Consultant sur SFR Sport, Samyr Hamoudi commentera samedi soir le choc des titans entre Anthony Joshua et Joseph Parker. Un combat qui s’annonce tout simplement exceptionnel…
Samir, on imagine qu’à un peu plus de 24 heures du combat, la pression doit monter !
Peut-être pour les combattants mais pas pour nous (rires) ! Plus sérieusement, c’est clair que ce sera le combat de l’année 2018. Tout le monde l’attend avec impatience. Déjà parce qu’on a tous envie de voir Joshua sur un ring mais également parce que Parker est loin d’être un simple faire-valoir.
Joshua est favori aux yeux de tous les observateurs. Parker peut-il créer la surprise ?
Oui, déjà pour la raison très simple que c’est la catégorie des poids-lourds. Il suffit d’un coup pour envoyer un adversaire au tapis, tout est possible. Et puis Parker est loin d’être un rigolo, il a déjà montré de très belles choses.
Dans quel état d’esprit se trouve Joshua ?
Il est très confiant. Je l’ai rencontré la semaine dernière, il a clairement passé un cap à tous les niveaux, que ce soit physiquement et mentalement. Cela fait un peu plus d’un an que je le côtoie, que je vois comment il fonctionne. C’est devenu un champion extraordinaire, un champion 3.0. Même en dehors du côté sportif, c’est un garçon qui a compris tous les codes du sport moderne. Quand il rentre dans une salle, et même s’il y a cinquante personnes, il ira serrer la main ou aura un mot pour ces cinquante personnes. Klitschko faisait également ça, c’est vraiment un gentleman.
Bien loin du trashtalking que l’on a parfois l’habitude de voir lors de certains combats…
C’est son caractère. Se la raconter ou chambrer son adversaire, ce n’est pas son style, même s’il en est capable. Mon interprétation à l’issue des différents reportages que l’on a fait sur lui, c’est que Joshua se dit que si c’est un trashtalkeur, les gens ne l’aimeront qu’un temps. Le grand chambreur, le bad boy, ça ne dure pas. Quand tu commences à perdre, les gens t’oublient un peu. Avec un comportement de gentleman à la Klitschko, tu rentres dans le cœur des gens, tu t’inscris dans la durée.
Justement, dans un tel combat, quelle importance doit-on donner à l’aspect mental ?
Il est essentiel. C’est d’ailleurs un peu paradoxal mais c’est beaucoup plus important pour Parker que pour Joshua qui est dans la peau du favori et qui a un petit ascendant psychologique. Mais à l’inverse, Parker a un statut de vrai challenger, il n’a rien à perdre. Physiquement, il sait qu’il ne sera jamais à la hauteur de Joshua. Il n’y a que le mental qui lui permettra de le faire.
C’est un combat qui pourrait rester dans l’histoire de la boxe ?
Je l’espère ! Le problème, c’est que Klitschko et Joshua ont proposé une telle montagne qu’il sera difficile d’en faire autant. En tout cas, je pense que la seule raison qui pourrait faire que ce combat rentre définitivement dans l’histoire, ce serait en cas de victoire de Parker. Si Joshua gagne, on dira que c’est une victoire de plus. Si c’est Parker, ce serait quelque chose de retentissant.
D’un point de vue tout à fait personnel, que ressent-on lorsque s’apprête à couvrir un tel événement ?
C’est une question que l’on m’a déjà posé plusieurs fois. J’avais déjà assisté à de grands combats de boxe auparavant, à des grands rendez-vous en athlétisme, aux finales NBA et même au Superbowl. J’ai fait de gros événements mais franchement, un combat de boxe de la magnitude de celui entre Joshua et Klitschko, en terme d’intensité pure, je pense qu’il n’y a rien au-dessus. Dans l’imaginaire des gens, il y a cette magie de l’homme le plus fort du monde. Exactement comme avec le 100 mètres en athlétisme. Surtout que cette magie s’était un peu perdue ces dernières années. Joshua est en train de redonner un côté un peu glamour à la catégorie.
Par Bérenger Tournier