Sébastien Piocelle : « Sarri m’a recruté à Vérone »

Après une carrière riche et auréolée de deux titres en Coupe de France, Sébastien Piocelle a démarré il y a quelques mois sa nouvelle vie, celle d’entraîneur. Pour SPORTMAG, l’ancien joueur de Nantes, Bastia ou encore du Nîmes Olympique, a accepté de revenir sur son parcours, sa vision du football ou encore du métier d’entraîneur. Ce jeudi, retrouvez la deuxième partie de cet entretien, consacrée cette fois-ci au coaching…

 

Sébastien, tout au long de votre carrière de joueur, quels entraîneurs vous ont le plus marqué ?

Forcément, je vais être un peu banal et choisir des entraîneurs que j’ai eus, et notamment à Nantes. Je pense évidemment à Raynald Denoueix ou encore à Jean-Claude Suaudeau, même si je ne l’ai pas beaucoup côtoyé car je ne l’ai eu qu’à mes débuts. Ces deux entraîneurs, c’est la même école, même s’ils ont des caractères différents. Reynald, c’était le summum pour moi, c’est lui qui m’a repéré quand j’étais à Clairefontaine et qui m’a fait venir à Nantes, avant de me lancer en Ligue 1. Je ne l’oublierai jamais. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu continuer avec lui plus longtemps. C’est quelqu’un qui sentait le football, qui était avant-gardiste. Je n’ai jamais été un joueur de dribbles, mais plutôt de déplacements et de passes. C’est exactement ce que Reynald recherchait dans le jeu. Je pense également à Gian Piero Gasperini, qui est maintenant à l’Atalanta. C’est un grand fan de tactique, et notamment du 3-4-3. Je retiens beaucoup de choses de mes coachs, même de ceux qui m’ont peut-être moins fait jouer. Humainement, j’ai beaucoup appris de mecs comme Fred Antonetti. Le métier d’entraîneur, c’est beaucoup de management, il faut savoir gérer son groupe, son staff. De ce que je vois, un coach comme Ancelotti, c’est le summum car il réunit toutes les caractéristiques du grand entraîneur. Un coach doit être entraînant, dynamique, il doit réussir à faire passer ses idées. Si on a des idées et que l’on a du mal à les faire passer, c’est très compliqué.

C’est justement ce que certains reprochent actuellement à Marcelo Bielsa. Qu’en pensez-vous ?

Déjà, il faut reconnaître à Bielsa l’incroyable passion qu’il a pour son métier et pour le football en général. C’est un entraîneur qui est toujours à la recherche de la perfection, il est obnubilé par le football. Mais aujourd’hui, le management, c’est plus de 50% du travail d’un coach, voire plus. Dans le management, je pense notamment à la confiance, qui a un rôle essentiel. Au-delà des idées de jeu qui sont propres à chacun, un bon entraîneur doit mettre dans les meilleures dispositions possibles les joueurs qu’il a justement à sa disposition. Il faut que les joueurs se sentent bien et qu’ils aient confiance en leur jeu, en ce qu’ils font sur la pelouse. Là-dessus, j’ai un petit doute sur ce que je vois aujourd’hui à Lille. Je n’ai malheureusement pas l’impression de voir des joueurs en confiance. Mais si des coachs comme Guardiola, Simeone ou encore Pochettino disent que Bielsa est un exemple, c’est qu’il y a des raisons. Je ne remets pas du tout en cause ses principes de jeu, mais c’est clair que le management est un aspect très important. Et en ce moment à Lille, je ne ressens pas forcément une grande confiance.

Pourtant, à l’Olympique de Marseille, ses principes de jeu ont été très bien compris…

Entre les Mandanda, Gignac, Payet et les autres, Bielsa pouvait compter sur des joueurs expérimentés. C’est justement là-dessus qu’il y a une réflexion à avoir. On ne peut pas demander les mêmes choses à un groupe composé de trentenaires, et donc d’expérience, et à un groupe où il n’y a quasiment que des jeunes. On entend souvent que les joueurs français ne travaillent pas assez, mais la formation à la française est mondialement reconnue. Nous avons énormément de joueurs français dans les plus grands championnats, ce n’est pas un hasard.

Un clivage existe également entre les entraîneurs français et étrangers…

Chaque club fait comme il veut et adopte la stratégie qu’il souhaite, mais c’est vrai que j’ai du mal à comprendre que nous ne laissions pas plus leur chance à des entraîneurs français en Ligue 1.

Et notamment des entraîneurs amateurs…

C’est vrai, mais l’expérience compte également beaucoup. Pour entraîner au haut-niveau, il faut avoir une carrière solide derrière soi.

Sarri a pourtant réussi à Naples…

Sarri, je l’ai eu en entraîneur quand je suis arrivé à l’Hellas Vérone. C’est même lui qui m’a recruté. Il est resté cinq matchs avant de se faire virer. Comme Bielsa, c’est un entraîneur qui ne vit que pour le football, qui a une rigueur incroyable sur son système de jeu, sur les coups de pied arrêtés, etc. Quand je vois ce que fait Naples, c’est exactement ce que Sarri attendait de nous en 2007-2008. La différence, c’est qu’à Naples, il a les grands joueurs qu’il n’avait pas à Vérone.

Sébastien Piocelle sur un banc de Ligue 1, c’est pour bientôt ?

Ce sont les résultats qui font que l’on peut avoir des opportunités au plus haut-niveau. À moyen terme, ce n’est pas encore d’actualité mais j’espère grimper les échelons. Je vais continuer à travailler et on verra par la suite !

Propos recueillis par Bérenger Tournier

 

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