Sébastien Gayet est enseignant d’EPS au sein de l’Université d’Artois et membre de la commission mixte nationale de la Fédération Française de Lutte. Spécialisé en judo et en lutte, il évoque la dynamique de la lutte dans le monde universitaire. Pour lui, la discipline a tout à gagner à se développer au sein des universités.
En quoi la lutte est-elle susceptible de plaire aux étudiants ?
La première raison est très simple : aucun matériel n’est nécessaire pour pratiquer la lutte. Pas de tenue et donc pas de frais pour les étudiants. On peut commencer avec un survêtement, un t-shirt et un short. C’est donc une discipline très facile d’accès. Les bases de la pratique de la lutte sont également assez simples à apprendre.
Concernant les étudiants en STAPS par exemple, ils doivent bénéficier d’une formation dans un sport de combat. Or, la lutte est le sport de combat le plus simple à enseigner. La lutte est également le sport de combat le plus enseigné au collège, on retrouve donc une certaine continuité. Cela peut surprendre, car la lutte dispose d’une petite fédération à côté du judo. Mais c’est vraiment la simplicité de la lutte qui fait son succès.
Les passerelles entre les universités et les clubs existent-elles ?
Tout à fait, et j’irai même plus loin ; les passerelles entre la FFSU et la Fédération Française de Lutte existent également. Un étudiant qui valide un diplôme universitaire a une équivalence dans le monde fédéral. C’est une passerelle très intéressante pour les jeunes qui découvrent la lutte en universitaire et qui souhaitent approfondir leur pratique dans le monde fédéral.
Concernant les clubs, il faut savoir que moins de 50% des lutteurs universitaires pratiquent en club. C’est l’une des forces de la discipline à l’université, elle parvient à faire découvrir un sport de combat à des jeunes, puis à les orienter vers un club s’ils souhaitent continuer.
Au sein de votre université, sur quelle dynamique la discipline surfe-t-elle ?
De mon côté, j’ai été formé au judo à l’origine, mais j’ai voulu découvrir une autre discipline, la lutte. Je suis donc entré dans le monde fédéral pour passer un Brevet d’État. Localement, sur l’université d’Artois, je peux donc enseigner à la fois le judo et la lutte. Cela nous permet d’ailleurs de créer des liens entre les deux disciplines : les judokas peuvent découvrir la lutte, et inversement.
Qu’est-il possible d’améliorer pour dynamiser la lutte universitaire ?
Le vrai manque concerne le nombre de professeurs d’EPS qui s’investissent dans la discipline. J’ai ainsi proposé à la FFSU de faire une formation à destination des professeurs d’EPS du secondaire et du supérieur. Le but de cette formation serait de donner les outils aux enseignants afin de continuer de développer la pratique de la lutte dans les STAPS et les SUAPS.
Le problème concerne aussi les infrastructures. La lutte reste une discipline olympique avec un nombre de licenciés modeste. Pouvoir compter sur les infrastructures locales est donc compliqué. Il faut que les professeurs d’EPS se mettent en relation avec les clubs pour trouver des créneaux de pratique. Ce sont deux mondes qui doivent se côtoyer.
L’université a-t-elle un un rôle à jouer concernant la progression de la lutte en vue de Paris 2024 ?
Un énorme rôle ! Nous avons des judokas qui sont très fort dans le domaine universitaire. Or, ils sont nombreux à ne pas être en mesure de disputer les Jeux olympiques dans cette discipline, car la sélection est extrêmement relevée. On peut donc imaginer des judokas passer à la lutte afin de pouvoir disputer ces JO. Cela est notamment arrivé lors des championnats du monde de lutte en France il y a un an. Dans d’autres pays, il n’y a pas de conflit entre les disciplines. En France, je pense que l’on peut surmonter cela.