Sekou Doumbouya, majeur avant l’heure

Sekou Doumbouya est l’un des basketteurs français les plus prometteurs de sa génération. Champion d’Europe avec l’équipe de France U18, l’ailier de 17 ans va jouer cette année au Limoges CSP avant de s’envoler, si tout se passe bien, vers les États-Unis et la NBA.

 
Sur sa fiche de joueur à la Ligue nationale de basket il est indiqué, à tort, qu’il a 18 ans. En effet, Sekou Doumbouya ne les aura que le 23 décembre prochain. Comme Théo Maledon (ASVEL) ou Killian Hayes (Cholet), le jeune basketteur français fait partie de ces petits prodiges qui, même pas majeurs, ont déjà un rôle important dans leur club. L’ailier de 2,05 m, long et athlétique, est l’une des plus grosses promesses du Limoges CSP et du basket tricolore. Débarqué en Haute-Vienne cet été en provenance de Poitiers où il a passé deux saisons en couveuse (PRO B), il arrive avec les dents longues et la volonté de totalement s’émanciper. Avant de rejoindre, cela fait peu de doutes, la prestigieuse NBA dès la saison prochaine.

« J’ai toujours été assez précoce »

Né le 23 septembre 2000 à Conakry (Guinée), Sekou Doumbouya arrive en France durant son enfance. « Je n’avais même pas un an, je suis venu avec ma mère », se souvient celui qui était footeux lors de ses premières années dans le Centre-Val de Loire. « Je me suis fait repérer par Benoist Burguet (son ancien coach au CJF Fleury-les-Aubrais, où il a commencé, NDLR), qui m’a initié au basket et a été le premier à déceler quelque chose chez moi. » Tout s’enchaîne très rapidement pour lui ensuite : deux années à l’INSEP où il devient, en octobre 2015, le premier joueur né en 2000 à fouler le parquet d’une des trois divisions françaises professionnelles, avant de signer en août 2016 pour le club de Poitiers. À 15 ans, le franco-guinéen découvre le basket professionnel, lui qui s’estimait « prêt à découvrir le monde pro, que ce soit en PRO A ou en PRO B. » Sa précocité et son talent sortent immédiatement du lot, ce qui attire les yeux de recruteurs du plus haut échelon du basket français. Plus particulièrement ceux de Duško Vujošević, coach du Limoges CSP à l’époque et aujourd’hui sélectionneur bosnien. « J’ai toujours été assez précoce. Depuis que j’ai commencé à jouer au basket, on m’en parlait », raconte-t-il. « Moi, je ne m’en rendais pas vraiment compte étant petit. Je jouais au basket quoi, j’étais là pour m’éclater. Je ne me projetais pas trop. » Signe de sa progression, il intègre la Jeep® Élite le 26 juin dernier et rejoint Limoges, demi-finaliste du dernier Championnat. Mais ses débuts sous le maillot limougeaud sont compliqués, à l’image du début de saison de son équipe, actuellement classée quinzième (4 victoires, 6 défaites). « À mon arrivée, je cherchais à me rassurer, mais maintenant ça va mieux. » Et le petit prodige accepte désormais la pression qui pèse sur ses épaules, lui qui est dans le radar de plusieurs scouts NBA.

La NBA lui fait déjà les yeux doux…

Avant un match important contre Cholet, trois représentants des Chicago Bulls, dont le manager général de la célèbre franchise NBA, avaient ainsi fait le déplacement pour lui. Un peu plus tôt, ce sont les Boston Celtics, les New Orleans Pelicans ou encore les Los Angeles Clippers qui ont fait le voyage pour celui qui est naturalisé Français depuis novembre 2016. Selon les experts de la plus grande ligue mondiale, Sekou Doumbouya possède tout le potentiel pour être dans le Top 10, voire le Top 5 de la prochaine Draft, le point d’entrée principal pour la majorité des joueurs évoluant en NBA. Du jamais vu pour un joueur français. Si, sur une photo illustrant son profil Twitter, on peut le voir admiratif devant le meneur de Portland Damian Lillard, son joueur préféré c’est bien Michael Jordan. Mais ce fan des Bulls de Chicago ne se met pas de pression particulière, et veut y aller « step by step » : « Par rapport à la NBA, je ne sais pas, lance-t-il. Déjà, je me concentre sur cette saison avec Limoges. Et, quand la fin de saison arrivera, je pourrai vraiment être sûr de moi et prendre une décision. J’ai une affection particulière pour Chicago, pour ce que Michael Jordan a fait là-bas. Après, toutes les équipes NBA sont attirantes. » Le numéro 45 du Limoges CSP voudra déjà démontrer tout son potentiel en championnat et en Eurocup, compétition européenne à laquelle Limoges participe cette saison. Avant d’envisager de traverser l’Atlantique l’été prochain pour peut-être rentrer, à 18 ans seulement, dans le livre d’histoire du basket français comme le plus haut drafté.

