jitsu ou dans la vie de tous les jours, et qui chaque matin se lève et fait un pas en direction de cet objectif. C’est celui qui n’abandonne pas, qui continue et qui avance. Je m’inspire de plein de personnes qui réussissent dans le sport ou dans la vie, mais aussi de mangas comme « Dragon Ball Z » ou « Olive et Tom ». Ce sont des fictions pour enfants, mais elles sont tirées de l’état d’esprit qu’avaient les samouraïs dans le temps. Si je devais choisir une personne, celle qui se rapproche le plus de ce que je fais, ce serait Mohamed Ali, si je voulais dupliquer quelqu’un ce serait lui. En plus d’avoir un impact fort dans son sport, il a eu un impact dans la vie, au niveau de la société, de l’égalité entre tous.

Propos recueillis par Jade Delattre-Buisset
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