… tout comme l’équipe de France

Déjà perçu comme un futur très grand ailier, Sekou Doumbouya sait pour autant qu’il a encore quelques domaines qui lui font défaut. « Mon objectif n’est pas de prouver, mais plutôt de grandir dans tous les domaines : physiquement, baskettement parlant, j’en ai besoin, analyse le Limougeaud de 17 ans. Je dois acquérir de la constance, m’améliorer sur mon tir et mon dribble. » Une fois ces points faibles comblés, le champion d’Europe avec l’équipe de France des moins de 18 ans en 2016 (il a été troisième meilleur marqueur de la compétition avec 17,8 points de moyenne et présent dans le cinq majeur, NDLR) sait que sa route est toute tracée vers l’équipe de France A, la vraie. « Je me suis fixé comme objectif de faire encore un championnat d’Europe ou un championnat du monde avec les U20, et de remporter une médaille d’or. Mais, pour les A, je n’ai pas d’objectif de temps, j’attends. » S’il se montre patient avant de franchir ce nouveau palier, l’ailier de Limoges ne manque pas de rêver grand. « Pour les Bleus, j’ai une grosse ambition : les JO, les championnats du monde, tout ce qu’il est possible d’atteindre. Je veux devenir un cadre de cette équipe dans le futur, je pense que c’est l’objectif de chaque joueur ». Il pourrait d’ailleurs retrouver dans quelques mois Frank Ntilikina, actuellement meneur aux Knicks de New York et avec qui il a remporté la médaille d’or à l’Euro U18. « Il y a Frank c’est vrai, mais pas que », rétorque-t-il. « Je pense que dans la génération 98, il y a d’autres très bons joueurs : Tchouaffé, Mokoka, Diawara, Ndoye… Plein de joueurs ont le potentiel pour faire partie des A. » Et, avec la retraite récente de Boris Diaw, peut-être y a-t-il une place à se faire au poste 4 ? « Peut-être, après c’est au coach de voir. C’est lui qui choisit les joueurs qu’il veut et où il veut les mettre. Donc on verra. Moi je suis plus ailier, poste 3, c’est là que je suis le plus à l’aise en tout cas. » En vue des derniers matches de qualification à la Coupe du monde 2019, Doumbouya a d’ailleurs été convoqué par le sélectionneur des Bleus, Vincent Collet, en tant que « partenaire d’entraînement ». Signe que l’équipe de France A n’est, déjà, plus très loin.

Paris 2024 dans le viseur

Accompagné de son grand pote Frank Ntilikina, Sekou Doumbouya a de grandes chances de faire partie des joueurs qui représenteront la France lors des Jeux olympiques de Paris 2024. « Ce serait clairement une fierté d’y participer. Déjà, ça se passe en France, donc pouvoir y prendre part ce serait quelque chose de grand pour moi, pour ma famille », assure avec émotion l’ailier de Limoges. Le franco-guinéen a coché l’événement sur son calendrier de carrière, qui s’annonce prometteuse. « Je vais tout faire pour participer à ces Jeux olympiques. Un pourcentage de chance d’y être ? Pour l’instant c’est encore un peu loin, je préfère ne pas trop m’avancer là-dessus. Mais je pense que, si je continue sur ce chemin-là, il n’y a pas de raison que je n’y sois pas. J’ai toutes mes chances. »

La bio express de Sekou Doumbouya :
Par Romain Daveau
Quitter la version mobile